mercredi 27 juin 2012

Les 10 pays les moins heureux d'Afrique:un passé démocratique exemplaire ne suffit pas à faire le bonheur des populations


Le Happy Peace Index publie un palmarès des pays des plus heureux aux plus malheureux. Une bonne dizaine de pays du continent se retrouvent dans le peloton de queue.

Botswana, Tchad, République Centrafricaine, Mali, Niger, Afrique du Sud et Togo figurent en queue de peloton, parmi les 10 pays les moins heureux du monde, selon le Happy Planer Index (HPI).

Suivent dans ce classement la Sierra Leone, la Guinée et le Burundi, juste avant la République démocratique du Congo (RDC), la Tanzanie, le Bénin et l’Ouganda.

L’Afrique du Sud, opulente mais peu heureuse

Le résultat du palmarès de HPI a choqué en Afrique du Sud, où l’on n’a pas l’habitude de se percevoir comme l’un des pays les moins bien lotis du continent.

Pourtant, la nation arc-en-ciel arrive en 142e position sur une liste de 151 pays. A titre de comparaison, l’Afrique du Sud occupe le 123e rang au classement 2011 de l’Indice de développement humain (IDH) des Nations unies, sur un total de 187 pays.

La piètre perfomance dans l’indice HPI fait d’autant plus mal aux Sud-Africains qu’elle est encore moins bonne que celle du Zimbabwe voisin (classé 115e par HPI et 173e par l’IDH).

Pourtant, la sévère crise économique et politique qui sévit depuis 1999 a poussé des millions de Zimbabwéens à se réfugier en… Afrique du Sud.

Depuis 2006, l’index HPI, mis au point le think tank britannique New Economics Foundation (NEF), mesure le bonheur “durable” partout dans le monde, en mettant l’accent sur l’écologie.

Trois facteurs jouent dans ce palmarès: l’espérance de vie, l’empreinte carbone (mesurée en nombre hectares nécessaires pour soutenir le niveau de consommation du pays), et une note “bonheur” comprise entre 1 et 10, donnée par un échantillon d’un millier d’habitants dans chaque pays.

Alors, pourquoi cette si mauvaise note de l’Afrique du Sud? L’épidémie du sida fait que l’espérance de vie n’y dépasse pas 52,8 ans, avec une note “bonheur” de 4,7 et une empreinte carbone relativement élevée de 2,6 hectares par habitant.

Zimbabwe, le boulet du sida

Les Zimbawéens font mieux, malgré une espérance de vie de 51,4 ans, elle aussi réduite par le sida, mais une note bonheur de 4,8 et une empreinte carbone de seulement 1,2 hectares.

La note “bonheur” de l’Afrique du Sud est sans doute un bon indicateur de l’insatisfaction et du pessimisme ambiant, alors que le niveau de vie des Sud-Africains s’est beaucoup amélioré ces vingt dernières années, avec l’émergence d’une classe moyenne et d’une bourgeoisie noires.

En revanche, la perception du bien-être des Zimbabwéens est sans doute biaisée par la peur de déplaire aux autorités.

Depuis la crise économique de 1999, le quotidien des Zimbabwéens a empiré, chaque année, sous le régime dictatorial de Robet Mugabe, l’un des hommes les moins populaires d’Afrique.

L’empreinte carbone du Zimbabwe, elle, est liée à une activité économique centrée sur l’agriculture, et non l’industrie comme en Afrique du Sud. Un secteur qui tourne au ralenti depuis les invasions de fermes détenues par des propriétaires blancs, à partir de 2000.

Botswana, la pauvreté malgré le diamant

L’Afrique australe se trouve décidément dans une mauvaise passe, si l’on s’en tient au classement “vert” de HPI. Le Botswana, l’un des très rares exemples de réussite africaine, se classe au tout dernier rang de cet index (151e, contre le 118e rang dans l’IDH 2011).

Pourtant, cette petite démocratie qui fonctionne sans problème depuis son indépendance en 1966, est peuplée par 1,8 million d’habitants réputés pacifiques. Des bergers dans l’âme qui comptent toujours leur patrimoine en vaches et gèrent tranquillement leur manne diamantaire.

Paradoxe étonnant: la note “bonheur” ne dépasse pas 3,6 au Botswana. Un pays où les diamants, il est vrai, n’empêchent pas le chômage (17,5% des actifs), la pauvreté (20,7% de la population) et de fortes inégalités de persister, selon le rapport 2012 de l’OCDE sur les perspectives économiques de l’Afrique.

Par ailleurs, le sida réduit sérieusement l’espérance de vie (53,2 ans), tandis que le secteur minier ne va pas sans dommages pour l’environnement.

L’énorme gisement de diamants d’Orapa, exploitée par Debswana, la joint-venture formée par De Beers (un conglomerate diamantaire sud-africain) avec l’Etat du Botswana, génère une pollution qui passe en général sous silence, mais qui est cette fois épinglée par HPI.

L’empreinte carbone du Botswana s’élève à 2,8 hectares, une anomalie compte tenu de la faible densité de peuplement de ce pays.

Tchad, Mali et Niger, le bonheur est encore loin

Le Tchad (150e), le Mali (147e) et le Niger (144e), sahéliens et notoirement pauvres, arrivent aussi en queue de peloton, de manière moins surprenante.

Ces trois pays se classent respectivement aux 183e, 175e et 186e rangs dans le rapport 2011 sur l’IDH. Quant à la République centrafricaine (RCA), largement ignorée des médias occidentaux, à cause ou en dépit de ses innombrables problèmes, elle se distingue aussi par son mauvais score (148e au classement HPI et 179e pour l’IDH).

Pour le Mali et le Bénin, dont les ressortissants ont été interrogés par les enquêteurs d’HPI en 2011, ce classement joue comme une piqûre de rappel: un passé démocratique exemplaire ne suffit pas, loin s’en faut, à faire le bonheur des populations.

Les événements dramatiques du Mali, depuis le réveil de la rébellion touarègue en janvier 2012, sont malheureusement là pour le prouver.

Source : slateafrique