mercredi 29 février 2012

Sénégal : les quatre erreurs de Wade

DÉCRYPTAGE - Tanguy Berthemet, envoyé spécial du Figaro à Dakar, analyse les résultats du premier tour des élections sénégalaises.

À moins d'un improbable revirement, le président sénégalais devra affronter un second tour à l'élection présidentielle. Abdoulaye Wade s'était tellement dit sûr d'une victoire directe que cela passe presque pour une surprise. Pourtant, bien des signes montraient que ce pari était pour le moins osé. « Wade a péché par orgueil. Il s'est refusé à voir qu'il n'était plus aussi populaire qu'avant ou en tout cas à l'avouer publiquement », analyse un diplomate.

En bon connaisseur des siens, Wade ne pouvait en effet pas totalement ignorer la grogne des Sénégalais. Son score, que les médias sénégalais estimaient mardi aux alentours des 38 %, n'est certes pas négligeable. Mais sa base électorale s'affaiblit, loin des 55 % de l'élection de 2007. L'analyse des chiffres des élections locales de 2009 révélait déjà que son parti, le Parti démocratique sénégalais (PDS), en dépit d'une très large coalition, n'était plus majoritaire. La tentative échouée, en début d'année, de faire passer une réforme constitutionnelle permettant l'élection au premier tour d'un ticket président et vice-président avec seulement 27 % des voix sonne d'ailleurs comme la preuve d'une certaine inquiétude.

Les déçus du changement
Cet essai grossier de «tripatouillage» fut sa première et sa plus grosse erreur avec cette volonté de se représenter à un troisième mandat en dépit des promesses passées de ne rien en faire. L'élite intellectuelle sénégalaise, composante essentielle de sa victoire historique de 2000, lui a alors définitivement tourné le dos. Ces hauts fonctionnaires et ces artistes, qui ne manquent jamais de rappeler que le Sénégal se voit comme une véritable démocratie, n'ont pas apprécié de voir le pays ravalé au rang d'un bête «régime africain».

La deuxième faute de Wade est celle d‘avoir trop négligé un autre des piliers de ces triomphes passés. Les jeunes urbains, qui s'étaient massivement mobilisés lors des précédents scrutins, boudent. La pauvreté, la vie chère et le chômage ont fait d'eux les principaux déçus du sopi - le changement en wolof - promis par Wade. L'enrichissement rapide d'une minorité n'a rien arrangé. Les coupures d'électricité, incessantes pendant une décennie, ont-elles aussi puissamment nourri la déception.

Reste pour le président le poids des confréries musulmanes qui le soutiennent toujours discrètement. Abdoulaye Wade n'a jamais caché son affiliation à celle des mourides, l'une des plus grandes et des plus puissantes du pays. Il a reconnu avoir été élu avec l'appui mouride et s'en est même allé à Touba, leur capitale se prosterner devant le khalife. Ce faisant, il a rompu avec une tradition qui voulait que les chefs d'État ne fassent pas étalage de ces liens religieux. Cela a choqué, même au sein des mourides, mais plus encore parmi les fidèles des autres confréries, comme les tidjanes, qui toutes cohabitent pacifiquement.

Enfin, quatrième bévue, Abdoulaye Wade a sans doute aussi sous-estimé ses adversaires, à commencer par son probable challenger Macky Sall. Malgré ces errements, Abdoulaye Wade a tenté lundi d'afficher sa confiance. Si le combat qui s'annonce pour lui est loin d'être aisé, le vieux président et les siens gardent des atouts. Le poids de la fonction offre bien des avantages tant logistiques que financiers. Il a surtout Wade lui-même, qui en tribun doué et politicien madré, n'est jamais meilleur qu'en campagne.


Par Tanguy Berthemet


jeudi 16 février 2012

L’indignation des fonctionnaires du CGRA Pourquoi les états européens ne peuvent-ils pas contrôler leurs migrations ?

Une analyse sérieuse de la capacité des États à contrôler les flux de migrants nécessite une revue des fondements théoriques expliquant, d’une part, les mécanismes migratoires et, d’autre part, les processus de constitution des politiques dans le cadre spécifique de l’Union Européenne. 
En premier lieu, nous aborderons les processus migratoires. En second lieu, nous défendrons l’argument selon lequel les États européens ne peuvent pas contrôler entièrement leurs flux de migrants en y expliquant les raisons.
L’approche utilisée dans ce travail s’inscrit dans la perspective néo-institutionnelle. L’acteur est ici considéré comme socialement compétent dans la mobilisation des ressources mises à sa disposition, afin d’accéder à des opportunités et réaliser des objectifs qu’il est en mesure de percevoir et de se fixer, malgré les contraintes institutionnelles qui s’exercent sur son action et ses perceptions (Giddens 2005).

Les processus migratoires

« Il n’y a plus de fantasme, mais seulement des programmes de vie, toujours modifiés à mesure qu’ils font, trahis à mesure qu’ils se creusent, comme des rives qui défilent ou des canaux qui se distribuent pour que coule un flux », disait Deleuze (Deleuze et Parnet 2008, 59). Les migrations internationales forment un prisme de situations très différentes, mais suivant des processus semblables. Nous aborderons la majorité d’entre eux, ensemble de mécanismes caractérisés dans les projets migratoires, les chaînes migratoires, les contextes structurels des états et la globalisation. Nous esquisserons l’impact des politiques de visa vis-à-vis de ces phénomènes.

