mercredi 5 février 2014

Jeunesse Africaine et Immigration. Par: Serigne Babacar Guèye


Il y’a plus de 53 ans maintenant que l’Afrique s’est affranchie de ses colonisateurs européens et a pris en main sa propre gestion. Pourtant ces années ont correspondu à un flux migratoire très important qui a privé l’Afrique de beaucoup de ses espoirs et qui continuent à l’en priver de nos jours.
L’immigration de la population active symbolise-t-elle la mauvaise gestion des dirigeants africains, marquée par la pauvreté accrue, les maladies endémiques, le chômage, les conflits internes… ?
Une remontée dans l’histoire de l’immigration permet de répondre à cette question et d’établir, s’il y a lieu, un lieu entre ces deux phénomènes.
En fait, les 2 grandes vagues d’immigration se situent dans les années 20 et 60. A l’origine, elle concernait une population adulte et masculine et l’Europe comme destination, surtout la France. En effet, ces périodes ont correspondu au temps de croissance économique et de pénurie de main d’œuvre.
Et l’Europe encourageait l’immigration afin de satisfaire l’insuffisance de main d’œuvre suite à la guerre qui a fait beaucoup de jeunes tués et d’invalides.
Par ailleurs, après l’indépendance de beaucoup de pays d’Afrique jusqu’à 1966, les hommes au pouvoir n’avaient pas réussi à mettre en place des structures politiques sûres et adéquates à chaque pays pour substituer les anciens régimes coloniaux. La population instruite estimait que les nouveaux systèmes sociaux manquaient à leurs engagements à son égard. Ceci a beaucoup contribué à la fuite des cerveaux vers l’Europe mais aussi vers l’Amérique du Nord.
L’immigration vers le Canada est très récente et commence à la fin de la colonisation européenne au milieu des années 60. Les régions les plus concernées sont celles touchées par les problèmes sociaux complexes et sensibles, par négligence ou mauvaise planification, aux catastrophes naturelles. Alors qu’il n’était que de 0,3% au début, le taux d’immigré est passé à 6,8%.
Celle vers les Etats-Unis a commencé dans les années 70 par la venue de réfugiés d’Ethiopie et de Somalie. Dans les années 90 cela s’est accéléré par l’afflux de réfugiés et d’étudiants de l’Afrique subsaharienne. Le bureau du recensement américain (Census) a publié récemment que jamais au cours de l’histoire autant d’africains n’ont émigrés vers les Etats-Unis. Environ 50 000 africains émigrent légalement aux Etats-Unis chaque année.
Mais qu’a-t-il donc de si extraordinaire cet occident au point que les jeunes africains risquent leur vie pour s’y rendre ?
L’Afrique est-elle tant au bout du gouffre que son peuple en général et sa jeunesse en particulier ferait tout pour la quitter ?
Combien de victimes dans les traversées de désert, dans les trains d’atterrissage d’avions sans oublier celles emportées par les vagues d’océans empruntés par les navires représentant l’espoir du départ ?
Tout cela, au prix de quoi ? Pour ceux qui réussissent à arriver à destination, au meilleur des cas, ce seront des illusions perdues et au pire des cas, un retour au pays d’origine.
L’immigration a commencé à prendre une autre tournure quand en 1996 des immigrés de l’Afrique Sahélienne ont fait l’actualité autour de la situation des « sans-papiers ».
Depuis, l’approche de l’immigration se trouve de plus en plus réduite à l’image du « clandestin » et du « sans-papiers » contribuant à la dureté des administrations occidentales face aux conditions de vie des immigrés et face à la demande de nouveaux immigrants. Ainsi leur politique sur l’immigration, se réduit aux moyens de lutte contre celle-ci.
L’avenir de la construction de l’Afrique étant en jeu, le problème de l’immigration ne concerne pas seulement les états occidentaux, mais il appartient à nos états de s’impliquer davantage à la recherche de solutions. Par conséquent, les facteurs clés de l’immigration identifiés dans un premier temps, il est nécessaire ensuite de réfléchir à la création d’une condition de retour et enfin mettre en place un système incitatif contre l’immigration.
