vendredi 9 mars 2012

Traque mondiale lancée sur le web

Des millions de personnes ont vu l’appel à la capture de Joseph Kony, rebelle ougandais coupable d’atrocités terrifiantes. Mais la vidéo crée, elle aussi, la polémique.
Lancé mardi sur Internet et les réseaux sociaux, le film «Kony 2012» poursuit un double but. Que Joseph Kony, devienne célèbre. Pour qu’il soit arrêté. «99% des habitants de la planète ne savent pas qui il est. S’ils savaient, il aurait été stoppé», explique cette vidéo créée par l’association américaine Invisible Children (Enfants invisibles). Le premier objectif semble déjà atteint: hier en fin d’après-midi, le film avait été vu plus de 40 millions de fois! Nul ne peut plus ignorer les atrocités reprochées au rebelle ougandais Joseph Kony, 50 ans. Depuis 2005, il est l’une des cibles prioritaires de la Cour pénale internationale. Qui a retenu 33 chefs d’inculpation dont 12 pour crimes contre l’humanité contre le chef de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). L’illuminé sanguinaire à la tête de quelques centaines d’hommes dit vouloir créer un Etat basé sur les dix commandements.

Depuis la fin des années 1980, le LRA aurait massacré des milliers de civils et mutilé, torturé ou violé au moins autant. Il a réduit en esclavage entre 30000 et 60000 enfants. Une partie enrôlée de force comme soldats, obligée de commettre des atrocités. L’autre utilisée comme esclaves sexuels. Joseph Kony se cacherait en République centrafricaine. Ses troupes ont commis leurs méfaits en Ouganda, en République démocratique du Congo et au Soudan. Et grâce à l’ONG Invisible Children, le voilà devenu l’ennemi planétaire No 1 en quelques heures.

Comment cette organisation est-elle parvenue à obtenir une telle publicité? D’abord, par son film, fort, habile, hollywoodien. Mais aussi grâce à une stratégie terriblement efficace. Invisible Children a ciblé une trentaine de personnalités américaines: d’Oprah Winfrey à George Clooney en passant par des élus de Washington. «S’il vous plaît, allez sur Invisiblechildren.com. Faites-moi confiance», a lancé la star Rihanna à ses innombrables fans sur Twitter. «Joseph Kony, je vais aider à te rendre célèbre! On t’arrêtera!» a posté Sean «Diddy» Combs sur le sien, demandant à ses six millions d’abonnés de faire passer le message. Au final, un succès sidérant, donc, pour la bonne cause: juger un terrifiant criminel. Pourtant, les critiques commencent à pleuvoir. Sur l’ONG, qui dépenserait plus pour financer sa publicité que pour aider les enfants réduits en esclavage. Sur le message, surtout, qui pourrait mener au meurtre de Kony plutôt qu’à son arrestation – Il est un homme «à stopper par tous les moyens», dit le film.

Et qui sera la prochaine cible? Sur quels critères? Le film lui-même, enfin, est dérangeant. Parfois simpliste, il utilise d’énormes ficelles pour charrier des torrents d’émotion, comparant par exemple Kony à Hitler et ses atrocités à l’Holocauste. Et il navigue entre son sujet – les enfants martyres – et l’autopromotion de l’ONG. On peut acheter le kit d’action contre Kony (T-shirt, posters, autocollants, etc.) pour 30 dollars…

Des critiques qui n’ont pas l’air de refroidir l’organisation. Son prochain coup est déjà prévu. Le 20 avril, tous les citoyens de ce monde sont priés de couvrir les murs des villes du portrait de Joseph Kony. Qui n’aura alors plus beaucoup d’endroit pour se terrer.

Les Etats-Unis promettent des projets à long terme contre la famine en Afrique

Des responsables américains ont promis jeudi devant le Congrès des Etats-Unis de travailler à des solutions permanentes pour combattre la faim dans la Corne de l'Afrique, en particulier en Somalie où la crise reste aiguë bien que la famine soit officiellement terminée.

Lors d'une audition devant une commission spéciale du Congrès, plusieurs responsables ont souligné que davantage de pluies amélioreraient la situation dans ce pays, mais qu'il était aussi important d'assurer la stabilité politique dans une Somalie dépourvue de véritable gouvernement central depuis deux décennies et où les milices rebelles shebab, liées à Al-Qaïda, bloquent l'arrivée de l'aide internationale.

L'ONU estime que des dizaines de milliers de personnes ont péri depuis le début de la famine en Somalie déclaré en juillet 2011. Si les Nations unies ont estimé le 3 février que le pays était officiellement sorti de l'état de famine, quelque 2,34 millions de personnes --soit un tiers de la population-- a encore besoin d'aide.

"Les pluies (en Somalie) restent incertaines et, même si la famine a reculé, la situation dans ce pays reste l'une des plus graves de la planète", a insisté Nancy Lindborg, responsable au sein de l'agence américaine pour le développement international.

Mme Lindborg a ajouté que les Etats-Unis et d'autres importants donateurs se réuniraient au Kenya fin mars pour promouvoir des projets d'aide à long terme pour la Corne de l'Afrique, comprenant entre autres la vaccination du bétail et le développement de moyens de subsistance alternatifs pour les populations.
De tels efforts ont déjà donné des résultats en Ethiopie, permettant à 7,6 millions de personnes de ne pas avoir besoin d'aide alimentaire durant la sécheresse, selon la responsable.

Le député démocrate Jim McGovern, co-président de la commission ayant organisé l'audition, a de son côté encouragé l'administration Obama à faire de la lutte contre la famine une priorité à la fois internationale et nationale.

Le président Barack Obama avait lancé peu de temps après sa prise de fonctions en 2009 le programme "Nourrir le Futur" pour lutter contre la faim dans le monde.

jeuneafrique.com