lundi 28 novembre 2011

La France veut bien des étudiants étrangers, mais juste les riches

Je suis étrangère et je prépare l'examen d'avocat en France. Ce que l'Education nationale m'a apprise depuis mon enfance – j'ai été scolarisée dans un lycée français à l'étranger –, c'est qu'apprendre est une chance qui devrait être offerte à tous.
Mais depuis quelques années, ce sacro-saint principe du droit à l'éducation pour tous semble voler en éclats, non seulement pour les Français, mais aussi pour ceux qui ne le sont pas et ont choisi d'étudier en France.
Pourtant, l''inégalité d'éducation est, en effet, un des résultats les plus criants et les plus fâcheux, au point de vue social, du hasard de la naissance », comme le déclamait Jules Ferry il y a cent quarante et un ans.

Moins de 410 € ? Allez étudier ailleurs

Il y a peu, le centre de réception des étudiants étrangers de la préfecture de police de Paris a sursis à statuer sur ma demande de renouvellement de titre de séjour « étudiant ». Je disposais de moins de 450 euros sur mon compte bancaire ce jour-là.
Comprenez qu'après avoir payé mon loyer, mes frais de scolarité et être allée au cinéma, il est difficile pour moi de disposer de cette somme à la fin du mois.
En fait, l'agent de la préfecture s'est trompée : depuis un décret signé par le ministre français de l'Intérieur le 6 septembre 2011, il me faut justifier désormais d'au moins... 615 euros par mois pour pouvoir prétendre obtenir le précieux sésame.
Parions que la prochaine fois le même agent administratif me demandera de revenir avec la preuve que je dispose de cette somme exacte, qu'il y avait méprise.
Le message est donc clair, la France veut des étudiants issus de pays considérés aujourd'hui comme émergents ou non, pour assurer son rayonnement. Mais elle les veut riches de naissance.

Une rupture avec la tradition française

Le décret de Claude Guéant augmente de 30% le montant minimum de ressources mensuelles exigé pour les étudiants étrangers, et revient sur une tradition datant d'un décret de la IVe République, qui faisait correspondre cette somme au maximum alloué aux boursiers français sur critères sociaux. Ce qui garantissait une égalité réelle, dans la tradition française d'accès à l'éducation pour tous.
Pendant mes dernières années d'études, je justifiais de 430 euros mensuels de ressources. Cette année, il m'en faut au moins 200 de plus.
Tout comme ces milliers d'étudiants qui se sont engagés auprès des consulats français de leur pays d'origine, sous une condition de ressources de 430 euros par mois en août, et qui ont du être bien surpris de constater à leur arrivée sur place qu'ils allaient devoir trouver plus d'argent pour pouvoir rester étudier.
Notons enfin la cacophonie incroyable dans l'information délivrée aux étudiants sur la question du montant mensuel minimum nécessaire aux étudiants pour bénéficier de ce titre de séjour ;
  • Le site du ministère des Affaires étrangères avance un total de 430 euros,
  • Le site de Campus France, établissement public chargé de promouvoir l'éducation supérieure française à l'étranger, donne le chiffre de 455 euros minimum.
  • Le décret Guéant de septembre précise quant à lui que ce montant varie entre 615 et 770 euros, en fonction de l'État d'origine de l'étudiant.

RDC: Portraits des candidats à la présidentielle

Onze candidats se présentent à la présidentielle de ce 28 novembre en RDC, contre 33 en 2006. Rfi.fr vous propose les portraits de chacun des prétendants à la magistrature suprême. Portraits signés de nos correspondants et envoyés spéciaux et présentés dans l'ordre proposé par la Commission électorale indépendante.