Le projet migratoire

Selon Castles (2007), les migrants adaptent leurs comportements par rapport aux contextes dans lesquels ils vivent. Par exemple, un migrant qui souhaitait rentrer dans son pays d’origine après une période de travail peut décider de rester et de ramener sa famille. Il ne s’agit pas seulement d’une intention de migrer, mais d’un projet migratoire. Ce projet comprend toujours un ou plusieurs objectifs, définis par un individu ou une communauté (Massey 1999, 48). Ces objectifs peuvent varier en fonction du contexte du pays d’origine et de ses relations avec le pays d’installation. Par exemple, l’immigration coréenne aux États-Unis est plutôt une immigration d’entrepreneurs de classe moyenne disposant d’un capital financier (Alba et Nee 1997, 46). Bien que le contexte structurel du pays d’origine influence le projet migratoire, les projets individuels en son sein peuvent être très diversifiés. L’étude des situations des migrants algériens en séjour irrégulier en France révèle au moins quatre profils aux motivations distinctes, même s’ils soulignent tous les conditions politiques et économiques algériennes (Têtu 2008). Considérer la migration comme un projet qui puisse s’adapter permet de mieux saisir le rôle des politiques publiques sur les comportements qu’elles cherchent à transformer. Ces dernières n’interviennent que comme facteur facilitant ou entravant ce projet, mais ne déterminent pas ses objectifs. Ajoutons que le projet migratoire n’est pas uniquement fondé sur une logique économique. Ainsi, le cas de cette sénégalaise, enceinte, mariée religieusement avec un belge et qui, découvrant qu’il est marié civilement en Belgique et tarde à divorcer, m’explique qu’elle vient d’une famille riche mais préfère vivre ici, dans la précarité, plutôt que d’affronter la honte de l’exposition de son échec conjugal à sa famille (entretien privé).
diasporaenligne.net

PRESIDENTIELLE FRANÇAISE: l’Afrique doit-elle toujours rêver ?

La campagne présidentielle en France connaîtra, dans les jours à venir, une ambiance beaucoup plus mouvementée avec la déclaration officielle de candidature de Nicolas Sarkozy, président sortant. Le chef de l’Etat français et son équipe de campagne iront à la conquête de l’électorat français sans doute sur les chapeaux de roue.

L’Union pour un mouvement populaire (UMP) a, en effet, un retard non négligeable à rattraper sur son concurrent principal à la présente présidentielle, le Parti socialiste (PS), si l’on se fie aux estimations des intentions de vote. Le candidat de l’UMP est constamment dépassé par celui du PS aussi bien dans les sondages que sur le nombre de visites sur leurs pages Facebook. Rien n’est cependant ni gagné d’office ni perdu d’avance, les différents candidats ayant jusqu’au 22 avril pour rectifier le tir. Et, comme à chaque élection présidentielle d’un pays occidental, notamment de l’Hexagone et du Pentagone, le continent africain, surtout les ex-colonies françaises, suivent de près l’évolution de ce scrutin.

Les pays du continent noir n’ont sans doute pas tort de se préoccuper de savoir qui présidera au destin d’une nation comme la France. L’ex-métropole a toujours exercé une espèce de droit tutélaire sur ses anciennes colonies, toute chose qui ne manque pas d’affecter leur fonctionnement. Les Etats d’Afrique francophone ont, par conséquent, en fonction des attentes de chacun, des choix préférentiels parmi les 16 candidats déclarés. Des préférences qui varient selon que l’on se situe au niveau des populations ou des gouvernants. Bien des têtes couronnées africaines préféreront certainement la continuité avec Nicolas Sarkozy au risque probable de changements avec François Hollande.

Les populations africaines, par contre, aimeraient sans doute expérimenter une toute autre aventure avec les socialistes, voire les nationalistes du Front national (FN). Car, à leur décharge, la rupture promise par le vainqueur de l’élection de 2007 se fait désespérément toujours attendre. La Françafrique et ses pratiques souterraines ont encore pignon sur rue, quand bien même certaines décisions courageuses sont à saluer. Hormis les interventions françaises en Libye et en Côte d’Ivoire dont le candidat Sarkozy a été l’un des initiateurs et précurseurs, le reste du bilan de celui-ci n’aura été profitable au final qu’à ses seuls pairs.

Le non-règlement de l’injustice sur la valeur de la pension des anciens combattants noirs et blancs et les sorties incongrues du président français sur l’histoire de l’Afrique, ainsi que celle de son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, sur une prétendue inégalité entre les civilisations, sont entre autres, les taches qui assombrissent le tableau de l’UMP. Les mouvements de protestations qui se multiplient sur le continent africain traduisent cependant la soif des générations montantes de voir les choses se passer autrement désormais. Mais de là à croire béatement qu’un simple changement de régime et de système de gouvernance en Occident suffirait à opérer cette rupture, il y a quand même un traquenard dans lequel il faut savoir éviter de tomber. Il n’y a point de meilleur candidat pour l’Afrique à la course à l’Elysée.

Barack Obama dont la couleur et l’origine africaines avaient fait rêver beaucoup d’Africains, a fait déchanter ces derniers qui se sont vite rendu compte que l’arrivée d’un Noir à la Maison Blanche ne constitue pas forcément pour ses frères de couleur une Green Card pour les USA. Nicolas Sarkozy, descendant hongrois, a prouvé au reste du monde qu’il est avant tout le président d’un seul pays. Elu par les Français, un président, quels que soient son origine, son bord politique ou ses valeurs républicaines, défendra avant tout les intérêts de la France.

