mardi 13 décembre 2011

Promouvoir la recherche sur les migrations en Afrique de l’Est

 l’Université Makerere de Kampala, Ouganda, a été créé en 1999 dans le but d’apporter une aide juridique aux demandeurs d’asile et aux réfugiés en Ouganda. Depuis, son offre originale s’est élargie et compte désormais une unité psycho-sociale qui propose un service d’aide psychologique et d’orientation dans toute une série de domaines non juridiques comme la violence sexuelle et sexospécifique, l’accès à la santé, au logement et à l’éducation.

À cette aide directe s’ajoutent aussi des cours et des formations destinées tant aux personnes responsables – policiers, agents de l’immigration, juges, magistrats et autres agents des autorités locales – qu’aux migrants forcés eux-mêmes. Au cours des dix dernières années, le RLP a étendu son rayon d’action initialement axé sur les réfugiés et les demandeurs d’asile aux migrants forcés et particulièrement aux déplacés internes et aux rapatriés. La justice transitionnelle est une autre question d’importance pour le RLP en raison de son intérêt direct pour les populations déplacées de force.
Toutes les activités de l’organisation sont appuyées par un département de recherche active et de plaidoyer chargé d’une part de fournir les données empiriques nécessaires sur les questions politiques ou de droit et d’autre part de plaider la cause des migrants forcés. Le RLP propose aussi des services de consultance et réalise des études pour le compte d’organisations telles que l’Agence danoise pour le développement international (DANIDA), l’Observatoire des situations de déplacement interne (Internal Displacement Monitoring Centre ou IDMC) du Conseil norvégien pour les réfugiés ou CARE Ouganda. Plus récemment, le RLP a collaboré aux côtés de l’Initiative internationale pour les droits des réfugiés (IRRI) et du Social Science Research Council (SSRC) à la rédaction d’une étude sur la situation des réfugiés rwandais en Ouganda. Du 3 au 6 juillet 2011, l’organisation a également accueilli la 13ème Conférence de l’Association internationale des études sur la migration forcée (IASFM) sur le thème de « Governing Migration » [Gérer les migrations]. L’objectif de l’événement était d’ « explorer les dimensions clés de la relation entre, d’une part, les formes et les moyens de gouvernance et, d’autre part, les modèles et les expériences de migrations forcées ». (traduction non officielle)
Les chercheurs qui étudient les migrations en Afrique de l’Est donnent de la voix
L’engagement de plus en plus affirmé de l’Université Makerere dans la recherche sur les migrations est encore attesté par la participation de son Département Études féministes et de genre au projet IMMIS « Migration et questions touchant à l’égalité entre les femmes et les hommes en Afrique dans le contexte mondial : mise en œuvre d’études sur les migrations ». Mais l’Université Makerere est loin d’être un cas isolé. Au cours des dernières années, les instituts de recherche d’Afrique de l’Est se sont investis et illustrés de manière croissante dans le domaine de la recherche sur les migrations. Leur participation à des consortiums internationaux de recherche d’importance comme l’Observatoire ACP sur les migrations ou encore le Consortium de recherche (RPC) « Migrating Out of Poverty » témoigne du dynamisme de la discipline dans la région.
Parmi les 19 membres et partenaires associés de l’Observatoire ACP sur les migrations, 4 sont basés en Afrique de l’Est. Il s’agit de l’Organization for Social Science Research in Eastern and Southern Africa (OSSREA) [Organisation pour la recherche en sciences sociales en Afrique orientale et australe], du Centre for Refugee Studies (CRS) [Centre d’Études sur les réfugiés] de l’Université Moi du Kenya, du Centre for the Study of Forced Migration (CSFM) [Centre d’Études des migrations forcées] de l’Université de Dar es Salaam et de la Economic and Social Research Foundation (ERSF) [Fondation pour la recherche économique et sociale] situés tous deux en Tanzanie. La recherche est-africaine dans le domaine des migrations a aussi sa place dans le tout récent RPC baptisé « Migrating Out of Poverty » au travers du African Migration and Development Policy Centre (AMADPOC) [Centre politique sur les migrations et le développement en Afrique], organisme basé au Kenya.
En raison de l’importance prédominante du phénomène dans la région, les travaux de ces différents instituts ont jusqu’à présent porté principalement sur les migrations générées par les conflits. Toutefois, les chercheurs est-africains s’intéressent de plus en plus aux autres formes de migration forcée, notamment aux migrations générées par des facteurs environnementaux. La gestion des migrations dans un contexte d’intégration régionale constitue un troisième pôle de recherche à l’heure où les organisations régionales locales œuvrent à la définition d’un cadre politique en matière de migrations (IGAD) et avancent sur la voie de la libre circulation (EAC, COMESA). Au travers de leurs programmes de recherche et de formations et grâce à leur engagement croissant à titre de consultants aux côtés des décideurs politiques, les instituts de recherche régionaux contribuent de manière significative à façonner l’avenir de la gestion des migrations dans cette partie du monde.
Il est clair qu’il reste beaucoup à faire pour consolider l’assise de la recherche africaine sur les migrations et en tout premier lieu pour combler les immenses lacunes en matière de production de statistiques dans ce domaine. Leur quasi absence en ce qui concerne l’Afrique freine encore la connaissance des migrations dans la région et entretient une forme de dépendance vis-à-vis de sources externes. Malgré cela, l’Afrique se fait de plus en plus présente dans le débat sur les migrations comme l’atteste un ouvrage récent publié par le  Network of Migration Research in Africa (NOMRA) [Réseau de recherche sur les migrations en Afrique] et qui « présente le point de vue des chercheurs africains » sur « les migrations internationales sur, vers et à partir du continent africain dans le contexte de la mondialisation ».