Jean Andeka Djamba

Jean Andeka Djamba.
Radio Okapi/Ph.John Bompego
« Nous savons que ceux qui sont dans l’opposition, comme ceux de la majorité sont les mêmes qui ont été aux affaires dans ce pays, jusqu’à l’amener là où nous sommes arrivés. » Jean Andeka Djamba n’a pas mâché ses mots lorsqu’il a déposé sa candidature pour la présidentielle du 28 novembre. Il faut dire que le leader de l’Alliance des nationalistes croyants congolais (ANCC) a été échaudé par la précédente élection. Faisant allusion à la majorité, il raconte : « Nous avons lutté ensemble pour gagner les élections de 2006 et avons même apporté deux députés à la majorité parlementaire. Hélas, nous n’avons pas géré avec celle-ci comme initialement convenu ! ». Où se situe-t-il sur l’échiquier politique ? « Nous sommes des nationalistes croyants, donc au centre », a indiqué l’avocat de la commune huppée de la Gombe, à Kinshasa, né il y a 49 ans dans la province du Kasaï Oriental (centre). « Cela fait 50 ans qu’on nous a toujours présenté le clivage opposition-pouvoir, mais le Congo n’a jamais décollé. Donc, le problème du Congo se trouve ailleurs : dans le clivage lumière-ténèbres », a conclu le chantre du « nationalisme croyant », concept qui doit « montrer au peuple la voie de la sortie ». Jean Andeka Djamba est le premier candidat à la magistrature suprême dans l’ordre alphabétique des onze prétendants, ainsi que le premier à avoir déposé son dossier à la Commission électorale nationale indépendante, organisatrice des élections présidentielle et législatives, à un seul tour. H.B
Adam Bombole Intole
Adam Bombole Intole.
DR
Adam Bombole Intole, 54 ans, joue sur les deux tableaux. Alors que son mandat de député national à Kinshasa arrive à son terme, l’homme d’affaires prospère brigue un autre mandat… et se lance en même temps dans la course à la présidence. Une ambition qui lui a coûté cher. Natif de Mbandaka (nord-ouest), le numéro 1 de l’interfédérale du Mouvement de libération du Congo (MLC) à Kinshasa a été exclu en septembre du parti pour avoir maintenu sa candidature alors que le premier et unique choix de la formation se portait sur Jean-Pierre Bemba, détenu et jugé à la Cour pénale internationale de la Haye. Résultat, l’ex-président du conseil d’administration de l’Office congolais des postes et télécommunications, originaire de la Province orientale (nord-est), a dû se présenter en tant que « candidat indépendant par la force de la situation », expliquait-il le 26 septembre sur sa page Facebook. « Le grand Saoudien, l’homme qui affronte la conjoncture quelle que soit la hausse ou la baisse du dollar », comme le célébrait une chanson, a cependant souligné qu’il était « toujours dans l’opposition ». La radiation du MLC n’a semble-t-il pas affecté sa campagne. Son slogan « Ensemble, changeons la RDC » s’est affiché un peu partout dans la capitale congolaise dès le départ de la campagne pour la présidentielle et les législatives, lancée le 28 octobre. Et à part lui et le chef de l’Etat sortant Joseph Kabila, les autres candidats ont souvent commencé plus tard l’opération séduction. H.B
Joseph Kabila
Joseph Kabila.
Mark Renders/Getty Images
Joseph Kabila a brisé la glace tout récemment. On le disait secret, mutique; on n’entendait sa voix que lors des cérémonies du 30 juin (fête nationale), ou lorsqu’il lui arrivait de lire un discours à de très rares occasion. Le 18 octobre dernier, il a surpris en se prêtant au jeu d’une conférence de presse débridée, une première au Palais de la Nation. Pendant près de trois heures, il a affiché sa totale confiance dans l’issue du scrutin. « Je ne sais pas qui va gagner, mais je sais que je ne vais pas perdre », s’amuse-t-il. Ses affiches de campagne sont encore plus optimistes, promettant une victoire « sûre à 100% ». La province du Katanga au sud du pays lui est réputée favorable, c’est le fief de son père feu Laurent Désiré Kabila. Aux dernières élections de 2006, les régions de l’Est, meurtries par les guerres, avaient massivement voté Kabila. En sera-t-il de même aujourd’hui ? Pourra-t-il compter sur le reste du pays ? Ses adversaires jurent du contraire. L’absence de sondages d’opinion rend toute prévision hasardeuse. Joseph Kabila, 40 ans, est le plus jeune des candidats à cette élection. Il est marié et père de deux enfants. Son épouse, Olive, l’accompagne dans ses tournées et prend parfois la parole. Il veut donner l’image d’un candidat jeune, dynamique; comme s’il entendait faire oublier aux congolais qu’il est au pouvoir depuis plus dix ans. Ses arguments de campagne sont essentiellement des promesses de routes, de ponts, et d’électrification. Pour lui le développement, passe d’abords par les infrastructures. C’est ce qu’il affirmait déjà en 2006, ce qui fait dire à un ses détracteurs: « le Président tient à ses promesses. La preuve : il les renouvelle à chaque élection ». B.M
François Nicéphore Kakese Malela