Le moment est donc venu pour les Africains de rompre avec le penchant infantiliste qui consiste à lier systématiquement leur sort à la nature des pouvoirs occidentaux. L’Afrique ferait plutôt mieux de se réveiller de sa somnolence, de mettre fin à son rêve de voir un messie sortir des urnes occidentales pour tracer à sa place les grands sillons de son développement. Le berceau de l’humanité ne pourra rattraper son retard sur les autres continents s’il continue de croiser les bras et d’attendre que son salut vienne d’eux. Il doit oser prendre son propre destin en main en inversant les tendances. Au lieu d’attendre qu’un candidat acquis à leur cause soit porté à la tête d’une puissance mondiale pour bénéficier de sa magnanimité, les pays africains doivent faire en sorte de forcer le respect et la considération de tout régime d’où qu’il vienne.

Qu’il soit issu de la droite, du centre, de la gauche, du camp des écolos ou de toute autre tendance, le regard que portera le prochain gouvernement français sur les Etats africains francophones, ne sera que le reflet de l’image que ces derniers donneront d’eux-mêmes. S’ils se montrent responsables, audacieux et dignes comme leurs frères anglophones, ils seront, à coup sûr, traités avec dignité et respect par n’importe quel Français.



« Le Pays »

mercredi 8 février 2012

Abdoulaye Wade : une autre honte africaine !

« Abdou Diouf a fait 20 ans, Senghor a fait 40 ans. Pourquoi pas moi ?!! », déclare le Président sénégalais (85 ans, qui a déjà fait deux mandats) aux journalistes étrangers cette fin de semaine !

C’est décevant et honteux pour l’Afrique ! On a entendu ses partisans avancer les mêmes raisons qu’on avait entendues en Guinée lorsque le Général Lansana Conté voulut modifier la constitution pour rester à vie: « Il doit rester pour terminer ses bonnes œuvres ».

La Guinée ne s’en est pas remise encore. Comment Abdoulaye Wade, un des hommes les plus instruits du continent et juriste peut-il chercher à ramener son pays à la situation guinéenne de 2003 ?

Revenons à Senghor. Ce dernier a été le premier président du Sénégal, de 1960 à 1980, ce qui fait 20 ans et non 40 comme dit A. Wade. D’ailleurs selon Wade, Senghor et Diouf aurait fait 60 ans ensemble à la tête du Sénégal alors que l’Etat sénégalais fête ses 52 ans en 2012.

Au Sénégal, on compte déjà plus de 4 morts et le vieux président signe et persiste qu’il est candidat dans 3 semaines où il remportera dès le premier tour et qu’il est candidat en 2017 également !

En Afrique comme ailleurs, la démocratie ne s'est irreversiblement établie en général qu'après des révolutions de rue pour faire tomber les dictatures de force et appliquer la justice populaire aux anciens dignitaires et leurs proches.

On ne négocie pas la fin d'une dictature sans qu'on ne lui oppose d'abord les moyens qu'elle déploie elle-même pour s'imposer au peuple.



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Cheikh Tidiane Gadio : « Nous n’appelons pas à une guérilla au Sénégal ! »

L’ancien ministre des Affaires étrangères sénégalais, Cheikh Tidiane Gadio, a proposé lundi lors d’un rassemblement de l’opposition la mise en place d’un Conseil national de transition au Sénégal si le président Abdoulaye Wade maintenait sa candidature.
Cheikh Tidiane Gadio, qui est lui-même candidat à la présidentielle pour le parti "Luy Jot Jotna", qu’il a créé après avoir quitté en 2010 le gouvernement s’explique pour Afrik.com.

Afrik.com : Pouvez-vous revenir sur votre proposition de création d’un Conseil national de transition au Sénégal ?

Cheikh Tidiane Gadio : Cette proposition vient à la suite de mes différents discours contre la validation de la candidature de Wade par le Conseil Constitutionnel. Vous savez, j’ai été le premier à parler de coup d’Etat constitutionnel si Wade est autorisé à briguer un troisième mandat. Nous avons utilisé tous les moyens nécessaires pour qu’il retire sa candidature. Nous nous sommes mobilisés de façon pacifique et nous n’avons rien obtenu. Si le président Wade continue dans cette logique, nous ne le reconnaîtrons pas, ni son gouvernement d’ailleurs. S’il persiste, nous allons prendre toutes nos dispositions pour mettre en place un Conseil national de transition car nous estimons qu’il a violé la Constitution.

Afrik.com : Le Conseil national de transition a été créé en Libye pour faire face à la grave crise politique que le pays connaissait avant la chute de Mouammar Kadhafi. Le Sénégal qui est une démocratie est loin d’être dans le même cas de figure. N’allez-vous pas au contraire envenimez la situation actuelle avec un tel projet ?

