jeudi 2 février 2012

Racisme et sexualité : l'affiche étudiante qui fait débat en Afrique du Sud

L'Organisation étudiante de l'Alliance démocratique (Daso), un parti d'opposition, a présenté en Afrique du Sud une affiche controversée faisant partie de sa campagne contre le racisme. L'affiche, dont le slogan est « Dans NOTRE avenir, tu ne les snoberas pas », montre un couple mixte nu enlacé.
Cette affiche a provoqué pas mal de bruit sur Facebook, Twitter et la blogosphère ; des parodies sont également apparues. Voici quelques réactions que l'on a pu lire en ligne.


« Si vous prenez le temps de lire attentivement les commentaires sur Facebook, il est très intéressant de noter les différentes manières dont réagissent les Sud-africains à la même image : “C'est ringard et ça fait années 90” ; “c'est un portrait simpliste et blessant des relations interraciales” ; “c'est beau, on en redemande” ; “c'est répugnant, vous venez de perdre mon vote”. »
Jacques Rousseau écrit sur Synapses :
« Voilà ce que fait cette affiche : elle souligne tout simplement que certaines personnes méprisent les couples mixtes et rappelle que dans l'avenir parfait de Daso, cela n'arrivera pas. »
Baas De Beer remarque :
« Une telle campagne n'évitera jamais les critiques. Il y en aura toujours qui diront que c'est immoral, d'un caractère expressément sexuel, que cela transmet des messages contradictoires à la jeunesse.
A tous ceux-là, je réponds : réveillez-vous, on est en 2012 ! Il y a des spots publicitaires beaucoup plus audacieux qui font la promotion de tampons, chocolats ou même appareils photo.
Mais en aucun cas, l'affiche ne promeut la promiscuité sexuelle (rien ne vous dit que ces deux-là ne soient pas mariés – pour contrer un argument du Parti démocratique chrétien).
Le seul message que cette affiche combat, est celui de haine et de séparation entre deux adultes – l'un noir et l'autre blanc – qui sont encore coincés par des sermons datant de l'âge de pierre donnés à leurs enfants.
Si on considère le message proprement dit, je le trouve profondément respectueux et je pense qu'il était temps que quelqu'un le dise. Ce monde ne deviendrait-il pas meilleur si les gens arrêtaient de chercher l'erreur dans la vie d'autrui simplement parce qu'ils ont trop peur d'affronter leurs propres démons ?
Cette planète ne serait-elle pas plus joyeuse si la société au lieu d'exclure, incluait ? Si la race, la culture, le sexe et la religion n'étaient pas utilisés en tant qu'armes ?
Vous pouvez avoir votre propre opinion, mais elle s'arrête là : c'est VOTRE opinion. Si vous n'aimez pas les relations interraciales, ALORS N'EN AYEZ PAS. Facile, non ? »
« De toutes façons, les types de la Daso sont totalement sur UN AUTRE NIVEAU en introduisant ce thème dans leur affiche politique et en appelant l'attention sur UN SUJET TABOU, la société sud-africaine où UNE MAJORITÉ N'AIME PAS SE DÉMARQUER DANS LA SCÈNE POLITIQUE. »
Jaqamba jette un regard critique sur la Daso :
« A mon avis, la Daso et ses membres devraient avoir honte des affiches. Elles ne sont ni controversées, ni ne peuvent servir de référence dans le jugement des relations raciales en Afrique du Sud.
Dans toute société, indépendamment du degré d'intégration auquel elle prétend, il y aura toujours des conservateurs et des fondamentalistes.
De la même manière, il existe des Sud-Africains (blancs et noirs) qui tiennent fortement à leur point de vue pré-démocratique ou de l'époque de l'apartheid en ce qui concerne la race et la “moralité raciale”.
Cependant, puisqu'il n'existe aucune loi mettant en garde contre l'intégration raciale ou faisant la promotion de la pureté raciale, le débat reste d'actualité et le remettre en question ne sera aucunement bénéfique pour la société sud-africaine.
Pour un avenir dit progressiste, la Daso semble se contenter de remâcher sans cesse la même chose. »
Rosealix résume sur 10and5 :