François Nicéphore Kakese Malela.
Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
« Je suis né dans la politique », lâche François Nicéphore Kakese. Agé de 55 ans, le natif de la province du Bandundu (ouest) se souvient encore de sa résistance au régime de l’ex-dictateur zaïrois Joseph Mobutu Sese Seko. « Quand les gens dansaient devant son drapeau, j’étais tout le temps puni parce que, moi, je ne dansais pas ! J’ai senti en moi une révolte quand il a dit que l’enseignement de la religion serait remplacé par le mobutisme, parce que j’aimais déjà beaucoup la bible. » En 1984, il refuse de voter pour Mobutu, alors candidat unique, en « déchirant » le carton vert des partisans, préférant le carton rouge des opposants – ce qui lui valu des « actes de représailles » qui perturbèrent ses études de médecine vétérinaire à Lubumbashi, capitale de la province du Katanga (sud-est). Avec le soutien d’un professeur belge, François Nicéphore Kakese obtient finalement son diplôme et s’exile en Afrique du Sud, où il exerce notamment comme inspecteur au ministère de l’Agriculture. Marié et père de trois enfants, il y vit toujours et retourne régulièrement au Katanga, où il a construit « beaucoup de fermes » via sa société de consultance ACF Agro-Vet International, qui mène aussi des projets de développement rural en Arabie Saoudite, en Angola, en Zambie, au Zimbabwe et au Nigeria. « Interpellé par l’état malheureux de son pays », il crée en 2009 l’Union pour le réveil et le développement du Congo (URDC). Son atout pour la présidentielle ? Sa « popularité exceptionnelle », affirme-t-il. H.B
Vital Kamerhe
Vital Kamerhe
RFI/Bruno Minas
Les câbles de Wikileaks ont révélé que Vital Kamerhe est le chouchou des américains. Ce n’est pas une surprise. L’ancien président de l’Assemblée nationale devenu opposant a toujours séduit les diplomates – pas seulement américains – par son éloquence, sa vivacité d’esprit, et sa connaissance des dossiers. Principal artisan de la victoire de Kabila en 2006, Kamerhe s’affirme comme un esprit libre. De son perchoir au parlement, il n’a pas hésité à critiquer les travers du régime. Ses relations avec le président se sont dégradées jusqu’à la rupture en 2009. Vital Kamerhe est alors débarqué, ce qui aura peut-être accentué sa popularité. C’est ce qu’il entend mesurer lors de l’élection présidentielle. Sa province d’origine, le Sud-Kivu est son principal réservoir de voix. Au Nord-Kivu il est aussi perçu comme un enfant du pays. Ailleurs, les avis sont partagés. Les opposants de longue date nourrissent des doutes sur son réel ancrage dans l’opposition à Kabila. Certains le soupçonnent même de vouloir revenir aux affaires en cas de réélection du président sortant. Son acharnement à maintenir sa candidature au risque de disperser les voix de l’opposition nourrissent ces soupçons. Vital Kamerhe n’en a cure, selon lui Kabila serait battu dans tous les cas de figure, opposition unie ou pas. 52 ans, marié et père de 8 enfants, Vital Kamerhe évoque chaque jour son rêve : faire du Congo un nouveau Brésil. Il se présente comme un disciple d’Ignacio Lula Da Silva. « Le Congo ressemble au Brésil », dit-il, « nous pouvons faire de même ». Mais la différence entre Lula et Kamerhe, note un observateur, « c’est que l’un s’est construit dans la lutte d’opposition, et pas l’autre ». B.M
Oscar Kashala Lukumuena
Oscar Kashala Lukumuena.
http://www.urec-congo.org/
Oscar Kashala tente à nouveau sa chance. Le cancérologue né à Lubumbashi, dans la province du Katanga (sud-est), avait brigué la présidence en 2006 et était arrivé cinquième. Il avait soutenu au deuxième tour Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), qui récolta 42% face à l’actuel président Joseph Kabila, candidat à sa succession. Après le scrutin, le médecin de 57 ans marié et père de huit enfants – trois adoptifs et cinq biologiques, dont l’un est récemment décédé – est retourné vivre aux Etats-Unis, où il est installé depuis 1987. Il est revenu le 15 juillet dernier pour briguer la présidence – à un seul tour depuis une réforme constitutionnelle polémique votée en janvier. « J’irai avec ma candidature jusqu’au bout, sans me rallier à quiconque », a affirmé à la presse l’enseignant en Caroline du Nord, originaire du Kasaï-Oriental (centre). « Quand on est venu en 2006, il faut avouer que l’on n’était pas aussi connu », confie le leader de l’Union pour la reconstruction du Congo (UREC), qui connut des déboires politico-financiers lorsqu’il était outre-Atlantique. Selon lui, la donne a désormais changé, d’autant qu’il n’a jamais cessé de soutenir son pays sur les plans médical (formation, dons…) ou économique (recherche d’investisseurs). Choisir entre politique et médecine ? Il n’y pense même pas : s’il est élu, il mènera les deux activités de front. H.B
Léon Kendo Wa Dondo

