mardi 22 novembre 2011

Centre illégal de rétention des migrants de Nouadhibou : La Mauritanie ouvre la course aux chiffres

Le Centre de rétention de Nouadhibou ouvert en 2006 grâce au soutien de l’Espagne est illégal, et pour rien au monde, Caritas Nouadhibou n’entend le légitimer en y mettant les pieds. L’organisation humanitaire catholique qui rapporte les échos qui lui parviennent du centre, souligne des conditions de détention pas du tout enviables






‘Les gens sont enfermés toute la journée, n’ont pas accès à la cour, ils ne sortent de leurs cellules que quand ils ont envie d’aller dans les toilettes ; il y a toujours un policier sur leur dos’, rapporte Grégoire Cheuko, secrétaire général de Caritas Nouadhibou. Ce dernier est à Dakar depuis vendredi dans le cadre d’un séminaire de formation en prélude au sommet euro-africain sur la migration et le développement. Suivant les témoignages, poursuit-il, les gens sont mal accueillis, ils sont maltraités.
Pire, ajoute sa collègue Linda Khaly Ndiaye, comptable, ‘il n’y a pas de durée de rétention exacte dans ce centre, cela dépend du nombre que veulent les autorités mauritaniennes. Il n’y a pas de refoulement individuel, si vous êtes arrêté, arrivé au centre, vous vous retrouvez avec deux autres personnes, il va falloir attendre que vous atteignez un nombre pour remplir un camion. Et si dans trois voire quatre semaines, vous n’atteignez pas ce nombre, vous restez davantage sans nourriture ni eau’.
Avec le 10e Fonds européen pour le développement (Fed 2008-2012) pour un montant de 8 millions d’euros, l’Europe entraine nos Etats africains à faire une sorte de chasse aux chiffres. ‘Le phénomène des pirogues a considérablement diminué, mais puisqu’il y a de l’argent qui arrive, il faut bien justifier cet argent. Et du coup, pour une simple bagarre entre deux étrangers, on vous attrape, on vous emmène à la police, ou que vous oubliez vos papiers à la maison, on vous conduit au centre de rétention et vous refoule dans les jours ou semaines qui suivent. Tout simplement, parce qu’il faut remplir les listes, rapporter des chiffres au bailleur qui continue à vous financer’, renchérissent nos interlocuteurs. Alors que le nombre d’arrivées sur les Îles Canaries a constamment diminué depuis le pic de plus de trente mille personnes en 2006, passant à moins de dix mille en 2008 et moins de trois mille en 2009, le nombre d’étrangers enfermés dans le centre de détention semble n’avoir réellement diminué que depuis 2010.
Les chiffres rendus publics par la Croix-rouge espagnole montrent que jusqu’à l’été 2008, le nombre de personnes détenues s’est maintenu à une moyenne de 360 personnes par mois. Des chiffres très élevés en comparaison de la chute des arrivées sur les Îles Canaries et qui semblent s’expliquer par des arrestations effectuées sur le territoire mauritanien sur de simples soupçons de tentative d’immigration ‘clandestine’. A les en croire, les gens qui sont détenus dans ce centre ne sont pas tous des personnes qui s’apprêtaient à partir pour l’Europe comme clandestins. Cela s’explique par le fait que, à un certain moment, quand les autorités mauritaniennes ont besoin de personnes pour remplir le centre, elles font des rafles par masse. En ce moment, on arrête tous les étrangers, sans distinction de gens qui travaillent à Nouadhibou depuis cinq ans, notamment des pêcheurs, des restauratrices, des candidats à l’immigration. Ces gens sont, après, renvoyés aux frontières entre le Mali et le Sénégal puis refoulés.