« Tandis que les uns défendent sans concession l'idée, les autres sont convaincus que l'Alliance démocratique accuse les Sud-Africains d'être racistes ; tandis que les uns sont conservateurs et s'indignent de la nudité, les autres se demandent si la prochaine campagne n'inclura pas une histoire d'amour homosexuelle.
Certains disent que ça fait cliché, d'autres trouvent que le sujet n'est pas pertinent pour notre époque et pour tous ceux qui s'opposent aux normes du travail artistique, enfin les derniers se demandent pourquoi tant de remue-ménage. »
Mafedi Selepe observe :
« Avec l'impression que la Daso prétend probablement à un prix Nobel, il est difficile de se détacher de la fausse idée qui résulte d'une mauvaise interprétation du poster.
En ce qui me concerne, lorsque je m'assieds et que j'observe le poster d'un mauvais œil, j'utilise la même méthode apprise à l'école bourgeoise, et je parviens sûrement à la conclusion que la Daso essaye de nous dire que nous ne pouvons cohabiter que si nous sommes préparés à dire que l'homme blanc est supérieur à l'homme noir, perpétuant tout en l'infléchissant la société de voisinage selon Hendrick Verwoerd, qui reconnaît et admet les différences de cette nation colorée incomplète qui n'était autre qu'un rêve de Mandelas, Sisulus et autres héros et héroïnes. »
AKanyangaafrica identifie les conséquences de cette affiche polémique :
« Cette pub devrait, malheureusement, vous faire aimer encore plus les Sud-Africains, si ce n'était pas le cas.
Même les réseaux sociaux sont en ébullition, beaucoup haussent le ton pour clamer qu'ils ne sont pas racistes quand ils le sont.
Bien que les points de vue divergent sur le thème racial – mais on pouvait se rendre compte que beaucoup de personnes noires étaient plus en colère que les personnes blanches, ce qui prouvait bien que l'Alliance démocratique était loin d'être le parti d'opposition non-racial qu'il se prétend.
Peut-être que l'Alliance démocratique n'a pas accompli un de ses objectifs (celui de s'identifier en tant que parti non-racial) mais elle a réussi à ce que les Sud-Africains débattent sur le sujet polémique et épineux que représente celui de la race, et par la même occasion à dévoiler nos tendances racistes.
Selon Sarah Britten, le but des affiches était que nous les trouvions surprenantes ou offensives, ce qui impliquerait par conséquent que nous sommes “particulièrement conscients de la race” pour ensuite nous montrer que nous avons besoin d'une “rééducation” selon les “principes non-raciaux de l'Alliance démocratique” (c'est moi qui souligne). »
Tsholo décrit ce que voient les gens en regardant l'affiche :
« Mettre en évidence la race d'un individu ne permettra jamais de vaincre le racisme, à mon avis. Au final, parce que le poster parle des races, quand tu le regardes, tu vois une fille NOIRE et un gars BLANC, et pas simplement un couple. »
Toutefois, pour SihleMthembu la campagne a été une réussite :
« Personnellement, je pense que vous tous êtes en train de vous émouvoir pour rien, LOL. Qu'il s'agisse d'un gars noir et d'une nana blanche ou pas, le message serait le même.
Je crois que cette campagne est une réussite dans le sens que les gens en parlent. Je crois que l'idée est de franchir les barrières raciales… et à mon avis, ceux qui ont du mal à accepter cette campagne telle qu'elle est, sont ceux qui sont encore mal à l'aise avec les relations interraciales. »

Par rue89.com

Le franc CFA encore dans la zone des turbulences !

Le même scénario recommence comme en 1993, scénario qui a fini par accoucher de la dévaluation du Franc CFA en janvier 1994. Comme dans cette première dévaluation, les certitudes des technocrates se heurteront encore longtemps à l’entêtement des décideurs politiques qui savent bien que la dévaluation d’une monnaie commune est chose mal aisée et dangereuse : en l’occurrence, ça risque de faire imploser la zone franc, libérant le fameux franc CFA (dans ses deux présentations) de la tutelle du Trésor français ; tutelle que certains patriotes et intellectuels africains jugent pesante et humiliante.