I. FACTEURS ENTRETENANT L’IMMIGRATION
De façon générale on distingue deux grandes catégories de population migrante : les ruraux et les intellectuels. A ces deux catégories s’ajoutent les réfugiés politiques. Ces groupes sont souvent appelés à migrer pour des raisons très différentes à caractère économique, politique ou social.
1/ Les principales catégories de migrants
Les ruraux : 
      La plus ancienne immigration et touchant le plus grand nombre de personnes concernent les populations de l’Afrique Sahélienne (Mali, Mauritanie, Sénégal). La plupart d’origine rurale, émigre de leurs pays d’origine à la recherche d’une vie meilleure. Ils ne sont pas scolarisés et ne parlent pas la langue de leur pays d’adoption à leur arrivée. Ils restent fortement attachés à leur identité culturelle et à leurs traditions. Constituées en familles très nombreuses, ils sont souvent mal logés dans des appartements vétustes et insalubres dans l’espoir de disposer de logements sociaux. Pour cause, ils occupent des emplois non qualifiés autrefois dans l’industrie et actuellement dans les services ou le bâtiment.
Les intellectuels : 
     A côté de ce groupe, on distingue les migrants venus des villes côtières et centrales de l’Afrique. Il s’agit d’une immigration plus récente, à titre individuel et motivée par des raisons économiques ou politiques. Rappelons que cette partie de l’Afrique est la plus touchée par les guerres civiles et la répression des dictatures. Originaire des villes, cette population est scolarisée et maîtrise souvent la langue du pays d’accueil. En France, ces immigrés sont souvent cadres mais leurs effectifs ayant doublés depuis dix ans, les nouveaux arrivants ne trouvent pas de travail correspondant à leur qualification. Ainsi, nombreux sont les diplômés de l’enseignement supérieur qui se retrouvent comme gardiens de nuit ou femmes de ménage. Il faut noter dans cette catégorie, une nouvelle vague de jeunes diplômés qui ont émigré pour des raisons d’études mais par la suite s’installent par crainte de ne pas faire face au chômage dans le pays d’origine. Ils ont une condition de vie relativement moyenne. Cependant elle rejoint toutes les autres catégories c’est à dire se voit dans l’obligation de survenir aux besoins de la famille dans le pays d’origine.
2/ Les causes de l’immigration
Les différentes catégories de populations migrantes montrent que celles-ci fuient souvent leur territoire à cause des guerres, des maladies, du sous-développement, voire du chômage. La Politique, où se fondent toutes les énergies intellectuelles, culturelles, économiques technologiques et techniques d’une Nation, est d’abord et avant tout la gestion de toutes les différences politiques, culturelles, sociales, économiques et ethniques. Une gestion pour favoriser la Stabilité et la Paix Sociale sans lesquelles il ne peut y avoir d’investissements financiers étrangers, et locaux, nous parlons de la fuite des capitaux. Sans Stabilité et paix Sociale, il ne peut pas y avoir d’investissements intellectuels, ici nous parlons de la fuite des Cerveaux.
Causes politiques :
L’image médiatisée de l’Afrique se réduit aux guerres, à la pauvreté, aux maladies, à la dictature, qui sont souvent poussent sa population à fuir la misère.
- Les guerres :  » de tout temps, les guerres et leur cortège de désolations ont entraîné le déplacement, la déportation ou l’immigration de populations « 
- Les catastrophes écologiques et naturelles : des catastrophes naturelles comme des inondations, l’éruption d’un volcan provoquent évidemment des immigrations. Cependant, ces personnes n’émigrent généralement pas trop loin et leur retour est fort probable une fois les effets de la catastrophe estompés.
- Les régimes totalitaires violents et répresseurs, provoquent très généralement de l’immigration (exemple : le régime Mobutu au Zaïre). Cette immigration est plus particulière dans le sens où bien souvent les émigrants fuient le pays de manière clandestine et sont donc soumis à des difficultés supplémentaires.
