lundi 26 septembre 2011

Accord de coopération entre le Congo et le Bénin sur la traite des enfants

Près de 2 000 enfants béninois seraient exploités et maltraités au Congo-Brazzaville. La semaine dernière, un accord a été signé à Pointe-Noire par les gouvernements du Congo et du Bénin, pour tenter de mettre fin à ce phénomène. Cet accord prévoit notamment des peines d'emprisonnement pour les auteurs de cette traite.




Emmenés au Congo-Brazzaville par des tuteurs qui leur promettent tout, ces enfants, une fois dans le pays d’accueil, sont privés de tous leurs droits, notamment le droit à l’éducation. Marceline Doubondo du Mouvement pour la paix, la solidarité et le développement, témoigne de cette situation : « La première des choses : les conditions dans lesquelles ces enfants passent les nuits. D’abord ils sont privés de leur sommeil. Pour une petite erreur, l’enfant est privé de nourriture ! Il peut passer deux jours sans manger. C’est comme si… Plus qu’un animal ! Ces enfants mangent mal, ils ne vont pas à l’école !...»
Le phénomène de traite dont ils sont victimes a commencé à prendre de l’ampleur en 2006. Estimés à 1 800, ces enfants âgés de 11 à 18 ans, sont parfois récupérés par des associations, comme l’explique Rémy-Vincent Paraiso, de l’ONG Alto. « Depuis 2006 on doit être actuellement à 217 enfants réinsérés localement, rapatriés et intégrés,  tout confondu ».
Convaincu qu’une action concertée peut endiguer le fléau, les gouvernements congolais et béninois viennent de conclure à Pointe-Noire un accord de coopération bilatéral, qui prévoit notamment des peines d’emprisonnement des auteurs de cette traite.










mercredi 21 septembre 2011

L'Algérie, un « pays pathétique » selon des diplomates français














« Pays pathétique », « bloc monolithique », « deux cents têtes » qui font la pluie et le beau temps, « peuple tué, qui n'a pas plus de ressort »… Les propos précédents ne concernent pas la Somalie, le Zimbabwe ou un autre pays déglingué de l'Afrique mais plutôt l'Algérie de Bouteflika.
Et ceux qui font ce constat aussi effrayant que pessimiste ne sont pas de simples quidams mais des diplomates chevronnés. C'était le 31 août, 1 et 2 septembre derniers à Paris lors de la XIXe Conférence des ambassadeurs de France.
Rendez-vous de la diplomatie qui réunit l'ensemble des 181 chefs de mission diplomatique français et les responsables de l'administration centrale du ministère des Affaires étrangères et européennes, le grand raout est l'occasion pour les journalistes de discuter avec les diplomates français installés aux quatre coins du monde.
A la condition que les propos soient « off », c'est-à-dire que la source ne doit en aucun cas être citée.
Sont donc présents à cette conférence, les ambassadeurs de France accrédités en Afrique du Nord. Au tour de petits fours et d'une coupe de champagne, les langues se délient.
Dans un compte rendu publié par l'hebdomadaire Valeurs actuelles (8 septembre), on apprend comment les diplomates peuvent fondre l'armure, se délivrer de l'obligation de réserve et se lâcher.

« C'est un mastodonte qui va nous gêner »

Et sur l'Algérie, leurs propos sont cruels, sans concession. L'Algérie est vue comme « un pays pathétique ». Un « bloc monolithique » qui « ne comprend rien, il est dépassé ». Le régime évolue avec « deux cents têtes » qui font la pluie et le beau temps, « les autorités continuent à contresens ». Les Algériens sont épuisés, cassés.
« Cela fait de la peine de voir ce peuple tué, qui n'a plus de ressort. »
Alors que la Tunisie s'est débarrassée de 23 ans de dictature de Ben Ali, que l'Egypte à enterré celle de Moubarak, que le Maroc a engagé de profondes réformes politiques en réformant la Constitution, que la Libye a dégagé le tyran Kadhafi, l'Algérie reste en marge des grandes mutations que connaît l'Afrique du Nord. Constat des diplomates :
« C'est un mastodonte qui va nous gêner. »

