lundi 9 janvier 2012

Sénégal: La migration des jeunes et le développement régional dans la croissance économique du Sénégal

M. Serigne Babacar Guèye, Juriste spécialiste en migrations internationale. Groupe d'Etudes et de Recherches sur le Développement Régional et Rural.   ( G.E.R.D.R.R.) www.diasporaenligne.net
La migration des jeunes et le développement régional dans le croissant économique du Sénégal

S’inscrivant dans les travaux du Groupe d’Etudes et de recherches pour le développement Régional et Rural de diasporaenligne.net, ainsi que sur la migration des jeunes, ma recherche porte sur le phénomène de la migration interne des jeunes Sénégalais dans une perspective régionale et comparative. À partir des données recueillies à l’aide d’un sondage auprès de 1112 jeunes âgés de 20 à 34 ans originaires de Matam, de Louga et de Kaolack, elle analyse d’abord les raisons et les motivations de départ, et ce qui rend attrayant le lieu d’arrivée de la première migration des jeunes. Je m’attarde par la suite à mettre en lumière la perception qu’ont les jeunes de leur milieu d’origine, puis à analyser les retours ainsi que les possibilités de retour des jeunes vers leur région d’origine. Je montre que les jeunes quittent leur région pour des raisons multiples qui touchent plus globalement le besoin de s’affranchir et de se prendre en charge, que les jeunes se tiennent à distance d’un discours trop négatif sur leur région et que plusieurs jeunes seraient intéressés à revenir dans leur milieu d’origine si les circonstances s’y prêtaient.
Nous examinerons la question de la migration des jeunes Sénégalais dans une perspective de développement régional ou local en comparant la situation dans trois régions du pays : , de Matam, Louga et de Kaolack. Ces régions font partie de ce que nous appelons les points de départ au Sénégal, Depuis de nombreuses années, l’objectif avoué de l’action publique de soutien aux régions du Sénégal se fonde sur une volonté de développer l’arrière-pays notamment à partir de ses ressources naturelles, tout en favorisant sur l’ensemble du territoire Sénégalais des revenus et des services semblables aux populations rurales et urbaines. Dans ces régions, les grandes entreprises ont exercé un rôle prépondérant sur les économies locales jusqu’au début des années 1980. Dans les années 1960 et 1970, les politiques de développement régional ont reposé sur la culture de l’arachide, et non sur des investissements importants en éducation, dans la santé et dans le domaine économique afin de réduire les disparités et inégalités régionales. Depuis les années 1980, les pouvoirs publics ont cherché à remettre entre les mains des acteurs régionaux plus de responsabilités en matière de développement. Cependant, les économies de ces régions restent fragiles. Cette fragilité favorise l’exode des populations, particulièrement chez les plus jeunes.
Dans un tel contexte, la migration des jeunes de ces régions revêt une importance toute particulière : le départ des jeunes de leur milieu d’origine vers les grands centres urbains ou en immigration est préoccupant. Si les régions se vident de leurs jeunes, ne faudrait-il pas agir pour arrêter cet exode, ne faudrait-il pas chercher à les retenir ? Cependant, du point de vue des jeunes eux-mêmes, la situation est différente. On ne s’exile pas de sa région ; on la quitte, certes, mais souvent pour mieux y revenir. Les études du Groupe d’Etudes et de recherches pour le Développement Régional et Rural de diasporaenligne.net, sur la migration des jeunes ont en effet montré que si 47 % des jeunes Sénégalais quittent à un moment ou à un autre leur région d’origine pour une période de plus six mois, près de 50 % de ceux-ci y reviennent Elles ont également montré que la migration des jeunes est liée à leur entrée dans la vie adulte. Les migrations, souvent multiples, contribuent notamment à la construction identitaire lors de leur passage à la vie adulte.
L’objectif de cet article est de décrire et d’analyser le mouvement migratoire des jeunes, à partir de leur propre témoignage, puis de tenter de mesurer la portée de ce mouvement migratoire sur l’avenir des régions. Après avoir retracé à grands traits l’histoire des dynamiques migratoires de ces régions, nous examinerons, d’une part, les raisons du départ des jeunes et, d’autre part, les motifs de retour dans leur région d’origine. Cela nous amènera à discuter également de la perception des jeunes de leur région d’origine.
Chacune des trois régions possède des caractéristiques particulières :
Matam :
A amorcer un développement local depuis longtemps grâce à ses immigrés vivant en Afrique, et à l’extérieur du continent, qui lui à permis d’être considérer une région à vocation agricole.
Louga :
Malgré un nombre élevé d’immigrés, les expatriés de la région ne pensent à rien d’autre que se concurrencer en construisant des maisons, et d’acheter des voitures gros cylindrés.
Kaolack :
Relance le développement local en créant plusieurs PME, tout en mettant l’accent sur l’agriculture, ainsi que la formation des jeunes (Filles et Garçons).
Etudes à suivre                                                                                             Serigne Babacar Guèye
                                                                                                                         Diasporaenligne.net

Un passager attaché avec des cordes : le Paris-Lomé se révolte

Aéroport Paris-Charles de Gaulle : le vol DL8538 en direction de Lome (Togo) devait décoller à 13h50 ce vendredi. Il a finalement quitté le sol français à 16h08. Deux passagers installés dans l'avion ont raconté à Rue89 le récit de ce retard, un embarquement contrarié, sur fond de violence et d'indignation.