En effet, comment peut-on espérer la Stabilité et la Paix Sociale dans des pays où tous les postes électifs sont usurpés ? Où les élections sont truquées ? Comment peut-on espérer la paix sociale dans des pays où les élections locales et nationales se décident dans le chaos et dans le sang ? Comment on peut espérer la Stabilité et la Paix Sociale dans des pays qui n’ont pas de Constitution ? Dans des pays qui n’ont pas d’Institutions républicaines ? Comment peut-on espérer de stabilité et la paix Sociale dans des pays où chaque parti politique reflète la couleur d’une tribu particulière ? Qui investirait dans des pays qui vivent sans règles et sans lois ? Notre défi est politique. Il n’y a pas de solutions économiques aux problèmes de l’Afrique parce que l’Economie est la conséquence d’une certaine politique. Si nous affirmons que tout dépend de la Politique, nous affirmons en conséquence que qui contrôle le processus politique, contrôle le Continent. La Monnaie dépend de l’Economie, l’Economie dépend de la Politique. La Politique est la gestion de nos différences pour favoriser la Paix Sociale et la Stabilité.
L’ampleur de cette phrase échappe à la conscience de nos dirigeants.
              Causes économiques :
Le système pré-capitaliste et capitaliste, apparus après la révolution industrielle, la pauvreté et la misère dans certains pays sont des raisons qui ont provoqué un nombre assez conséquent de crises. Ces crises ont pour la plupart provoqué l’émigration des peuples qui en souffraient. Ces crises étaient liées à des augmentations de chômage, à des conditions de vie qui se détériorent, à l’insécurité croissante, Dans ces conditions, un accord entre le pays en crise et un autre pays peut survenir: dans un pareil accord, chaque état y trouve son compte : l’un désire se débarrasser d’une partie de sa population pour des raisons soit politiques, soit économiques, et l’autre a besoin de cette population pour des raisons économiques (de la main d’œuvre à moindre prix par exemple).
Ainsi, l’afflux des migrants ces dernières années s’explique pour les Etats-Unis par l’introduction d’un visa de diversité et la forte croissance des visas de travail qui attirent les africains qui ont les qualifications recherchées aux Etats-Unis. On s’attend en conséquence à une affluence plus forte des immigrés quand les migrants sur place obtiendront leur naturalisation et pourront faire venir des membres de leur famille sûrement aussi qualifiés qu’eux. Par ailleurs, de jeunes diplômés se distinguent chaque année par leur excellence, mais sans possibilité d’insertion fixe car leur formation ne correspond pas tout à fait aux besoins socioéconomiques.
Réduits par le chômage endémique, ils préfèrent monnayer leur savoir et leurs compétences à l’étranger pour vivre dignement. C’est le début de la fuite des cerveaux. En somme, quelle que soit la catégorie, les émigrés vivent dans des conditions mauvaises en matière de logement ou d’emploi etc. En un mot il n’y a pas d’intégration parfaite.
Malgré toutes ces conditions de vie précaire les immigrés préfèrent rester en Europe. Quelles sont les conditions à réunir afin d’inciter les immigrés à retourner au bercail et à maintenir ceux qui veulent partir pour la découverte de cette Europe mystérieuse.
         Immigration : CONSEQUENCES ET CONDITIONS DE   RETOUR
L’immigration africaine prive le continent de beaucoup de cerveaux et de personnes qualifiées. En effet, les immigrants africains sont majoritairement des professionnels, des cadres et des techniciens et leur départ influe grandement les conditions économiques et sociales du continent. L’impact est catastrophique pour le continent qui est de plus en plus en manque de personnes qualifiées.
Les pays occidentaux regorgent d’immigrés africains qualifiés. Le continent peut largement bénéficier de cette population immigrée qui a affiné ses qualifications et acquis de nouvelles expériences.
1/ Les Conséquences de l’immigration
Les immigrés ne sont pas tout à fait heureux dans les pays d’accueil mais sont satisfaits du fait qu’ils parviennent à survenir aux besoins de leurs familles dans le pays d’origine. Ainsi, malgré les conditions de vie difficile, les immigrés parviennent à économiser et à envoyer de l’argent à la famille du pays d’origine. Ils font profiter la famille et les proches restés là-bas, de leur prospérité. Pour eux, l’immigration est la seule stratégie possible de réussite, ainsi pour ceux qui ont réussi à émigrer, retourner au pays d’origine sans réaliser ses objectifs, est aperçu comme un échec.