« Un pays plus riche que jamais » mais un « peuple malheureux »

Evidemment, ces constations tranchent radicalement avec le discours convenu, compassé que tiennent publiquement diplomates et responsables français sur l'Algérie.
Bien sûr, loin des caméras et des micros, les dirigeants français, de gauche comme de droite, nourrissent une vision très critique à l'égard du pouvoir algérien, désespèrent de la situation économique et redoutent que les responsables ne soient pas en mesure de maitriser une éventuelle explosion qui menace le pays.
Les propos rappellent étrangement l'analyse faite en février 2008 par l'ambassadeur US à Alger, Robert S. Ford. Dans un câble classé secret, le diplomate, aujourd'hui en poste en Syrie, décrivait l'Algérie comme un « pays plus riche que jamais », mais « à la dérive » que les Algériens sont un « peuple malheureux », que le DRS, les services de renseignements, sont « paranoïaques ».

La Tunisie, un pays qui « tourne »

Si les diplomates français se montrent pessimistes à l'égard de l'Algérie, leurs analyses de la situation en Tunisie et un degré moins au Maroc sont nettement plus positives.
En Tunisie comme en Egypte, écrit le journaliste de Valeurs actuelles, « le pays tourne, l'administration et les institutions fonctionnent ». La menace islamiste ? Ils ne constituent pas une force capable de réaliser un raz-de-marée lors des élections du 23 octobre. A peine 25% de l'électorat.
« Les islamistes sont un mouvement divisé et composite. Ils n'ont pas de modèle politique. Ils ne veulent pas le pouvoir. »
Alors que le gouvernement français a été fortement chahuté en janvier 2011 peu après la chute de Ben Ali, les rapports entre Tunis et Paris se normalisent. Et le business redémarre.
Le pays a bénéficié d'une aide de 350 millions d'euros, le nombre de visas accordés aux Tunisiens est porté à 90 000 et les investissements directs de la France sont de 1,3 milliard d'euros. Un climat d'affaires favorable aux 1 270 entreprises françaises actives en Tunisie.

Le Maroc ? « Si cela ne tenait qu'à Mohammed VI… »

L'analyse des diplomates sur la situation au Maroc est légèrement plus nuancée. A l'instar des autres pays du Maghreb, le royaume n'a pas été épargné par la contestation sociale, portée dans la rue essentiellement pour le Mouvement du 20 février.
A défaut d'être un handicap pour le Palais, ce mouvement a été plutôt un atout. Propos de diplomates :
« Le souverain a trouvé avec ce mouvement l'outil qui lui a permis de balayer des obstacles qui le gênaient pour appliquer les réformes promises depuis des années. »
La Constitution proposée par Mohammed VI et adoptée par référendum en juillet 2011 est « bonne » « mais les partis ne semblent pas prêts à entrer dans le jeu ».
Le roi Mohammed VI voudrait accélérer les changements, mais il est freiné.
« La vitesse du changement n'est pas garantie. Si cela ne tenait qu'au roi, il irait plus loin et plus vite. »
Photo : Saïd Sadi, président fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), débat avec un policier lors d'une manifestation antigouvernementale à Alger, le 26 février 2011 (Louafi Larbi/Reuters).
En partenariat avec les Dernières nouvelles d'Algérie


Occupation, menaces : la guerre du Kivu chez SOS Racisme

Lundi 19 septembre. 15h45, avenue de Flandres dans le XIXe arrondissement à Paris. Une vingtaine de personnes, qui se disent « Français d'origine congolaise » ou « Congolais vivant en France » tentent de pénétrer par la force dans les locaux de l'association SOS Racisme. Certains vont jusqu'à menacer de « brûler » le local ou tuer des permanents de l'association. Après avoir occupé pendant une heure le hall, les forces de l'ordre font ressortir les manifestants. L'association a de son côté déposé plainte.
De retour dans la rue, Rex Kazadi, qui se revendique comme le porte-parole d'un groupe de « combattants » congolais, explique pourquoi il s'en prend à SOS Racisme.


