jeudi 16 février 2012

PRESIDENTIELLE FRANÇAISE: l’Afrique doit-elle toujours rêver ?

La campagne présidentielle en France connaîtra, dans les jours à venir, une ambiance beaucoup plus mouvementée avec la déclaration officielle de candidature de Nicolas Sarkozy, président sortant. Le chef de l’Etat français et son équipe de campagne iront à la conquête de l’électorat français sans doute sur les chapeaux de roue.

L’Union pour un mouvement populaire (UMP) a, en effet, un retard non négligeable à rattraper sur son concurrent principal à la présente présidentielle, le Parti socialiste (PS), si l’on se fie aux estimations des intentions de vote. Le candidat de l’UMP est constamment dépassé par celui du PS aussi bien dans les sondages que sur le nombre de visites sur leurs pages Facebook. Rien n’est cependant ni gagné d’office ni perdu d’avance, les différents candidats ayant jusqu’au 22 avril pour rectifier le tir. Et, comme à chaque élection présidentielle d’un pays occidental, notamment de l’Hexagone et du Pentagone, le continent africain, surtout les ex-colonies françaises, suivent de près l’évolution de ce scrutin.

Les pays du continent noir n’ont sans doute pas tort de se préoccuper de savoir qui présidera au destin d’une nation comme la France. L’ex-métropole a toujours exercé une espèce de droit tutélaire sur ses anciennes colonies, toute chose qui ne manque pas d’affecter leur fonctionnement. Les Etats d’Afrique francophone ont, par conséquent, en fonction des attentes de chacun, des choix préférentiels parmi les 16 candidats déclarés. Des préférences qui varient selon que l’on se situe au niveau des populations ou des gouvernants. Bien des têtes couronnées africaines préféreront certainement la continuité avec Nicolas Sarkozy au risque probable de changements avec François Hollande.

Les populations africaines, par contre, aimeraient sans doute expérimenter une toute autre aventure avec les socialistes, voire les nationalistes du Front national (FN). Car, à leur décharge, la rupture promise par le vainqueur de l’élection de 2007 se fait désespérément toujours attendre. La Françafrique et ses pratiques souterraines ont encore pignon sur rue, quand bien même certaines décisions courageuses sont à saluer. Hormis les interventions françaises en Libye et en Côte d’Ivoire dont le candidat Sarkozy a été l’un des initiateurs et précurseurs, le reste du bilan de celui-ci n’aura été profitable au final qu’à ses seuls pairs.

Le non-règlement de l’injustice sur la valeur de la pension des anciens combattants noirs et blancs et les sorties incongrues du président français sur l’histoire de l’Afrique, ainsi que celle de son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, sur une prétendue inégalité entre les civilisations, sont entre autres, les taches qui assombrissent le tableau de l’UMP. Les mouvements de protestations qui se multiplient sur le continent africain traduisent cependant la soif des générations montantes de voir les choses se passer autrement désormais. Mais de là à croire béatement qu’un simple changement de régime et de système de gouvernance en Occident suffirait à opérer cette rupture, il y a quand même un traquenard dans lequel il faut savoir éviter de tomber. Il n’y a point de meilleur candidat pour l’Afrique à la course à l’Elysée.

Barack Obama dont la couleur et l’origine africaines avaient fait rêver beaucoup d’Africains, a fait déchanter ces derniers qui se sont vite rendu compte que l’arrivée d’un Noir à la Maison Blanche ne constitue pas forcément pour ses frères de couleur une Green Card pour les USA. Nicolas Sarkozy, descendant hongrois, a prouvé au reste du monde qu’il est avant tout le président d’un seul pays. Elu par les Français, un président, quels que soient son origine, son bord politique ou ses valeurs républicaines, défendra avant tout les intérêts de la France.

Le moment est donc venu pour les Africains de rompre avec le penchant infantiliste qui consiste à lier systématiquement leur sort à la nature des pouvoirs occidentaux. L’Afrique ferait plutôt mieux de se réveiller de sa somnolence, de mettre fin à son rêve de voir un messie sortir des urnes occidentales pour tracer à sa place les grands sillons de son développement. Le berceau de l’humanité ne pourra rattraper son retard sur les autres continents s’il continue de croiser les bras et d’attendre que son salut vienne d’eux. Il doit oser prendre son propre destin en main en inversant les tendances. Au lieu d’attendre qu’un candidat acquis à leur cause soit porté à la tête d’une puissance mondiale pour bénéficier de sa magnanimité, les pays africains doivent faire en sorte de forcer le respect et la considération de tout régime d’où qu’il vienne.

Qu’il soit issu de la droite, du centre, de la gauche, du camp des écolos ou de toute autre tendance, le regard que portera le prochain gouvernement français sur les Etats africains francophones, ne sera que le reflet de l’image que ces derniers donneront d’eux-mêmes. S’ils se montrent responsables, audacieux et dignes comme leurs frères anglophones, ils seront, à coup sûr, traités avec dignité et respect par n’importe quel Français.



« Le Pays »

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