mercredi 7 mars 2012

Diéry Seck, économiste sénégalais : « La dévaluation du FCFA n’est pas une question préoccupante »

Telle est la conviction de Diéry Seck, directeur de l’Institut africain de développement économique et de planification des Nations unies. Lors du stage sur les enjeux journalistiques de l’intégration en Afrique de l’Ouest, stage qui s’est tenu du 6 au 17 février 2012, M. Seck a donné une communication sur la devise unique. Nous l’avons approché à la suite de son exposé pour connaître son propre avis sur le sujet.

Quelle définition peut-on donner à l’union monétaire ?

L’union monétaire, c’est l’espace dans lequel deux ou plusieurs Etats acceptent d’avoir la même monnaie qui remplace la monnaie nationale et qui sert d’unité d’échange et de payement dans l’espace de cette union.

Une monnaie unique en 2020 ; est-ce possible ?

Techniquement, cela peut être possible. Mais, il faut reconnaître que la volonté politique des décideurs pourra influencer les choses. Soit en les accélérant, soit en les ralentissant. En tous les cas, au regard des expériences avec le franc, des réponses techniques existent pour la création d’une monnaie unique.

Quelles peuvent être les avantages et les inconvénients d’une Union monétaire ?

En termes d’avantages, elle peut élargir l’espace dans lequel on peut faire des transactions sans se soucier des échanges monétaires. La main-d’œuvre pourra circuler et le marché intérieur va assurément s’agrandir. Parce que les flux de transactions sur le plan intérieur se font en comparaison aux commerces extérieurs à la zone. En ce qui concerne les inconvénients, il faut dire que beaucoup de personnes considèrent la politique monétaire comme un instrument de politique économique. En rentrant ainsi dans une union monétaire, un Etat renonce forcement à sa souveraineté et perd les instruments de politique monétaire qui sont liés à la gestion de sa propre monnaie. Il y a aussi l’exigence de la discipline fiscale parce que, qui dit union monétaire, dit compatibilité avec la politique budgétaire. Tout compte fait, les inconvénients qui sont perçus pour l’union monétaire ne sont pas des choses décourageantes.

Est-ce l’exemple de l’UEMOA qui inspire la création de cette monnaie unique dans l’espace CEDEAO ?

L’UEMOA inspire bien la création d’une monnaie CEDEAO. L’idée est de créer une deuxième zone monétaire qui, après, sera fusionnée à la zone CFA. Mais, il faut reconnaitre que la France joue un rôle important dans la gestion de l’UEMOA. Les Etats membres de la CEDEAO ont chacun des passés différents. D’autres ont été colonisés par la Grande-Bretagne. Mais le Royaume-Uni n’est pas beaucoup immiscé dans l’assimilation économique comme la France a fait avec ses colonies. Il est aussi vrai que la plupart des Etats de l’espace CEDEAO sont faibles, mais celle-ci consent beaucoup d’efforts notamment sur les plans politiques et économiques pour les stabiliser. Bien qu’elle encourage également une plus intégration économique, il ne faut pas se leurrer sur le fait que la CEDEAO n’a vraiment pas les instruments de politique économique lui permettront de gérer une union économique régionale. La monnaie unique est un chantier très actif assujetti aux efforts politiques des Etats membres de la CEDEAO.

La France a-t-elle intérêt à ce que cette zone monétaire soit une réalité ?

Cela est bien évident. La France fait partie des grandes puissances qui sont elles aussi des entités économiques et qui cherchent leurs intérêts. Dans le cas par exemple de la CEDEAO, la France et la Grande-Bretagne essayent de diversifier les interventions. Alors que si cette union devient une réalité, cela va faciliter les transactions économiques. Pour dire que le passé colonial ne prédispose pas à une position favorable ou défavorable. Ce sont les intérêts qui vont primer.

Où est-ce qu’on peut situer la lenteur de la réalisation de la monnaie unique ? Les raisons sont-elles d’ordre économiques, socioculturelles, politiques…

Les personnes en charge de la réflexion sur le projet travaillent au niveau des centres d’études de la CEDEAO. Et j’en fais partie. Est-ce qu’elles sont assez dotées ? Je n’en sais rien. Toujours est-il qu’elles font de leur mieux. Est-ce que la CEDEAO elle-même fait de la création de la monnaie unique une priorité ? Je n’en sais rien non plus. Peut-être qu’aujourd’hui, ses soucis se situent ailleurs, tels que la bonne gouvernance, les questions de résolution de la sécurité, etc.

Un mot sur une éventuelle dévaluation du franc CFA ?

Même si je le sais, je ne le dirai pas. Mais, je peux avoir une opinion en tant que citoyen et économiste. Je sais que les gens en parlent, mais je vous assure que je n’ai pas encore eu le temps de faire des calculs nécessaires en rapport avec une éventuelle dévaluation du CFA. C’est mieux que je ne le fasse pas. Parce que j’estime que c’est une question qui n’est pas aussi préoccupante. D’autres sujets économiques plus intéressants tels que la croissance, la création d’emplois, les investissements, les concurrences au plan internationale urgent. La dévaluation est un symptôme, c’est une résultante de politiques passées qui n’ont pas peut-être pas réussi.

Interview réalisée par Bassératou KINDO

Guinée : Le gouvernement veut mettre fin à la construction anarchique des écoles privées

Le gouvernement guinéen à travers le ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Education civique envisage de mettre fin à la ’’construction anarchique des écoles privées’’, afin de cerner de près le cadre d’étude et de scolarisation des enfants du pays, a déclaré lundi, le ministre de l’enseignement pré-universitaire Ibrahima Kourouma, lors d’un forum sur les écoles privées en Guinée.

Selon lui, la rencontre de trois jours qui a débuté ce lundi, entres les acteurs du système d’enseignement privé, les acteurs gouvernementaux et les acteurs de la société civile, vise essentiellement à renforcer les capacités des tous les intervenants dans la chaine d’enseignement pré-universitaire privé, pour harmonier les points de vues et pour atteindre une plus grandes efficacité dans ce système.

Dans son intervention de circonstance, le ministre a précisé que c’est en 1985, suite au changement de régime survenu en Guinée, avec le libéralisme prôné par les nouvelles autorités d’alors, que les premiers acteurs se sont lancés dans la fondation des écoles priées, avec un total de 25 établissements à l’époque.
De nos jours, la Guinée a enregistré plus de 2 200 établissements repartis sur le territoire national, où ont dénombré plus de 500 000 élèves de l’enseignement primaires et secondaire, avec 19 000 corps enseignants et encadreurs, toutes hiérarchies confondues.

Ces vingt dernières années, selon un constat largement partagé, on observe une prolifération d’écoles privées, allant de l’enseignement primaire à l’universitaire, en passant par l’enseignement secondaire et professionnel, sans aucun respect des textes et lois, relatifs à la fondation des écoles dans la pays.

"Les écoles privées en Guinée son confrontées à des insuffisances d’ordre administratif, pédagogique et financier", qui se manifeste par l’absence d’une réelle politique de l’enseignement privé, a souligné M. Kourouma, qui estime qu’au sortir du présent forum, des mesures concrètes seront prises pour éviter l’anarchie dans la fondation des écoles privées en Guinée.

Afriscoop