Léon Kengo Wa Dondo.
DR
« C’est un technocrate. Contre moi, il n’a aucune chance », dit l’un de ses adversaires. « Attention, pas si simple. L’homme est habile », répond un autre. Certes, Léon Kengo Wa Dondo, né il y a 76 ans d’un père polonais et d’une mère congolaise originaire de l’Equateur, a quelques handicaps. Il n’a pas de base électorale connue. Son parti, l’Union des forces du changement (UFC), n’a été lancé qu’en juillet dernier. Docteur en droit maritime et aérien, il est brillant mais un rien hautain. Il n’a pas le tutoiement facile comme Jean-Pierre Bemba. Il n’a pas non plus le charisme d’un Etienne Tshisekedi. Mais l’homme a quelques sérieux atouts. Trois fois Premier ministre de Mobutu, il est parvenu à ne pas couler avec le régime du maréchal grâce à une qualité que tous les Congolais lui reconnaissent : sa rigueur de gestionnaire dans l’un des pays les plus corrompus du monde. En mai 2007, il réussit un coup d’éclat. Elu sénateur quelques mois plus tôt, il bat le kabiliste She Okitundu dans la bataille pour la présidence de la Chambre haute. Par quel miracle ? Son habileté a payé, mais plus encore peut-être sa réputation d’homme d’Etat. « Kengo n’est pas ma tasse de thé, mais je dois reconnaître qu’il a le sens de l’Etat », souffle l’un de ses adversaires. Comment passer du respect à l’adhésion populaire ? C’est le défi que Kengo doit relever. En dehors de son fief de l’Equateur, il risque d’être devancé par les poids lourds, Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi. Mais dans une élection à haut risque comme celle-ci, tous les dérapages sont possibles. Et qui sait si le deuxième personnage de l’Etat congolais ne s’imagine pas comme un recours…C.B
Antipas Mbusa Nyamwisi
Antipas Mbusa Nyamwisi.
DR
A discuter aujourd’hui avec cet homme aimable, fin et souriant, on oublie presque qu’il a été chef rebelle lors d’une guerre cruelle. En 1998, Antipas Mbusa Nyamwisi est l’un des fondateurs du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), mouvement anti-Kabila soutenu par le Rwanda. Un an plus tard, il crée une dissidence, le RCD-KML (Kisangani-Mouvement de libération), afin de protéger la région de Béni et de Butembo, son fief du Nord Kivu, des offensives de l’armée comme de celles des rebelles. Evidemment, « Mbusa », l’ancien élève des bons pères catholiques qui s’est converti au protestantisme, n’est pas un chien de guerre. Simplement, dans les collines fertiles du Nord Kivu, les populations nandé repèrent très vite cette intelligence vive et raffinée qui peut les défendre dans les multiples tables rondes où se partage le « gâteau congolais ». C’est ainsi que Mbusa rentre dans un gouvernement de transition, puis se rallie, en 2006, à la candidature de Joseph Kabila. En 2007-2008, comme ministre des Affaires étrangères, il négocie pied à pied le retrait des Rwandais et de leurs supplétifs de l’est du Congo. L’ex-rebelle nandé devient un farouche patriote congolais. Pourquoi rompt-il avec Joseph Kabila en septembre dernier ? « Parce qu’il veut se faire réélire député par les populations nandé qui ne veulent plus entendre parler du régime Kabila », confie l’un de ses proches. Mbusa mesure ses ambitions. Mais à 52 ans, l’homme ne s’interdit rien. Depuis trois mois, il essaie obstinément de convaincre ses partenaires de l’opposition de désigner un candidat unique. Pour l’instant, c’est l’échec. Mais l’homme s’est posé en arbitre. Et demain, il pourrait bien en récolter les fruits. C.B
François-Joseph Nzanga Mobutu
François-Joseph Nzanga Mobutu.
DR
François-Joseph Nzanga Mobutu porte un nom qui ne passe pas inaperçu. Fils du Maréchal qui a régné 31 ans sur le Zaïre, il a commencé sa carrière comme conseiller en communication de son père. Après la chute du régime en 1997, il s’exile au Maroc où il monte une entreprise de communication. En 2005, il revient au pays pour se présenter à l’élection présidentielle l’année suivante. Il obtient près de 5% des voix (sur 33 candidats) et appelle à voter Kabila au deuxième tour. Il en sera récompensé par un poste ministériel. Les raisons de sa brouille avec le président Kabila sont difficiles à déterminer. Lui parle de différent politique, d’autres évoquent des histoires d’argent... En mars 2011, il est limogé du gouvernement pour absentéisme à la suite d’un voyage officiel à Rome, prolongé de plusieurs semaines de congés imprévus. Nzanga Mobutu garde une certaine aura dans l’Equateur, fief de feu le Maréchal. Son parti porte une appellation qui aurait pu faire sourire à l’époque du règne sans partage du « Président Fondateur »: « L’Union des Démocrates Mobutistes ». Mais selon lui l’image de Mobutu a évolué positivement dans le pays. « Il incarne aujourd’hui la sécurité, l’union de la Nation », dit-il. Le mobutisme n’est plus un tabou, et Nzanga compte surfer sur la vague nostalgique qui emporte beaucoup de congolais appauvris. « C’était mieux avant… », entend-t-on souvent dans les conversations. Dans sa grande villa surplombant le fleuve Congo, Nzanga Mobutu, reçoit beaucoup de visiteurs. Aimable et attentionné, il prend le temps d’écouter chacun, de répondre au téléphone, de présenter son épouse avec laquelle il a eu trois enfants. Il ne donne pas l’impression de vivre le stress d’une campagne électorale. Ses chances de retrouver bientôt le fauteuil paternel sont minces, mais à 41 ans il a tout le temps de peaufiner sa vision d’un Congo moderne bâti sur les bases du Zaïre de papa. B.M
                                                                  Josué Mukendi Kamama
Josué Alex Mukendi Kamama.
DR
Josué Mukendi, 61 ans, s’est présenté à la présidentielle après une « succession de révélations divines » prédisant qu’il devait « sortir le Congo de ses souffrances ». Candidat indépendant originaire du Kasaï-Oriental (centre), ce licencié en économie a étudié à Kinshasa et, notamment, en Belgique, aux Etats-Unis, au Japon et en Allemagne. Marié et père de cinq enfants, l’ex-représentant de l’armement maritime en RDC est aujourd’hui directeur à la Compagnie maritime congolaise et pasteur au Camp-Luka, un quartier démuni de la capitale congolaise où il officie depuis onze ans. « J’incarne une nouvelle émergence politique. Le Congo a besoin de ce type d’hommes qui peuvent le faire émerger », dit-il, avant de se qualifier d’« Obama du Congo », en référence au président américain. « Je me suis occupé du ministère des délaissés. Je suis connu de toutes ces mamans et tous ces papas que j’ai aidés avec mes fonds propres », poursuit-il, ajoutant qu’il compte sur le « bouche à oreille » pour convaincre. « Ma gouvernance, c’est de détendre l’atmosphère sociale au niveau de la collectivité nationale. (…) Je peux commencer mon mandat en reconstruisant les routes et les infrastructures, mais si les gens ne sont pas payés (les militaires, les enseignants, le corps médical), il y aura toujours des grèves », avait-il déclaré en déposant sa candidature. Comme pour critiquer le chef de l’Etat Joseph Kabila qui s’est fait élire sur un programme de reconstruction des infrastructures délabrées. H.B