Les "combattants" congolais s'en prenne au local... par Rue89Video

Pour cet homme qui dit être arrivé en France à l'âge de 7 ans, l'association fait deux poids, deux mesures, et ne s'intéresse qu'aux Rwandais, et pas au problème « bien plus important » de la RDC (ex-Zaïre), arguant que plusieurs millions de personnes ont été massacrées en RDC par des Tutsis, dirigés par des hommes de Paul Kagamé, président du Rwanda. Des rebelles tutsis ont commis depuis des années en RDC, dans la région du Kivu, les pires crimes de guerre.
Quelques minutes plus tard, les « combattants » seront emmenés par la police.
Pourquoi l'association a-t-elle été harcelée au téléphone toute la journée de lundi, avant d'être ainsi assiégée ? C'est un communiqué de l'association qui a soulevé la colère de ces Congolais. Dans ce texte, l'association dénonce :
« Les agressions racistes dont furent victimes de nombreux Rwandais, autour de la visite officielle de Paul Kagamé en France, notamment en marge de sa rencontre à Aubervilliers avec la diaspora rwandaise, perturbées par des manifestations d'opposants.
Les attaques perpétrées par des groupes, vraisemblablement issus de RDC, ont ciblé des individus isolés, qui ont été insultés, agressés et tabassés dans les transports en commun ou encore dans la rue. »

« On vous tuera un à un »

Quinze personnes au moins ont été victimes de ces agressions, qui visaient directement des Rwandais identifiés comme Tutsis, a en croire les slogans rapportés par ces derniers. « On vous tuera un à un, jusqu'au dernier » : vieille rengaine utilisée pendant le génocide de 1994. Certains ont porté plainte la semaine dernière auprès des autorités françaises, et seront appuyés par SOS Racisme qui se dit prêt à se porter partie civile.
Alain est tutsi, et vit à Paris depuis de lonques années. Il parle sous un nom d'emprunt par peur des représailles. Il est venu en France pour fuir les massacres et y « trouver une sorte de refuge ». Alertés par des proches sur ces agressions qui l'ont « choqué », il est même « un peu inquiet ». Il ne croyait pas que de tels actes « puissent se produire à Paris » :
« Ce slogan, “on vous tuera un à un”, c'est l'un des plus représentatifs des pogroms de Tutsis qui avaient lieu au Rwanda. »
Le génocide des Tutsis (plus de 800 000 morts entre avril et juillet 1994), provoque encore, dix-sept ans après le drame, de violentes tensions, y compris en France, et cette plaie n'est décidément pas prête de se refermer.

vendredi 16 septembre 2011

Sénégal: plusieurs personnalités mises en cause par WikiLeaks


 Le site WikiLeaks crée l'événement au Sénégal en ce début septembre 2011. Plusieurs Unes de journaux ont été consacrées à des télégrammes diplomatiques américains publiés par ce site internet. Les documents mettent en cause différentes personnalités du régime et notamment le fils du président sénégalais, Karim Wade. Au point qu’un de ses proches collaborateurs a convoqué une conférence de presse pour démentir.

L’un des télégrammes cités par la presse sénégalaise ces derniers jours date de 2008. Le Sénégal est alors en pleine crise financière provoquée par les dépenses extrabudgétaires. Marcia Bernicat, à l’époque ambassadrice des Etats-Unis à Dakar, y décrit comment un système de « paiements injustifiés » s’est mis en place autour de différentes personnalités sénégalaises, système qui selon elle « serait difficile à décrire autrement que criminel et corrompu ». Ce « réseau » a pu conduire, toujours selon le document, à des dépenses irrégulières allant jusqu’à 500 milliards de francs Cfa.