Même si quelques-uns investissent dans des projets de développement (construction d’écoles, de centre de santé…), la plupart gère mal leurs envois du fait de la pression sociale de l’entourage (la famille, les amis etc.). Il faut regarder ce phénomène pour comprendre ce qui pousse une telle résistance des sans-papiers.
En effet, du fait du mythe que les africains ont de l’occident, les immigrés deviennent eux-mêmes des « mythes ». Ainsi, il est inconcevable pour la population restée en Afrique qu’un immigré rentre à la mère patrie sans argent ni autres richesses. Pour elle, une immigration réussie en Afrique se traduit par la construction de belles villas, d’immeubles, la possession des plus belles voitures et de l’argent qu’on distribue de gauche à droite à des fins ne contribuant pour rien à la construction d’une meilleure Afrique.
Dans cette attente, les immigrés inconscients sont tentés par l’argent facile et se mêlent dans des affaires qui finissent soit par la mort soit par la prison.
Ceux qui ont décidé d’être dignes et qui malheureusement ne réussissent pas leur vie en Occident, préfèrent donc rester dans leur pays d’accueil, quitte à rompre tout contact avec leur famille, vivant dans la clandestinité, la misère et l’humiliation, plutôt que de rentrer bredouille, sans argent donc sans gloire, mais surtout pour éviter d’être une charge supplémentaire pour leur famille.
Maintenant, il s’agit d’organiser le retour et de motiver la population immigrée par des moyens très solides pour la construction du continent.
Mais, la tâche est double et réciproque dans la mesure où les familles des immigrés doivent éviter de mettre la pression à ces derniers, en revanche, ceux-ci doivent être capables de décrire les réalités de l’Occident, expliquer les conditions dans lesquelles ils se trouvent. Du coup, si jamais ils ne réussissent pas leur immigration, le retour pourra se faire très facilement sans préjugés et avant qu’il ne soit trop tard. Des fois la vie est meilleure de retour au pays.
2/ Incitation au retour dans les pays d’origine
L’incitation du retour des étrangers dans leurs pays nécessite l’interpellation des pouvoirs publics et la prise de conscience des immigrés eux-mêmes comme en témoigne l’action de beaucoup d’organismes.
Les réalisations des immigrés sont d’ordre luxueux. Or ils doivent concrétiser la mise en place des projets permettant des créations d’emplois dans leurs pays d’origine. L’Etat et la Société civile  doivent se donner la tâche de réveiller les consciences africaines et d’utiliser un forum comme moyen afin de mieux communiquer avec la diaspora pour le retour et la jeunesse sur place d’une part, faire participer les autorités locales à cette activité, d’autre part. Pour ce faire les coopérations internationales ont un grand rôle à jouer c’est à dire à aider les uns et les autres à s’organiser pour qu’ils deviennent efficaces.
Cependant la plateforme doit être mise en place par les immigrés et doit être appuyé par les ONG (Organisation Non Gouvernementale) et la population locale.
Selon une enquête (www.diasporaenligne.net), le transfert d’argent des immigrés de certains pays, est supérieur aux aides publiques de cet Etat. Mais comme nous l’avons souligné plus haut, cet argent est mal géré. Les créations d’associations et l’envoi d’argent ne suffisent pas pour la résolution du problème de l’immigration.
Si les populations (immigrés et autochtones confondus) veulent prendre leur destin, il faut qu’elles changent de stratégies et d’accepter certaines choses (formations pouvant être exploité dans les pays d’origines). On ne doit pas compter seulement sur les autorités mais sur nous-mêmes et nos capacités de gérer.
Les pouvoirs publics doivent jouer un rôle d’encadrement des projets mis en place par les migrants. Ils doivent enquêter auprès des populations migrantes afin de trouver les solutions pour limiter voire arrêter l’immigration.