lundi 12 décembre 2011

Des militants d'Al Qaïda s'évadent d'une prison au Yémen

Au moins 14 prisonniers, dont des membres d'Al Qaïda, se sont évadés lundi d'une prison de la ville d'Aden, dans le sud du Yémen, a-t-on appris auprès de sources sécuritaires yéménites.

Selon ce responsable de la sécurité dans le sud du pays, les détenus ont réussi à s'évader en creusant un tunnel.

En juin, des dizaines de militants du réseau islamiste s'étaient évadés d'une prison de Mukalla, ville côtière de la province d'Hadramout (sud-est).
Les dix mois de manifestations contre le régime du président Ali Abdallah Saleh ont renforcé les positions des islamistes dans le sud du pays.
Mohammed Mukhashaf, Marine Pennetier pour le service français

« L’Afrique doit adopter un système efficace de mobilisation des fonds verts »

Directeur du développement économique et du Nepad à la Commission économique pour l’Afrique (CEA), basée à Addis-Abeba, Dr Emmanuel Nnadozie analyse, avec Les Afriques, les enjeux réels de la promotion des énergies vertes sur le continent en insistant sur la mobilisation des ressources intérieures.

Emmanuel Nnadozi : « Il nous faut donc mettre en place un système efficace de mobilisation de ces fonds verts. »

Les Afriques : Docteur Nnadozie, quelles sont les réelles motivations de la convocation de cette conférence de la CEA sur l’économie verte en Afrique ?

Emmanuel Nnadozi : Vous savez, cette conférence sur l’économie verte et les transformations structurelles en Afrique sont une première et les remarques du premier ministre Ethiopien Meles Zenawi sont pertinentes, surtout en ce qui concerne le travail qu’on doit engager avec les autres institutions panafricaines de développement. Et puis les choses n’ont pas démarré aujourd’hui. L’Afrique est naturellement dans le domaine de l’économie verte depuis longtemps. La Banque africaine de développement (BAD) a déjà financé les études conduisant à la construction du barrage d’Inga (République démocratique du Congo). C’est un grand projet qui nous permettra de produire de l’énergie hydroélectrique pour la survie de tout le continent. Nous avons identifié les limites du continent, car l’Afrique dépense pas moins de 50 milliards de dollars rien que pour importer les produits dont elle a besoin pour vivre. Alors, il nous faut penser à investir dans l’économie verte pour inverser la tendance. Mais il nous faut faire auparavant des études approfondies sur la question pour mieux l’aborder, en essayant de trouver un paradigme africain pour ne pas forcément s’inspirer des modèles européen, asiatique ou sud-américain. C’est tout le sens de la réflexion entamée par l’agence du NEPAD qui a déjà décliné les conditions nécessaires à la promotion de l’économie verte, à savoir la paix et la sécurité, la bonne gouvernance et la mobilisation des ressources sur le plan agricole.

« Nous sommes convaincus que l’économie verte n’est point un luxe pour l’Afrique, mais bien une nécessité. »



LA : Est-ce que vous pensez réellement au financement d’un véritable « Plan vert » pour l’Afrique ?

EN : Je suis de ceux qui pensent qu’on doit d’abord compter sur nos propres ressources, d’autant plus que nos pays vont vers une transformation structurelle. Pour cela, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) est convaincue qu’il faut faire accompagner ces transformations par les énergies vertes, surtout si on veut réellement faire face au processus irréversible des changements climatiques. L’Afrique dispose d’un potentiel de 400 milliards de dollars de ressources intérieures propres pour investir dans l’économie verte, sans compter qu’on a évalué à 40 milliards de dollars les ressources annuelles que la diaspora du continent doit pouvoir mobiliser. Nous sommes donc conscients qu’il faut compter en priorité sur nous-mêmes (en améliorant les systèmes fiscaux) avant de solliciter les bailleurs de fonds traditionnels. Et puis, investir dans la promotion des énergies fossiles produit une plus grande quantité de gaz à effet de serre. Le leader éthiopien Meles Zenawi nous a bien rappelé qu’il y a plusieurs fonds et épargnes à travers le monde pour la promotion des énergies vertes. Il nous faut donc mettre en place un système efficace de mobilisation de ces « fonds verts ». Comment attirer ces énormes ressources vers l’Afrique. C’est la question de fond à laquelle nous devons répondre. Les pays d’Afrique de l’Est comme le Kenya, la Tanzanie et l’Ethiopie sont très en avance sur les questions d’économie verte, avec des projets novateurs sur le solaire et l’éolien, mais il semble qu’une réflexion s’impose afin que les Africains adoptent une position commune sur la question. Je peux d’ores et déjà vous dire que le centre climatique africain, basé à Addis-Abeba, va aider les pays africains à élaborer des stratégies adéquates pour que le continent puisse relever les défis de l’économie verte. Parce que nous sommes convaincus que l’économie verte n’est point un luxe pour l’Afrique, mais bien une nécessité.

LA : Aujourd’hui, quel est l’agenda retenu par l’Afrique pour promouvoir davantage les énergies alternatives ?

EN : En fait, chaque pays doit élaborer sa propre stratégie. Les préparatifs de la conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20), prévue en juin 2012 au Brésil, vont nous aider à réaliser cet objectif au profit des 53 pays africains actuels et du Soudan du Sud, que nous attendons avec plaisir, puisqu’il vient de prendre part activement à la conférence de la CEA sur l’économie verte dans le continent.

Nous pensons aussi qu’il faut lier ce sujet à la toute prochaine conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 17), prévue en décembre prochain sur le sol africain, à Durban (Afrique du Sud).

Une synergie entre ces différents rendez-vous s’impose pour un meilleur rayonnement du continent. L’agenda du continent prévoit aussi d’identifier et de démultiplier les « success stories » africaines en matière d’économie verte, d’autant plus que nous avons constaté que sur un volet aussi central que l’énergie solaire, le continent a des avantages comparatifs insoupçonnés par rapport aux autres régions du monde, au vu de nos énormes potentialités en matière de soleil, de vent, d’agroforesterie, de fleuves, de lacs…C’est pourquoi nous saluons le projet ambitieux de l’Ethiopie, consistant à produire, dans un proche avenir, 5000 mégawatts d’énergie électrique à partir du barrage du Nil.



Propos recueillis par Mohamed Lamine Ndiaye, Addis Abeba