Abdoulaye SIDY

Cheikh Anta Diop

Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 à Thieytou, dans la région de Diourbel (Sénégal). Sa famille est d'origine artistocratique wolof. À l'âge de 23 ans, il part pour Paris afin d'étudier la physique et la chimie mais se tourne aussi vers l'histoire et les sciences sociales. Il suit en particulier les cours de Gaston Bachelard et de Frédéric Joliot-Curie[4]. Il adopte un point de vue spécifiquement africain face à la vision de certains auteurs de l'époque selon laquelle les Africains sont des peuples sans passé.
En 1951, Diop prépare sous la direction de Marcel Griaule une thèse de doctorat à l'Université de Paris, dans laquelle il affirme que l'Égypte antique était peuplée d'Africains noirs[5], et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l'Afrique de l'Ouest. Il ne parvient pas dans un premier temps à réunir un jury mais, d'après Doué Gnonsoa, sa thèse rencontre un « grand écho » sous la forme d'un livre, Nations nègres et culture, publié en 1954[6]. Il obtiendra finalement son doctorat en 1960. Il poursuit dans le même temps une spécialisation en physique nucléaire au laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France. Diop met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d'approche.
Il s'appuie sur des citations d'auteurs anciens comme Hérodote[7] et Strabon pour illustrer sa théorie selon laquelle les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d'aujourd'hui (couleur de la peau, aspect des cheveux, du nez et des lèvres). Son interprétation de données d'ordre anthropologique (comme le rôle du matriarcat) et archéologique l'amène à conclure que la culture égyptienne est une culture nègre. Sur le plan linguistique, il considère en particulier que le wolof, parlé aujourd'hui en Afrique occidentale, est phonétiquement apparenté à la langue égyptienne antique.
Lorsqu'il obtient son doctorat en 1960, il revient au Sénégal enseigner comme maître de conférences à l'université de Dakar (depuis rebaptisée université Cheikh-Anta-Diop, UCAD)[8]. Il y obtiendra en 1981 le titre de professeur. Mais dès 1966, il crée au sein de cette université de Dakar le premier laboratoire africain de datation des fossiles archéologiques au radiocarbone[9], en collaboration avec celui du Commissariat français à l'énergie atomique (CEA) de Gif-sur-Yvette. Il y effectue des tests de mélanine sur des échantillons de peau de momies égyptiennes, dont l'interprétation permettrait, selon Diop, de confirmer les récits des auteurs grecs anciens sur la mélanodermie des anciens Égyptiens[10].
Dans les années 1970, Diop participe au comité scientifique qui dirige, dans le cadre de l'UNESCO, la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Pour la rédaction de cet ouvrage, il participe en 1974 au Colloque international du Caire où il confronte les méthodes et résultats de ses recherches avec ceux des principaux spécialistes mondiaux. À la suite de ce colloque international, il lui est confié la rédaction du chapitre consacré à l'origine des anciens Égyptiens.
Le rapport final[11] du colloque mentionne l'accord des spécialistes — à l'exception de l'un d'entre eux — sur les éléments apportés par Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga au sujet de la filiation entre la culture égyptienne ancienne et les cultures africaines. Ainsi, pour le professeur Jean Vercoutter, « l'Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser ». Le professeur Leclant a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens. La communauté scientifique reste néanmoins partagée sur la nature du peuplement de l'Égypte ancienne : principalement composé de Noirs jusqu'à la perte de l'indépendance pour certains, mixte selon d'autres experts.
Par ailleurs, dès 1947, Diop s'est engagé politiquement en faveur de l'indépendance des pays africains et de la constitution d'un État fédéral en Afrique. « Jusqu'en 1960, il lutte pour l'indépendance de l'Afrique et du Sénégal et contribue à la politisation de nombreux intellectuels africains en France. Entre 1950 et 1953, il est secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain[12] et dénonce très tôt, à travers un article paru dans La Voix de l'Afrique noire, l'Union française, qui, « quel que soit l'angle sous lequel on l'envisage, apparaît comme défavorable aux intérêts des Africains ». Poursuivant la lutte sur un plan plus culturel, il participe aux différents congrès des artistes et écrivains noirs et, en 1960, il publie ce qui va devenir sa plate-forme politique : Les fondements économiques et culturels d'un futur État fédéral en Afrique noire[13]. »
Selon Doué Gnonsoa, Diop sera l'un des principaux instigateurs de la démocratisation du débat politique au Sénégal, où il animera l'opposition institutionnelle au régime de Léopold Sédar Senghor, à travers la création de partis politiques (le FNS en 1961, le RND en 1976), d'un journal d'opposition (Siggi, renommé par la suite Taxaw) et d'un syndicat de paysans. Sa confrontation, au Sénégal, avec le chantre de la négritude serait l'un des épisodes intellectuels et politiques les plus marquants de l'histoire contemporaine de l'Afrique noire[14].
Cheikh Anta Diop meurt dans son sommeil à Dakar, le 7 février 1986. Avec Théophile Obenga et Asante Kete Molefe, il est considéré comme l'un des inspirateurs du courant épistémologique de l'afrocentricité. En 1966, lors du premier Festival mondial des Arts nègres de Dakar, Diop a été distingué comme « l'auteur africain qui a exercé le plus d'influence sur le XXe siècle[15] ».
Le 8 février 2008, le ministre de la Culture du Sénégal Mame Birame Diouf inaugure un mausolée perpétuant la mémoire du chercheur à Thieytou, son village natal où il repose[16]. Ce mausolée figure sur la liste des sites et monuments classés du Sénégal[17].