Or, un divorce ne se réussit jamais à froid ; personne parmi les Chefs d’Etat du Pré carré n’a jamais ouvertement souhaité la fin de la zone franc, devenue par la suite la zone euro. Mais personne ne donnerait sa tête à couper pour maintenir en vie cette zone, l’une des dernières survivances des trouvailles « africaines et malgaches » de l‘ancienne puissance colonisatrice. En effet, la zone franc est devenue l’illustration parfaite de la politique hégémonique de la France sur ses ès-colonies, empêchant de ce fait l’accélération de l’intégration sous-régionale en Afrique de l’Ouest. On comprend donc que la menace d’une nouvelle dévaluation puisse jeter émois et craintes chez tous les francophiles, qu’ils soient de la génération paternaliste de la Françafrique ou sincèrement francophones. En effet, une nouvelle dévaluation fortifierait ipso facto les assauts de tous les ennemis, libéraux surtout, du maintien de la zone, et sa disparition au moins dans sa forme de monnaie sans personnalité internationale. Qui peut parier sur la survie de l’UEMOA dans sa forme actuelle si le franc commun n’est plus garanti par le Trésor français et s’il devient une monnaie non convertible ? Ce serait une belle opportunité pour le géant nigérian d’asseoir son hégémonie au sein de la CEDEAO et de parvenir à la création d’une monnaie sous-régionale ! L’alternative n’est certes pas plus réjouissante : est-il mieux de quitter le parapluie français pour venir s’abriter sous celui d’un pays en voie d’émergence certes, mais en définitive un pays sous-développé comme devant ? Plutôt la France que le Nigéria ou l’Afrique du Sud, telle serait la pensée secrète de la plupart des élites africaines francophones.

Et puis, à voir les difficultés actuelles de la zone euro dont la principale cause est la difficulté d’une politique monétaire commune, une zone monétaire de la CEDEAO ne créerait-elle pas beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en puisse résoudre ? Ce qui est sûr, le simple bon sens ferait voir à tous les Africains, quelles que soient les professions de foi, que plutôt qu’une gestion de leur monnaie par le Trésor français, lui-même soumis aux dictats des partenaires européens de l’euro, il vaudrait mieux comme dans le cas de transfert de souveraineté lors de l’éphémère Communauté Franco-africaine, que le franc CFA, monnaie commune si possible aux anciennes colonies françaises d’Afrique, soit autonome de toute garantie du Trésor français. Il est temps que l’UEMOA prenne et assume la gestion pleine et entière du franc CFA en Afrique Occidentale. Idem pour l’Afrique centrale. Certes, l’ancien militant anti-impérialiste repenti que je suis devenu se méfie de toutes les prises de position alimentées par des surenchères idéologiques. On ne conduit pas une politique sereine avec des sautes d’humeur idéalistes. Avec sa célèbre phrase : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’esclavage dans l’opulence », Sékou TOURE n’a guère fait progresser la cause du peuple guinéen en 1958 ; d’autant plus que moins de deux ans après, tous les pays africains de l’ex-A.O.F. et de l’ex-A.E.F. étaient contraints d’accepter l’indépendance de leur territoire !

Il n’était donc pas du tout réaliste de sortir avec fracas de la fameuse Communauté franco-africaine que tous les analystes de stratégie géopolitique savaient condamnée à terme parce que non viable : il fallait seulement patienter pour cueillir l’indépendance comme un fruit mûr, au lieu d’engager la Guinée dans une aventure sanglante dont elle peine à se relever ! Patience, chers concitoyens ; la zone franc est condamnée à plus ou moins brève échéance.