Etienne Tshisekedi
Etienne Tshisekedi.
RFI/Bruno Minas
Jamais en repos, rarement détendu – y a-t-il une seule photo de lui où on le voit sourire ? –, Etienne Tshisekedi est un homme en colère. Une colère qui s’est d’abord manifestée contre la dictature Mobutu – l’ex-ministre de l’Intérieur du maréchal fonde l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) en 1982. Une colère qui, aujourd’hui, l’amène à appeler le peuple à « casser les portes des prisons » où sont détenus ses militants. Incitation à la violence ? « Non », répond le vieil opposant. « Toute dictature est basée sur la peur. Il faut enlever la peur dans la tête du peuple en le mobilisant pour aller terroriser ceux qui l’ont terrorisé ». En fait, pour le « lider maximo » (l’un de ses surnoms), le peuple et lui ne font qu’un : « le souverain dans ce pays, c’est le peuple congolais, qui m’a proclamé depuis longtemps ». C’est pourquoi, ces six derniers mois, le premier docteur en droit du Congo indépendant n’a pas voulu entrer dans les discussions sur un éventuel candidat unique de l’opposition. Il est vrai qu’il a 78 ans. Cette élection est, pour lui, celle de la dernière chance. Peut-il gagner ? Grâce à son courage physique (au temps de Mobutu) et à son train de vie modeste, « Tshitshi » est très populaire à Kinshasa et dans les deux provinces du Kasaï, sa région natale. Il l’est beaucoup moins au Katanga et dans les deux provinces du Kivu. Mezzo voce, les conseillers de Joseph Kabila admettent que le chef de l’UDPS est leur principal adversaire. Pour les lendemains d’élection, la sécurité présidentielle a élaboré sept scénarios de crise. Dans ces scénarios, les mots d’ordre du « vieux lion » sont un paramètre essentiel. C.B