Wikipedia


Les nouveaux maîtres de l’Afrique

Dans l’esprit de certains Occidentaux, le continent africain ne constitue qu’une seule et unique entité homogène, sans spécificité particulière. Peut-on avoir la même représentation du continent européen, asiatique ou américain, sans être considéré comme un inculte ? Ces derniers, dans leurs ignorances ou peut-être dans une forme de mépris, ont consacré toute leur énergie intellectuelle à avoir une vision globale de l’Afrique, enracinée dans des théories panafricanistes. Certains d’entre eux ont fini par constater, bien que tardivement, qu’il n’en était rien.
Ces théories ont été, et sont toujours aussi obscures qu’ambiguës. Car elles sont un mélange de nécessaire reconnaissance, de valeurs traditionnelles, "d’unité épidermique" mais aussi de légendes douteuses et de victimisation éternelle. Le panafricanisme a brouillé la vision que le monde devrait avoir de l’Afrique. Ces théories ont tenté de démontrer que l’Afrique est un continent uniforme et que, de ce fait, elle pouvait être appréhendée et gérée d’un seul bloc. Mais en réalité, l’Afrique est un continent hétérogène et vouloir lui calquer un dogme politique unique relève d’une erreur de jugement ethnocentrique.

Nos ex-colonisateurs doivent être conscients que leurs diplomaties jadis pertinentes sur le continent sont aujourd’hui largement dépassées et qu’une nécessaire adaptation semble désormais s’imposer. Mais peuvent-ils seulement s’engager sur des réformes de fond, au-delà des doctrines parfois romantiques qui caractérisent ce panafricanisme douteux ? Pour l’heure, ils sont toujours en Afrique et essayent tant bien que mal de préserver leurs “prés-carrés” et leurs “influences”. Malgré eux, ils font aussi face aux différentes crises qui secouent l’Afrique et dans lesquelles ils sont de fait impliqués en tant qu’acteurs. C’est le cas par exemple de la France qui symbolise à merveille cette réalité et qui voit de plus en plus son influence menacée en Afrique. Parmi ces nouveaux conquérants on peut citer, les États-Unis bien sûr, mais aussi la Chine, l’Inde, l’Allemagne, la Russie, le Brésil et bien d’autres pays engagés dans une guerre économique qui commence à faire rage sur le continent noir. Ces puissances confirmées et émergentes lorgnent et rognent sur les anciennes chasses gardées de nos ex-colonisateurs.

Nous sommes à un tournant décisif des relations entre l’Afrique et les pays dits développés, ou ceux appelés émergents. Reste à savoir si ce virage délicat sera bien abordé. L’évolution de l’après-crise post-électorale ivoirienne sera sans aucun doute révélatrice. Les élections à venir au Sénégal et en République démocratique du Congo devraient également donner des indications sérieuses sur ces relations troubles entre les pays africains et leurs anciens et nouveaux « partenaires ». Ces relations ambiguës si merveilleusement imagées par la formule de “Françafrique” ou “France-à-frique se délitent avec l’arrivée de ces nouvelles formes d’influence étrangères sur le continent. Mais, à la lumière des bouleversements que subit le continent africain et surtout en fonction d’un nouveau mode des relations internationales post-1990 et post 11 septembre 2001, les rapports traditionnels entre l’Occident et l’Afrique doivent se lire désormais et se construire sous un autre angle et avec d’autres référents moins traditionnels. A titre d’exemple, la France s’intéresse depuis peu aux stratégies d’influence, et c’est aussi peut-être pour cela que nombre d’observateurs s’imaginent voir la France “perdre” l’Afrique au profit des pays dits émergents et des Etats-unis d’Amérique. Rien n’est encore sûr. Cependant, les crises de confiance et de défiance qui éclatent entre les pays africains et la France viennent aussi en grande partie d’un besoin d’adaptation à cette nouvelle donne géopolitique et tendent à renforcer les analyses de ces observateurs politiques. La France, qui dispose d’atouts importants dans le monde en général, et en Afrique en particulier, rencontre désormais des difficultés à s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques africaines. Cette nécessaire transition passe, comme tout changement, par une période d’incertitude, d’instabilité et de troubles. Voilà peut-être pourquoi les tensions et les crises se multiplient. Voilà peut-être pourquoi aussi certains observateurs s’imaginent voir la France “perdre” l’Afrique au profit d’autres puissances, moins romantiques et peut-être plus prédatrices, avec d’autres formes de théories aussi destructrices que celles du panafricanisme issues de la colonisation et de l’esclavage et qui continuent toujours à croire aux fondements de ses propres logiques.