Alors que les passagers s'apprêtent à monter dans le bus qui les conduira dans l'avion, ils remarquent une voiture de police et des forces de l'ordre en train de discuter avec des agents de l'aéroport. Sans savoir de quoi il retourne. Le bus les conduit normalement à bord de l'appareil.

Pieds et mains liés avec des cordes

A peine installés sur leurs sièges, ils voient la voiture de police s'approcher. Cette fois, un homme africain escorté par deux agents sort de cette dernière. Les passagers remarquent immédiatement que l'homme n'est pas menotté, il est attaché « tel un bagnard ». Ses pieds et ses poings (dans le dos) sont liés avec des cordes.
Il n'embarque pas - comme les autres voyageurs - par l'avant mais par la porte arrière de l'avion. Stupéfaits de constater que les policiers ont sérieusement l'intention de faire voyager le « prisonnier » attaché de la sorte, ces derniers se questionnent. L'homme est-il un dangereux criminel ? Les hôtesses interrogent les policiers, son crime abominable est... d'être en situation irrégulière, et doit être rapatrié. C'est du moins la réponse qui leur est donnée.
Commence alors un vent de protestation. Plusieurs passagers s'en mêlent et crient au scandale. Hors de question de laisser un homme voyager dans ces conditions, attaché avec des cordes noires. Le ton monte, les policiers appellent au renfort, le spectacle du hublot continue.

Cinq cars de police débarquent

Cinq cars de la police des frontières débarquent et la force civile envahit l'endroit, 10... 15... le témoin parisien - qui s'apprête à partir en vacances au pays - ne compte pas le nombre d'agents, mais s'étonne d'un tel dispositif. A cause de la ressemblance des uniformes, il les prend pour des CRS.
Les voyageurs continuent de prendre le parti de l'homme. Des coups partent, du côté des forces de l'ordre et des passagers. En réponse à cet accroissement de violence, trois d'entre eux - des hommes, africains - sont arrêtés. Menottés (avec de vraies menottes), le décollage est encore retardé, il faut également évacuer leurs bagages...
A 16h08 ce vendredi, le vol Paris/Lomé peut enfin décoller.

« Tentative volontaire d'entrave à la circulation d'un aéronef »

Philippe Dormoy, de la cellule de communication de l'état-major de la police aux frontières (DCPAF), nous affirme que l'homme, contrairement à ce qu'ont cru les passagers au moment des faits, n'était en réalité pas reconduit pour irrégularité, mais suite à une décision de justice : c'était une « mesure d'éloignement », dont la cause est inconnue.
Il ajoute que ce dernier s'était violemment opposé à son rapatriement, au point de blesser un agent de police, ce qui expliquerait les pieds et poings liés par les cordes.
Quant aux trois passagers, ils pourraient être poursuivis pour « entrave à la circulation d'un aéronef », qui selon l'article L. 282-1 du Code de l'aviation civile, est passible de cinq ans de prison et d'une amende de 18 000 euros.


Par diasporaenligne.net
 


Enquête 07/01/2012 à 11h11 Les deux otages tués au Niger ont-ils été sacrifiés par la France ?

Depuis plusieurs mois, Annabelle Delory en est persuadée. On n'a pas fait le maximum pour sauver son frère Vincent, 25 ans, mort brûlé vif au Sahel le 8 janvier 2011, au lendemain de son enlèvement avec son ami Antoine de Léocour, dans un bar du centre-ville de Niamey :
« De ce que je vois, il y avait moyen de le sauver et j'ai vraiment l'impression qu'on l'a laissé mourir. »
Les conditions de l'assaut donné par les forces spéciales françaises héliportées à partir de Ouagadougou, dans les broussailles désertiques de la frontière nigéro-malienne, commencent à se préciser.
Selon le témoignage d'un membre de la même katiba d'AQMI, Mohammed Ould M'Balle, incarcéré à Nouakchott et entendu par le juge d'instruction français Yves Jannier en novembre dernier, les ravisseurs d'Antoine et Vincent étaient au nombre de huit, dans un 4X4 blanc.

