dimanche 1 avril 2012

Le putsch au Mali pris entre deux feux


La junte militaire qui a pris le pouvoir le 22 mars à Bamako, chassant le président Amadou Toumani Touré, est en mauvaise posture. Profitant du chaos ambiant, des séparatistes touaregs ont attaqué, hier, la ville de Gao à bord de pick-ups armés de mitrailleuses. Les insurgés appartenant au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) s’étaient déjà emparés vendredi de la ville de Kidal. Mais Gao, 90 000 habitants, possède la plus grande garnison du nord du pays et la résistance de l’armée est plus forte.

Après l’évacuation par l’armée de Kidal, mais aussi d’Ansogo et Bourem, c’est désormais l’essentiel du nord-est du pays qui est entre les mains des rebelles touareg. Aidés par des éléments islamistes d’Al Qaïda au Maghreb (Aqmi), ils mènent depuis janvier une vaste offensive pour « libérer » les territoires de l’Azawad, berceau des Touareg. Ces avancées rebelles sont un coup d’autant plus rude pour la junte qu’elle avait justement invoqué l’échec du régime en place à mater la rébellion pour renverser le président Amadou Tamani Touré.

Pressions

L’autre gros souci, pour le capitaine putschiste Amadou Sanogo, vient de ses voisins africains. Le Niger et la Côte d’Ivoire, en particulier, n’apprécient pas du tout le coup d’Etat. Ils craignent un effet de contagion. Les quinze pays du Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ont d’abord menacé les mutins d’un embargo diplomatique et financier, si l’ordre constitutionnel n’était pas rétabli d’ici lundi.

Ils ont franchi un nouveau pas hier en mettant en alerte une force d’intervention de 2 000 hommes. Et en demandant, par la voix du président ivoirien Alassane Ouatara, l’appui de la communauté internationale. Mais les missions de cette force d’intervention, comme ses modalités de déploiement, restent floues : s’agirait-il de mettre la junte au pas ou de stopper l’avancée de la rébellion dans le Nord ?

Sous la pression, une délégation de la junte a fait patte de velours, hier, à Ougadougou, lors de la réunion de médiation placée sous la houlette du président burkinabé. Ils ont promis de proposer « très rapidement » des mesures pour rétablir un pouvoir civil à Bamako et revenir à un « ordre constitutionnel normal » réclamé par les chefs d’Etat ouest-africains.

Hier, à l’appel de religieux musulmans, catholiques et protestants, 20 000 personnes ont participé dans un stade de Bamako à un rassemblement pour la paix. « Nous devons nous donner la main, taire nos différences et sauver le Mali », a plaidé le président du Haut conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko.

Par africatime