Un autre télégramme a fait couler plus d’encre encore. Il a été écrit en 2009 et vient de l’ambassade des Etats-Unis à Rabat. Il raconte qu’un officier de police de l’aéroport de Casablanca a été brutalement réaffecté à un poste sans responsabilité à Layoune, au Sahara occidental, après avoir arrêté un proche d’un responsable africain en possession de haschich. Et ce proche ne serait autre que Karim Wade, le fils du président sénégalais Abdoulaye Wade, selon le télégramme.
Dans une conférence de presse organisée jeudi 15 septembre 2011, le chef de cabinet de Karim Wade, Bachir Diawara, a contesté la fiabilité des documents diplomatiques publiés par WikiLeaks. Il a également démenti que Karim Wade ait été arrêté avec de la drogue. « C’est de la pure invention, de la pure manipulation, a-t-il déclaré à la presse. Il est saugrenu d’imaginer qu’un ministre d’Etat pourrait être arrêté bagages à la main dans un aéroport. »













mercredi 14 septembre 2011

Affaire Bourgi: difficile enquête en perspective pour la justice

 Le parquet de Paris a ouvert mardi 13 septembre une enquête préliminaire pour entendre l'avocat Robert Bourgi, qui a accusé Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Jean-Marie Le Pen d'avoir reçu des fonds occultes de chefs d'Etat africains. Reste que pour cette enquête, le parquet dispose d'une marge de manœuvre pour le moins étroite.

Au terme de cette enquête préliminaire confiée à la brigade financière, le parquet peut décider soit d'ouvrir une instruction et de la confier à un juge si les faits sont avérés, soit de classer l’affaire, si les enquêteurs estiment que les faits sont impossibles à prouver ou qu’ils sont prescrits.
Il faut à ce titre rappeler les allégations de Robert Bourgi. Concernant les fameuses valises de billets remises à Jacques Chirac et à Dominique de Villepin, l’homme de l’ombre de la Françafrique n’a cessé de répéter qu’il n’y avait pas de preuves. Mieux, pour le financement de la campagne électorale de Jean-Marie Le Pen en 1988, Robert Bourgi fait parler les morts pour étayer ses dires.
« Je n’aime pas faire parler les morts », dit-il, mais « Jean-Marie Le Pen a été reçu par le président Omar Bongo et le président gabonais a accepté de financer sa campagne ». Seulement, sans éléments matériels, ces propos ont réellement peu de chances de prospérer.
Pas le début d’une preuve
C’est la raison pour laquelle la justice n’avait d’autre choix que d’entendre Robert Bourgi. Au risque, sinon de se décrédibiliser. Et si jamais Robert Bourgi confirme ses dires sur procès-verbal, les enquêteurs devront nécessairement confronter sa parole à celle de Jean-Marie Le Pen, de Dominique de Villepin et bien sûr de Jacques Chirac. Reste à savoir si Jacques Chirac pourrait répondre aux questions des enquêteurs, car il est, comme on le sait, victime de troubles de la mémoire.
Il faut également resituer l’ouverture de cette information judiciaire dans le cadre du jeu des chaises musicales qui a lieu en ce moment même au palais de justice de Paris. Le procureur de Paris qui vient d’autoriser cette enquête, Jean-Claude Marin, cède son poste ce vendredi. Il rejoint la cour de cassation, au poste de procureur général. Il se devait d’agir, mais laisse à son successeur, un proche de l’Elysée, le soin de gérer cette boule puante.
Un séisme politique à huit mois de la présidentielle
Une enquête difficile démarre car il n’y a pas le début d’une preuve. D’où provient cet argent, où sont allées ces valises de billets, voilà les questions posées aux policiers…La plus grande incertitude pèse aujourd’hui sur l’issue de l'enquête.
Alors que Dominique de Villepin vient d’être relaxé définitivement dans l’affaire Clearstream, l’ex-Premier ministre dit voir dans ces accusations un moyen de maintenir la pression sur lui. A la sortie du palais de justice, Dominique de Villepin a ainsi annoncé  vouloir croire que « cette décision contribuera à rendre notre vieux pays moins vulnérable à la rumeur et la calomnie, qui ne méritent que du mépris ».
L'affaire Clearstream a donné lieu à un affrontement sans précédent au plus haut niveau de l'Etat. A en croire Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy promettait en privé de pendre les responsables à un « croc de boucher ».
A huit mois de l’élection présidentielle, les accusations portées par Robert Bourgi, qui est un proche de l’Elysée, pourraient bien relancer la guerre que se livrent depuis six ans les deux grands rivaux de la droite française.