En tout cas, ce serait suicidaire pour n’importe quel pays actuel membre de cette zone de la quitter en solo et d’aller battre sa propre monnaie. Aussi toute philippique virulente contre le franc CFA dans son organisation structurelle actuelle ne sert-elle à rien : le Bénin seul ne pourra jamais quitter la zone franc sans se faire hara-kiri sur le plan financier et économique. Les débats houleux actuels sur l’opportunité ou non d’une dévaluation du franc CFA montrent bien à souhait que le ver est déjà dans le fruit.


Écrit par Dénis AMOUSSOU-YEYE

CAN 2012 : La Côte d’Ivoire bien placée, la Tunisie au révélateur ghanéen

Samedi 4 et dimanche 5 février, se déroulent les quarts de finale de la CAN 2012. Avec huit équipes pour quatre places, la phase finale de la compétition réserve quelques oppositions inédites et des retrouvailles entre vieilles et nouvelles gloires du football africain. Lumière sur ces rencontres couperets.

Zambie-Soudan, samedi à 17 heures à Bata

Zambie et Soudan s’affrontent pour le compte du premier quart de finale. Pas d’opposition de style en vue pour les deux équipes surprises de cette CAN mais un spectacle inhabituel dans la compétition, sans doute plus technique et beaucoup moins physique. Premiers de leur groupe de qualification, avec 7 points en trois matches, les Boulets de Cuivre espèrent être du métal dont on fait les demi-finalistes en s’appuyant sur leurs artilleurs Mayuka et Katongo. Un Soudan soudé veut, lui, croire en sa bonne étoile après s’être qualifié in extremis à la différence de buts au détriment de l’Angola (4 points tous les deux). Si l’opposition semble à priori manquer de clinquant entre les outsiders de cette phase finale, la perspective de voir l’une de ces deux équipes en demie vaut, à elle seule, le détour.

Côte d’Ivoire-Guinée équatoriale, samedi à 20 heures à Malabo

La Côte d’Ivoire va se mesurer à la Guinée équatoriale. Alors que le pays hôte fait figure de magasin de porcelaine pour des Éléphants ultra favoris, auteurs d’un sans faute (trois matches, trois victoires), qu’on ne s’y trompe pas, c’est avant tout par leur défense que les hommes de François Zahoui ont brillé. Mails ils faudra plus qu’une ligne défensive en peau de pachyderme aux compères de Drogba, décevant dans le jeu, pour aller chercher la qualification. La Guinée équatoriale compte, elle, sur son bouillant public pour accrocher la Selefanto à un tableau de chasse déjà garnis des Lions du Sénégal. Premier test sérieux pour sa génération dorée, c’est le match de tous les périls pour la Côte d’Ivoire, celui de tous les espoirs pour le Nzalang.

Ghana-Tunisie, dimanche à 20 heures à Franceville

Le Ghana et la Tunisie se rencontrent pour une place en demi-finale. Autre favori de la compétition, les Black Stars ont un statut à assumer après leur beau parcours (7 points en trois matches). Pour continuer à briller dans le ciel gabonais, les Ghanéens devront compter sur des frères Ayew au firmament de leur talent pour passer la rugueuse défense tunisienne. Les Aigles de Carthage, seconds logiques derrière le Gabon dans le groupe C (6 points), veulent perpétuer la tradition de victoire d’un pays arabophone dans les dernières éditions, et succéder à l’Égypte. Dans une position de challenger qu’ils affectionnent, les Tunisiens ont l’occasion de frapper un gros coups contre l’autre gros favori delà compétition.

Gabon-Mali, dimanche à 17 heures à Libreville

Gabon et Mali vont devoir se départager dans l’avant-dernier quart de finale de la CAN. Leader dans un fauteuil avec 3 victoires en autant de matches, les Panthères comptent sur leur Cousin d’Amérique, ou plutôt d’Europe, pour l’expérience et sur Aubameyang, pour marquer les buts. Il faudra des Maliens malins pour emporter dans leurs serres une qualification laborieusement acquise dans le groupe de la mort (Guinée, Mali, Ghana). Dans ce choc entre les deux plus grosses colonies "made in Ligue 1" les chances semblent équivalentes dans la confrontation la plus équilibré de la phase finale.

par Antoine Bruxeille