Des zones d'ombre

Dès l'enlèvement, la Garde Nationale et la Gendarmerie nigériennes sont mobilisées et tentent de rattraper le convoi. La Garde décroche avec un blessé. Le véhicule des ravisseurs roule toute la nuit.
Au matin, les gendarmes nigériens lancés à leurs trousses sont pris en otage à leur tour, avec leur véhicule de service, à la faveur d'une embuscade qui fait un mort et quatre blessés. Un troisième véhicule, appelé en renfort, rejoint le convoi avec un nombre inconnu d'hommes.
Le ministre de l'Intérieur du Niger, Ousmane Cissé, qui a cédé son portefeuille à la faveur des élections présidentielles d'avril, se souvient :
« J'avais donné des consignes à la Garde Nationale et à la Gendarmerie de tout faire pour sauver les otages et de me les ramener vivants. Mon objectif était d'obtenir la libération des otages. Honnêtement, je ne peux pas me mettre à la place des autorités françaises.
Moi, personnellement, à mon niveau de connaissance, je ne savais pas qu'une intervention était prévue. J'ai appris qu'un assaut avait été donné le lendemain, par hasard. J'ai perdu deux hommes. Ils sont sortis parce que j'avais donné des instructions et malheureusement, ils ne sont pas revenus. Je ne sais pas qui les a tués. Il y a quand même des zones d'ombre, je pense. »

TF1 n'a pas tout filmé

En septembre dernier, TF1 a publié une vidéo filmée par un appareil de surveillance de l'armée française et versée au dossier d'instruction. On y voit l'embuscade du matin, les trois véhicules en file indienne puis l'assaut, vers 10H30 : les trois 4X4 s'immobilisent en désordre, sous les arbres, une trentaine de soldats commandos des forces spéciales sont déposés au sol, puis les hélicoptères entrent en action.
Le véhicule de renfort est détruit. Le 4X4 blanc aussi mais cette séquence n'est pas filmée. La déclassification de cette minute d'image n'a pas été autorisée par le ministre de la Défense. On entend aussi l'ordre de sécurisation du 4X4 blanc, après la destruction du véhicule. « Reçu pour la sécurisation du pick-up blanc mais le pick-up blanc est détruit. » Enfin, on voit s'enfuir à pied au moins sept combattants d'AQMI, qui ne seront pas poursuivis ni inquiétés.

Vincent Delory n'avait pas succombé aux cinq impacts de balles

Lors de ce même interrogatoire, publié vendredi par Libération, le Mauritanien Mohammed Ould M'Balle a complété certains trous du récit, tel qu'il l'a entendu raconter par les ravisseurs à leur retour au camp.
Selon lui, ils ont immédiatement abandonné leurs véhicules pour éviter d'être abattus par les hélicoptères.
« Fayçal al-Jazaïri se trouvait en compagnie d'un des otages, qu'il tira à une distance pas loin du véhicule. Mais l'otage n'avait plus la force de suivre Fayçal al-Jazaïri dans sa marche. En conséquence, ce dernier l'abattit de plusieurs balles à partir de son arme de kalachnikov. »
C'est ainsi que mourut Antoine de Léocour, décédé d'une balle à bout touchant, à 200 mètres environ de la scène de l'assaut.
« Aucun, parmi les éléments de la katiba n'avait retiré le deuxième otage, qui avait brûlé dans le véhicule à bord duquel il se trouvait. Pour ma part, je pense que le véhicule a pris feu suite aux tirs d'une part, et d'autre part en raison de l'existence d'essence à son bord », poursuit le Mauritanien.
L'autopsie a confirmé que Vincent Delory n'avait pas succombé aux cinq impacts de balles mais bien « aux effets thermiques » de l'incendie. Il gisait à un mètre environ de la voiture. Il semble qu'il a réussi à se glisser hors du véhicule mais pas à échapper au brasier.

Un commandant « dans l'incapacité d'apporter des précisions »

Surgissent alors de nouvelles questions. « Pourquoi les hommes des forces spéciales, qui étaient à 30 mètres de mon frère, ne sont-ils pas allés directement sur la voiture ? On ne sait pas. Ils n'ont pas été interrogés par la justice. On nous a dit qu'il y avait des tirs qui venaient. Sur la vidéo, on ne voit qu'un seul tireur. On a appris aussi qu'ils n'avaient pas de gilets pare-balles », raconte Annabelle Delory.
Qu'est-ce-qui a provoqué l'incendie du 4X4 blanc ?
« Les militaires qui ont été interrogés ne disent pas grand chose. Ils ont tiré sur le véhicule pour le stopper mais ils ne voyaient rien. Aucun d'entre eux n'a la moindre idée de la raison pour laquelle le véhicule a explosé. »
Le patron de l'époque du Commandement des opérations spéciales, le général Frédéric Beth, entendu également, est « dans l'incapacité d'apporter des précisions » sur ce point.
On ne sait pas trop d'ailleurs quel était l'objectif d'Archange Foudroyant. Avec un bilan de six morts - deux gendarmes nigériens, deux otages français et deux hommes d'AQMI – a-t-il été atteint ? Est-ce une réussite, comme l'a estimé l'état-major de l'armée ? Un carnage, un massacre, comme en juge Me Franck Berton, l'avocat de la famille Delory ?
La justice, d'ailleurs, en jugera-t-elle ? Annabelle Delory en doute :
« Le juge d'instruction ne clarifiera pas tout ça, non. Personne ne jugera la responsabilité de l'armée. L'armée est juge et partie. Personne n'est juge non plus de la décision politique. L'Etat fait ce qu'il veut. Tout ça, ça nous fait mal. »
 
Par rue89.com