Cheikh Tidiane Gadio : Nous ne voulons en aucun cas imiter le modèle libyen. Le Sénégal n’est pas la Libye ! C’est une démocratie en processus de maturation ! L’idée n’est pas de créer un Benghazi bis au Sénégal. Pour Abdoulaye Wade, le Conseil national de transition ne peut pas poser de problème puisque c’est le premier chef d’Etat qui s’est rendu à Benghazi pour soutenir le CNT libyen. Donc il ne peut pas dire que le CNT ne peut pas s’appliquer au Sénégal. Nous voulons mettre en place cet organe politique pour restaurer les institutions au Sénégal qui ont été bafouées par Wade. Le problème est que Wade est entrain de remettre en question nos acquis démocratiques. Il veut mettre en place un forcing pour briguer un troisième mandat. La proposition d’un Conseil national de transition entre dans la cadre de ce que nous avons toujours dit, à savoir manifester notre désaccord de façon toujours pacifique. Et c’est ce que nous allons continuer à faire. Nous n’appelons pas à une guérilla au Sénégal ! Et encore une fois je le redis nous ne voulons pas créer un CNT de type Benghazi.

Afrik.com : Jusqu’à présent la majorité des candidats à la présidentielle ne se sont concentrés que sur la candidature du président Wade. Peu d’entre eux ont présenté un programme clair pour redresser le pays. Quel est le votre ?

Cheikh Tidiane Gadio : Je ne veux pas m’étendre là-dessus car ce serait trop long à vous expliquer. Juste en quelques mots, concernant notre programme nous avons prévu de ne pas faire comme les autres candidats. Pour résumer, notre programme c’est : nourrir, éduquer, soigner et libérer les énergies.
Nourrir. Nous voulons développer l’agriculture sénégalaise. Car un pays ne peut pas être considéré comme émergent s’il ne règle pas le problème de son autosuffisance alimentaire. Nous voulons créer des agropoles dans les villes, fermes, et des infrastructures modernes. Nous voulons trouver des engrais bon marchés pour que les agriculteurs puissent travailler avec. Nous voulons également trouver des techniques qui permettent de transformer et transporter les produits agricoles. Près de 60% des Sénégalais sont issus du monde rural mais ils contribuent seulement à 20% des richesses nationales. Nous souhaitons que 70% d’entre eux contribuent au PIB.
Éduquer. Nous voulons réformer le système éducatif sénégalais pour former des cadres qui créeront des emplois à leur tour et non former des diplômés chômeurs. Concernant la santé nous sommes horrifiés que des femmes enceintes meurent à Kolda faute d’infrastructures alors que l’hôpital central n’est qu’à 30 minutes de chez elles. Nous voulons créer des conditions d’accès aux hôpitaux.
Libérez les énergies. Depuis cinq décennies aucun de nos dirigeants n’ont réussi à combattre la pauvreté. En 1960, la Corée et le Sénégal avaient le même PIB. Aujourd’hui, la Corée a réussi a multiplié par 400 son PIB. Le Sénégal est toujours à la traine. Il faut que cela change. Nous n’avons aucun intérêt à nous enrichir. Nous sommes des cadres compétents et nous voulons servir notre pays.

Afrik.com : Pourquoi êtes-vous aussi virulent à l’encontre du président Wade alors que vous avez participé à son gouvernement en tant que ministre des Affaires étrangères avant de démissionner en 2010 ?

Cheikh Tidiane Gadio : Pourquoi me parlez-vous systématiquement de Wade ! Je ne vais pas m’attarder sur cette question ! Wade c’est mon passé ! C’est fini ! Désormais je suis tourné vers l’avenir de mon pays ! C’est tout ce qui compte.

Afrik.com : Pourquoi l’opposition sénégalaise n’a toujours pas réussi à trouver un candidat unique ?

Cheikh Tidiane Gadio : Aujourd’hui nous travaillons tous ensemble main dans la main. Et nous prouverons que nous sommes tous unis au moment de l’élection.