Par MACAIRE DAGRY
Chroniqueur Politique à Fraternité Matin

Bongo aurait financé la campagne Sarkozy en 2007

Dans un livre à paraître ce jeudi, Mike Jocktane, ancien conseiller du président défunt, passé à l'opposition au Gabon, assure que les mallettes ont circulé "avant et après l'élection de Nicolas Sarkozy".

Un proche d'Omar Bongo affirme que le défunt président gabonais a "contribué au financement de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy". Interrogée mardi, la présidence française se refuse à tout commentaire.

 
L'accusation émane de Mike Jocktane, conseiller personnel d'Omar Bongo depuis 2005 promu directeur adjoint de son cabinet en janvier 2009. Il a depuis rejoint l'opposition à Ali Bongo, qui succède à son père en août de la même année. "Omar Bongo a contribué au financement de la campagne présidentielle de 2007 du candidat Nicolas Sarkozy", affirme-t-il aux journalistes Xavier Harel et Thomas Hofnung, auteurs du livre "Le scandale des biens mal acquis" (Editions La Découverte, à paraître ce jeudi) dans un entretien réalisé en septembre.

Plus loin que les accusations de Bourgi

Il confirme ainsi les révélations de l'avocat franco-libanais et conseiller de l'ombre de présidents français pour l'Afrique Robert Bourgi, qui a affirmé en septembre avoir remis "20 millions de dollars" à l'ex-président Jacques Chirac (1995-2007) et à son Premier ministre Dominique de Villepin.

Les mallettes ont continué de circuler avant et après l'élection de Nicolas Sarkozy

Mais il va plus loin que l'avocat selon lequel "ni Omar Bongo ni aucun autre chef d'Etat africain" n'ont remis d'argent à Nicolas Sarkozy par son "intermédiaire". "Contrairement à ce que prétend Robert Bourgi (...), les mallettes ont continué de circuler avant et après l'élection de Nicolas Sarkozy", assure Mike Jocktane.

Michel de Bonnecorse, ancien conseiller pour l'Afrique de Jacques Chirac, avait déjà accusé Robert Bourgi d'avoir remis des fonds occultes à Dominique de Villepin ainsi qu'à Nicolas Sarkozy à un moment où le Premier ministre et son ministre de l'Intérieur étaient grands rivaux à droite pour l'élection de 2007.

Quand Bourgi choisit au printemps 2006 de rejoindre Nicolas Sarkozy, il ne fait "plus qu'une (mallette), plus grosse, qu'il dépose aux pieds du ministre de l'Intérieur", affirme-t-il dans le livre de Pierre Péan "La République des mallettes".

L'enquête lancée après les accusations de Robert Bourgi vient d'être classée sans suite, faute d'éléments pour prouver des faits par ailleurs prescrits. Ses déclarations avaient rompu le silence traditionnel entourant la Françafrique, réseau opaque d'influences hérité de l'époque coloniale, avec laquelle Nicolas Sarkozy avait promis de rompre.

Un système bien rôdé

Mike Jocktane, comme avant lui plusieurs hommes politiques africains et experts de la région, décrit un système bien rôdé. "Quand un homme politique français se rend au Gabon, on dit qu'il vient chercher sa mallette... Le président défunt Omar Bongo était très généreux avec les dirigeants français. (...) Une part importante de ces dons a fini dans les poches des bénéficiaires. Il y a eu beaucoup d'enrichissement personnel".

Les remises de mallettes étaient filmées. Tout était enregistré sur vidéo
"Les remises de mallettes effectuées dans le bureau du président étaient filmées par des caméras cachées. Tout était enregistré sur vidéo", ce qui, affirme-t-il, constitue "l'un des moyens de pression de Libreville sur Paris".

C'est cette relation complexe d'interdépendance qui aurait conduit la France à saluer hâtivement l'élection d'Ali Bongo alors même que la cour constitutionnelle du pays n'avait pas encore rejeté un recours de l'opposition sur des fraudes massives, selon des opposants gabonais et des experts. Dans un documentaire diffusé en décembre 2010, Michel de Bonnecorse déclarait que les premiers résultats donnaient Ali Bongo battu par son adversaire André Mba Obame.

Robert Bourgi aurait aussi initialement reconnu la défaite du fils Bongo. "Le petit a perdu, le petit a perdu!", aurait-il lancé pris de panique à des proches de Nicolas Sarkozy au soir du vote, selon un témoin oculaire de la scène à Paris, cité dans "Le scandale des biens mal acquis". Pour Mike Jocktane, "l'empressement avec lequel la France a reconnu l'élection frauduleuse d'Ali Bongo en 2009 s'explique par les mallettes distribuées".