Par rfi.fr

Journée de vote et premiers incidents en RDC

 Les Congolais votent, ce lundi 28 novembre 2011, pour élire leur président et leurs députés. A Lubumbashi, les bureaux de vote ont ouvert souvent avec retard par rapport à l’horaire prévu (06h locales, 04h TU). Dans certains bureaux, les opérations de vote n’avaient toujours pas commencé en milieu de matinée, le matériel électoral n’étant toujours pas arrivé. Une journée de vote marquée par de nombreux incidents à Lubumbashi (sud-est) mais aussi à Kananga (centre).

Des cendres volent. La foule se presse et s’agite dans l’odeur de fumée. Beaucoup tiennent entre leurs mains des bulletins de vote brulés, tachés de boue. Au Camp est, un quartier situé dans le centre ville de Lubumbashi, deux pick-up de la Commission électorale, la Céni, brûlent encore sur le bord de la route. A l’intérieur des piles de bulletins calcinés.
Vers 3 heures du matin, le convoi qui transportait le matériel électoral a été attaqué. Un habitant raconte qu’il a été réveillé par des coups de feu et qu’il a vu des hommes en tenue militaire s’en prendre au convoi. Mais il est trop tôt pour dire qui se trouve derrière cette attaque. Le gouverneur de la province Moïse Katumbi, parle de bandits armés. Cet incident renforce encore le sentiment populaire que l’élection est entachée de fraudes. Des habitants nous montrent des bulletins déjà cochés mais il est impossible de dire quand cela a été fait.
Ailleurs en ville, des tirs ont été entendus dans la matinée et le sentiment de frustration va croissant. Il reste encore des bureaux de vote où le scrutin n’a pas démarré, faute de matériel électoral. Dans certains bureaux de vote du centre ville, comme à l’école Jean Calvin dans le quartier Gambera 2 par exemple, il n’y avait ce matin ni urnes ni isoloirs ni bulletins de vote. Les bulletins pour l’élection présidentielle seulement ont fini par arriver un peu avant midi comme nous a expliqué Athanase Kalubi l’un des observateurs pour l’UDPS, le grand parti de l’opposition.
Dans le centre du pays, à Kananga plusieurs incidents ont été signalés. Des bureaux de vote ont été incendiés, des bulletins volés et d'autres mis dans les urnes avant l'ouverture du scrutin dans ce fief de l'opposant Etienne Tshisekedi.

Par RFI.FR