mercredi 8 février 2012 / par Assanatou Baldé

vendredi 3 février 2012

Eric Fassin : pourquoi Aubry et Fillon n'ont pas débattu d'immigration


Jeudi soir sur France 2, après un débat économique très technique, Martine Aubry, invitée de l'émission « Des paroles et des actes », a – quelques minutes seulement – ouvert la discussion sur l'immigration, accusant Nicolas Sarkozy d'avoir laissé s'installer des passerelles avec l'extrême droite.
Elle s'est adressée à François Fillon de façon vive pour le mettre face aux différentes mesures prises durant ces années (Roms, discours de Grenoble, discours de Dakar). François Fillon s'est drapé dans sa dignité :
« Je ne peux pas vous laissez dire que le président de la République aurait laissé s'instaurer des passerelles entre l'extrême droite et [l'UMP]. Chacun sait que l'extrême droite est le principal adversaire du président de la République, de notre majorité. Et jamais je ne l'aurais accepté. »
Le bref passage sur l'immigration
Rue89 a demandé au sociologue Eric Fassin, spécialiste des questions d'immigration, de réagir à ce court échange entre le Premier ministre et la première secrétaire du PS.
Rue89 : L'intervention a été brève. L'immigration ne semble pas encore faire partie des grands débats de cette campagne alors même que c'est une question qui a dominé le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Pourquoi ? Est-ce un sujet de campagne comme les autres ?
Eric Fassin : La droite est prise entre deux exigences contradictoires :
  • d'un côté, il ne lui est pas possible de désavouer la dérive qui la rapproche toujours plus de l'extrême droite. Aussi le Premier ministre se met-il à raisonner comme son ministre de l'Intérieur : il parle d'« immigration incontrôlée » ;
  • d'un autre côté, la droite gouvernementale doit continuer de se démarquer du Front national, puisqu'elle prétend que c'est pour mieux le combattre qu'elle va sur son terrain, entre immigration et identité nationale.
Sur France 2, jeudi soir, François Fillon parvient à conjuguer habilement les deux logiques en réponse à Martine Aubry, qui l'interroge sur le discours de Grenoble : « Je ne peux pas vous laisser dire que le Président a laissé s'installer des passerelles avec l'extrême droite . » Autrement dit, il n'a rien à redire au tournant de l'été 2010 ; c'est donc qu'un tel discours n'aurait rien à voir avec le FN…. Forcément, sinon comment le Premier ministre s'en accommoderait-il ?
On le voit cependant : pour la droite, l'exercice est périlleux. D'autant qu'elle hésite à aller plus loin dans la xénophobie politique – non par humanisme, mais au vu des sondages, qui ne l'encouragent pas dans ce sens. Bref, elle se contente d'assumer son bilan. Encore peut-on s'interroger : comment la majorité peut-elle dénoncer une « immigration incontrôlée », alors qu'elle-même est au pouvoir depuis dix ans ?
Martine Aubry s'est montrée plutôt offensive jeudi soir mais si depuis 2007, les socialistes condamnent la politique d'immigration de l'UMP, ils ne proposent pas pour autant d'alternative réelle (ou du moins audible). Pourquoi la gauche a tant de difficultés à se saisir de ce sujet ?
La gauche n'est pas moins embarrassée que la droite. En effet, la droite décomplexée d'aujourd'hui a pour envers une gauche complexée. Beaucoup, à gauche, sont convaincus que la politique de la droite, en matière d'immigration, serait démagogique. C'est oublier que ni le débat sur l'identité nationale ni le discours de Grenoble n'ont bénéficié au Président dans les sondages : cette politique n'est pas populaire !
N'importe : l'opposition de gauche est convaincue qu'elle ne doit pas trop se démarquer de la droite, sous peine d'éloigner d'elle encore davantage les classes populaires. Elle s'est donc laissé imposer l'idée, contraire à la réalité, que la xénophobie d'en haut ne serait qu'un miroir tendu à la xénophobie d'en bas.
Elle hésite alors entre deux stratégies :
  • d'une part, imiter la droite, en reprenant par exemple le « cas par cas », mais « à visage humain », comme le faisait Ségolène Royal en 2007, et comme le fait aujourd'hui François Hollande ;
  • d'autre part, éviter le sujet. Pour l'instant, cette deuxième option est la stratégie dominante au PS.
Il suffit de voir comment la Fondation Terra Nova, proche de ce parti, a choisi, à ce jour, de ne pas publier la note consacrée à la politique d'immigration rédigée par l'économiste Mouhoub El Mouhoud. Quoi de plus inquiétant, en effet, qu'un expert légitime qui affirme avec force qu'il n'y a pas de « problème de l'immigration », et que le vrai « problème », c'est… la politique d'immigration ?
La semaine dernière, déconcerté par la question « êtes-vous pour l'immigration choisie », François Hollande répondait qu'il préférait l'expression « immigration intelligente » à « immigration choisie ». Comment interprétez-vous cette réponse ?
Manifestement, sur ce thème, François Hollande n'a guère envie de se mouiller… Qu'est-ce que ça veut dire, « immigration intelligente » ? Je n'en sais rien. Peut-être rien.
Pourtant, il serait difficile de croire que François Hollande ne se doute pas qu'un jour ou l'autre on va l'interroger sur l'immigration ! Le choix des mots trahit donc plutôt son désarroi : « immigration intelligente », à défaut de politique d'immigration intelligente...
Or, le seul moyen d'échapper au piège, ce serait de sortir du débat défini par la droite pour en refuser les termes. Bref, il faudrait refuser le « problème de l'immigration ».
Le plus frappant, c'est que la gauche le sait. La preuve ? Son soutien au droit de vote des étrangers s'avère payant : loin de lui coûter, ce choix rapporte aujourd'hui dans l'opinion, manifestement moins xénophobe qu'on ne veut nous le faire croire puisqu'elle y est très favorable.
Pourtant, la gauche n'ose aller plus loin, en poussant son avantage. Elle se veut raisonnable ; mais le problème n'est pas qu'elle vend son âme, mais plutôt qu'elle la vend sans nécessité, et sans en retirer de bénéfices…

Par rue89.com

Wade de moins en moins soutenu par les Occidentaux

Face au maintien de la candidature du président Abdoulaye Wade au scrutin présidentiel du 26 février et à la contestation de l'opposition, la communauté internationale prend ses distances.

La France et les Etats Unis ont pris ces derniers jours leurs distances avec le président sénégalais. Washington a souhaité voir un "passage de générations" à la tête de l'Etat sénégalais, tandis que le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a même assuré mercredi que "le message a été entendu à Dakar".

De son côté, le président sénégalais Abdoulaye Wade a comparé à une simple "brise" la manifestation de mardi contre sa candidature à la présidentielle, alors que l'opposition devait présenter jeudi un nouveau plan d'action. "Une brise est un vent léger qui secoue les feuilles des arbres, mais elle ne devient jamais un ouragan", a déclaré mercredi soir le président Wade, qui s'exprimait au cours d'une cérémonie publique à Dakar.

Dans un communiqué, le gouvernement a "condamné les actes de violence qui ont marqué le meeting du M23" et "regretté profondément les débordements qui ont malheureusement conduit à la mort" d'un jeune homme, "heurté accidentellement par un véhicule".

Commentant ces violences, la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a exprimé sa "préoccupation" sur un "possible usage excessif de la force par les autorités".

Alors qu'il n'existe plus désormais aucun recours légal pour contester la candidature de Wade, les responsables du M23 multiplient les réunions depuis mardi, promettant "nouvelle stratégie" et "plans d'action" pour faire face à "la répression du gouvernement".

Par LEXPRESS.fr,

jeudi 2 février 2012

Racisme et sexualité : l'affiche étudiante qui fait débat en Afrique du Sud

L'Organisation étudiante de l'Alliance démocratique (Daso), un parti d'opposition, a présenté en Afrique du Sud une affiche controversée faisant partie de sa campagne contre le racisme. L'affiche, dont le slogan est « Dans NOTRE avenir, tu ne les snoberas pas », montre un couple mixte nu enlacé.
Cette affiche a provoqué pas mal de bruit sur Facebook, Twitter et la blogosphère ; des parodies sont également apparues. Voici quelques réactions que l'on a pu lire en ligne.


« Si vous prenez le temps de lire attentivement les commentaires sur Facebook, il est très intéressant de noter les différentes manières dont réagissent les Sud-africains à la même image : “C'est ringard et ça fait années 90” ; “c'est un portrait simpliste et blessant des relations interraciales” ; “c'est beau, on en redemande” ; “c'est répugnant, vous venez de perdre mon vote”. »
Jacques Rousseau écrit sur Synapses :
« Voilà ce que fait cette affiche : elle souligne tout simplement que certaines personnes méprisent les couples mixtes et rappelle que dans l'avenir parfait de Daso, cela n'arrivera pas. »
Baas De Beer remarque :
« Une telle campagne n'évitera jamais les critiques. Il y en aura toujours qui diront que c'est immoral, d'un caractère expressément sexuel, que cela transmet des messages contradictoires à la jeunesse.
A tous ceux-là, je réponds : réveillez-vous, on est en 2012 ! Il y a des spots publicitaires beaucoup plus audacieux qui font la promotion de tampons, chocolats ou même appareils photo.
Mais en aucun cas, l'affiche ne promeut la promiscuité sexuelle (rien ne vous dit que ces deux-là ne soient pas mariés – pour contrer un argument du Parti démocratique chrétien).
Le seul message que cette affiche combat, est celui de haine et de séparation entre deux adultes – l'un noir et l'autre blanc – qui sont encore coincés par des sermons datant de l'âge de pierre donnés à leurs enfants.
Si on considère le message proprement dit, je le trouve profondément respectueux et je pense qu'il était temps que quelqu'un le dise. Ce monde ne deviendrait-il pas meilleur si les gens arrêtaient de chercher l'erreur dans la vie d'autrui simplement parce qu'ils ont trop peur d'affronter leurs propres démons ?
Cette planète ne serait-elle pas plus joyeuse si la société au lieu d'exclure, incluait ? Si la race, la culture, le sexe et la religion n'étaient pas utilisés en tant qu'armes ?
Vous pouvez avoir votre propre opinion, mais elle s'arrête là : c'est VOTRE opinion. Si vous n'aimez pas les relations interraciales, ALORS N'EN AYEZ PAS. Facile, non ? »
« De toutes façons, les types de la Daso sont totalement sur UN AUTRE NIVEAU en introduisant ce thème dans leur affiche politique et en appelant l'attention sur UN SUJET TABOU, la société sud-africaine où UNE MAJORITÉ N'AIME PAS SE DÉMARQUER DANS LA SCÈNE POLITIQUE. »
Jaqamba jette un regard critique sur la Daso :
« A mon avis, la Daso et ses membres devraient avoir honte des affiches. Elles ne sont ni controversées, ni ne peuvent servir de référence dans le jugement des relations raciales en Afrique du Sud.
Dans toute société, indépendamment du degré d'intégration auquel elle prétend, il y aura toujours des conservateurs et des fondamentalistes.
De la même manière, il existe des Sud-Africains (blancs et noirs) qui tiennent fortement à leur point de vue pré-démocratique ou de l'époque de l'apartheid en ce qui concerne la race et la “moralité raciale”.
Cependant, puisqu'il n'existe aucune loi mettant en garde contre l'intégration raciale ou faisant la promotion de la pureté raciale, le débat reste d'actualité et le remettre en question ne sera aucunement bénéfique pour la société sud-africaine.
Pour un avenir dit progressiste, la Daso semble se contenter de remâcher sans cesse la même chose. »
Rosealix résume sur 10and5 :
« Tandis que les uns défendent sans concession l'idée, les autres sont convaincus que l'Alliance démocratique accuse les Sud-Africains d'être racistes ; tandis que les uns sont conservateurs et s'indignent de la nudité, les autres se demandent si la prochaine campagne n'inclura pas une histoire d'amour homosexuelle.
Certains disent que ça fait cliché, d'autres trouvent que le sujet n'est pas pertinent pour notre époque et pour tous ceux qui s'opposent aux normes du travail artistique, enfin les derniers se demandent pourquoi tant de remue-ménage. »
Mafedi Selepe observe :
« Avec l'impression que la Daso prétend probablement à un prix Nobel, il est difficile de se détacher de la fausse idée qui résulte d'une mauvaise interprétation du poster.
En ce qui me concerne, lorsque je m'assieds et que j'observe le poster d'un mauvais œil, j'utilise la même méthode apprise à l'école bourgeoise, et je parviens sûrement à la conclusion que la Daso essaye de nous dire que nous ne pouvons cohabiter que si nous sommes préparés à dire que l'homme blanc est supérieur à l'homme noir, perpétuant tout en l'infléchissant la société de voisinage selon Hendrick Verwoerd, qui reconnaît et admet les différences de cette nation colorée incomplète qui n'était autre qu'un rêve de Mandelas, Sisulus et autres héros et héroïnes. »
AKanyangaafrica identifie les conséquences de cette affiche polémique :
« Cette pub devrait, malheureusement, vous faire aimer encore plus les Sud-Africains, si ce n'était pas le cas.
Même les réseaux sociaux sont en ébullition, beaucoup haussent le ton pour clamer qu'ils ne sont pas racistes quand ils le sont.
Bien que les points de vue divergent sur le thème racial – mais on pouvait se rendre compte que beaucoup de personnes noires étaient plus en colère que les personnes blanches, ce qui prouvait bien que l'Alliance démocratique était loin d'être le parti d'opposition non-racial qu'il se prétend.
Peut-être que l'Alliance démocratique n'a pas accompli un de ses objectifs (celui de s'identifier en tant que parti non-racial) mais elle a réussi à ce que les Sud-Africains débattent sur le sujet polémique et épineux que représente celui de la race, et par la même occasion à dévoiler nos tendances racistes.
Selon Sarah Britten, le but des affiches était que nous les trouvions surprenantes ou offensives, ce qui impliquerait par conséquent que nous sommes “particulièrement conscients de la race” pour ensuite nous montrer que nous avons besoin d'une “rééducation” selon les “principes non-raciaux de l'Alliance démocratique” (c'est moi qui souligne). »
Tsholo décrit ce que voient les gens en regardant l'affiche :
« Mettre en évidence la race d'un individu ne permettra jamais de vaincre le racisme, à mon avis. Au final, parce que le poster parle des races, quand tu le regardes, tu vois une fille NOIRE et un gars BLANC, et pas simplement un couple. »
Toutefois, pour SihleMthembu la campagne a été une réussite :
« Personnellement, je pense que vous tous êtes en train de vous émouvoir pour rien, LOL. Qu'il s'agisse d'un gars noir et d'une nana blanche ou pas, le message serait le même.
Je crois que cette campagne est une réussite dans le sens que les gens en parlent. Je crois que l'idée est de franchir les barrières raciales… et à mon avis, ceux qui ont du mal à accepter cette campagne telle qu'elle est, sont ceux qui sont encore mal à l'aise avec les relations interraciales. »

Par rue89.com

Le franc CFA encore dans la zone des turbulences !

Le même scénario recommence comme en 1993, scénario qui a fini par accoucher de la dévaluation du Franc CFA en janvier 1994. Comme dans cette première dévaluation, les certitudes des technocrates se heurteront encore longtemps à l’entêtement des décideurs politiques qui savent bien que la dévaluation d’une monnaie commune est chose mal aisée et dangereuse : en l’occurrence, ça risque de faire imploser la zone franc, libérant le fameux franc CFA (dans ses deux présentations) de la tutelle du Trésor français ; tutelle que certains patriotes et intellectuels africains jugent pesante et humiliante.

Or, un divorce ne se réussit jamais à froid ; personne parmi les Chefs d’Etat du Pré carré n’a jamais ouvertement souhaité la fin de la zone franc, devenue par la suite la zone euro. Mais personne ne donnerait sa tête à couper pour maintenir en vie cette zone, l’une des dernières survivances des trouvailles « africaines et malgaches » de l‘ancienne puissance colonisatrice. En effet, la zone franc est devenue l’illustration parfaite de la politique hégémonique de la France sur ses ès-colonies, empêchant de ce fait l’accélération de l’intégration sous-régionale en Afrique de l’Ouest. On comprend donc que la menace d’une nouvelle dévaluation puisse jeter émois et craintes chez tous les francophiles, qu’ils soient de la génération paternaliste de la Françafrique ou sincèrement francophones. En effet, une nouvelle dévaluation fortifierait ipso facto les assauts de tous les ennemis, libéraux surtout, du maintien de la zone, et sa disparition au moins dans sa forme de monnaie sans personnalité internationale. Qui peut parier sur la survie de l’UEMOA dans sa forme actuelle si le franc commun n’est plus garanti par le Trésor français et s’il devient une monnaie non convertible ? Ce serait une belle opportunité pour le géant nigérian d’asseoir son hégémonie au sein de la CEDEAO et de parvenir à la création d’une monnaie sous-régionale ! L’alternative n’est certes pas plus réjouissante : est-il mieux de quitter le parapluie français pour venir s’abriter sous celui d’un pays en voie d’émergence certes, mais en définitive un pays sous-développé comme devant ? Plutôt la France que le Nigéria ou l’Afrique du Sud, telle serait la pensée secrète de la plupart des élites africaines francophones.

Et puis, à voir les difficultés actuelles de la zone euro dont la principale cause est la difficulté d’une politique monétaire commune, une zone monétaire de la CEDEAO ne créerait-elle pas beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en puisse résoudre ? Ce qui est sûr, le simple bon sens ferait voir à tous les Africains, quelles que soient les professions de foi, que plutôt qu’une gestion de leur monnaie par le Trésor français, lui-même soumis aux dictats des partenaires européens de l’euro, il vaudrait mieux comme dans le cas de transfert de souveraineté lors de l’éphémère Communauté Franco-africaine, que le franc CFA, monnaie commune si possible aux anciennes colonies françaises d’Afrique, soit autonome de toute garantie du Trésor français. Il est temps que l’UEMOA prenne et assume la gestion pleine et entière du franc CFA en Afrique Occidentale. Idem pour l’Afrique centrale. Certes, l’ancien militant anti-impérialiste repenti que je suis devenu se méfie de toutes les prises de position alimentées par des surenchères idéologiques. On ne conduit pas une politique sereine avec des sautes d’humeur idéalistes. Avec sa célèbre phrase : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’esclavage dans l’opulence », Sékou TOURE n’a guère fait progresser la cause du peuple guinéen en 1958 ; d’autant plus que moins de deux ans après, tous les pays africains de l’ex-A.O.F. et de l’ex-A.E.F. étaient contraints d’accepter l’indépendance de leur territoire !

Il n’était donc pas du tout réaliste de sortir avec fracas de la fameuse Communauté franco-africaine que tous les analystes de stratégie géopolitique savaient condamnée à terme parce que non viable : il fallait seulement patienter pour cueillir l’indépendance comme un fruit mûr, au lieu d’engager la Guinée dans une aventure sanglante dont elle peine à se relever ! Patience, chers concitoyens ; la zone franc est condamnée à plus ou moins brève échéance.

En tout cas, ce serait suicidaire pour n’importe quel pays actuel membre de cette zone de la quitter en solo et d’aller battre sa propre monnaie. Aussi toute philippique virulente contre le franc CFA dans son organisation structurelle actuelle ne sert-elle à rien : le Bénin seul ne pourra jamais quitter la zone franc sans se faire hara-kiri sur le plan financier et économique. Les débats houleux actuels sur l’opportunité ou non d’une dévaluation du franc CFA montrent bien à souhait que le ver est déjà dans le fruit.


Écrit par Dénis AMOUSSOU-YEYE

CAN 2012 : La Côte d’Ivoire bien placée, la Tunisie au révélateur ghanéen

Samedi 4 et dimanche 5 février, se déroulent les quarts de finale de la CAN 2012. Avec huit équipes pour quatre places, la phase finale de la compétition réserve quelques oppositions inédites et des retrouvailles entre vieilles et nouvelles gloires du football africain. Lumière sur ces rencontres couperets.

Zambie-Soudan, samedi à 17 heures à Bata

Zambie et Soudan s’affrontent pour le compte du premier quart de finale. Pas d’opposition de style en vue pour les deux équipes surprises de cette CAN mais un spectacle inhabituel dans la compétition, sans doute plus technique et beaucoup moins physique. Premiers de leur groupe de qualification, avec 7 points en trois matches, les Boulets de Cuivre espèrent être du métal dont on fait les demi-finalistes en s’appuyant sur leurs artilleurs Mayuka et Katongo. Un Soudan soudé veut, lui, croire en sa bonne étoile après s’être qualifié in extremis à la différence de buts au détriment de l’Angola (4 points tous les deux). Si l’opposition semble à priori manquer de clinquant entre les outsiders de cette phase finale, la perspective de voir l’une de ces deux équipes en demie vaut, à elle seule, le détour.

Côte d’Ivoire-Guinée équatoriale, samedi à 20 heures à Malabo

La Côte d’Ivoire va se mesurer à la Guinée équatoriale. Alors que le pays hôte fait figure de magasin de porcelaine pour des Éléphants ultra favoris, auteurs d’un sans faute (trois matches, trois victoires), qu’on ne s’y trompe pas, c’est avant tout par leur défense que les hommes de François Zahoui ont brillé. Mails ils faudra plus qu’une ligne défensive en peau de pachyderme aux compères de Drogba, décevant dans le jeu, pour aller chercher la qualification. La Guinée équatoriale compte, elle, sur son bouillant public pour accrocher la Selefanto à un tableau de chasse déjà garnis des Lions du Sénégal. Premier test sérieux pour sa génération dorée, c’est le match de tous les périls pour la Côte d’Ivoire, celui de tous les espoirs pour le Nzalang.

Ghana-Tunisie, dimanche à 20 heures à Franceville

Le Ghana et la Tunisie se rencontrent pour une place en demi-finale. Autre favori de la compétition, les Black Stars ont un statut à assumer après leur beau parcours (7 points en trois matches). Pour continuer à briller dans le ciel gabonais, les Ghanéens devront compter sur des frères Ayew au firmament de leur talent pour passer la rugueuse défense tunisienne. Les Aigles de Carthage, seconds logiques derrière le Gabon dans le groupe C (6 points), veulent perpétuer la tradition de victoire d’un pays arabophone dans les dernières éditions, et succéder à l’Égypte. Dans une position de challenger qu’ils affectionnent, les Tunisiens ont l’occasion de frapper un gros coups contre l’autre gros favori delà compétition.

Gabon-Mali, dimanche à 17 heures à Libreville

Gabon et Mali vont devoir se départager dans l’avant-dernier quart de finale de la CAN. Leader dans un fauteuil avec 3 victoires en autant de matches, les Panthères comptent sur leur Cousin d’Amérique, ou plutôt d’Europe, pour l’expérience et sur Aubameyang, pour marquer les buts. Il faudra des Maliens malins pour emporter dans leurs serres une qualification laborieusement acquise dans le groupe de la mort (Guinée, Mali, Ghana). Dans ce choc entre les deux plus grosses colonies "made in Ligue 1" les chances semblent équivalentes dans la confrontation la plus équilibré de la phase finale.

par Antoine Bruxeille