samedi 17 septembre 2016

Le Panafricanisme

Le panafricanisme est une idée politique et un mouvement qui promeut et encourage la pratique de la solidarité entre les Africains où qu'ils soient dans le monde1.
Le panafricanisme est à la fois une vision sociale, culturelle et politique d'émancipation des Africains et un mouvement qui vise à unifier les Africains du continent et de la diaspora africaine en une communauté africaine globale. Le cœur de son principe est la croyance que les peuples d'Afrique et de la diaspora partagent une histoire et une destinée commune et que leur progrès social, économique et politique est lié à leur unité. Son objectif ultime est la réalisation d'une organisation politique intégrée de toutes les nations et peuples d'Afrique.
Le mot « panafricain » est apparu à la fin du xixe siècle lors de la préparation de la Conférence panafricaine de 1900. Historiquement, l'idée se développe en réaction aux conséquences du démantèlement progressif de l'esclavage en Amérique. L'expansion du panafricanisme se retrouve dans les écrits et discours de quelques figures fondatrices, parmi lesquelles Edward Wilmot Blyden etAnténor Firmin. Au début du xxe siècle, d'autres figures telles que Benito Sylvain ou W. E. B. Du Bois contribuent à l'affirmation politique du projet panafricain. Avec la décolonisation, celui-ci prend une ampleur nouvelle et se retrouve incarné par des dirigeants tels que Kwame Nkrumah. Encore aujourd'hui, le panafricanisme s'exprime en Afrique comme dans les anciennes puissances coloniales dans les domaines politique, économique, littéraire ou encore culturel. La plus large organisation panafricaine aujourd'hui est l'Union africaine 2.L'une des figures les plus visibles du panafricanisme moderne est Kemi Seba.

Si on assiste à la fin du xviiie siècle aux premiers balbutiements de la lutte anti-esclavagiste, celle-ci ne devient une réalité qu'avec l'engagement de la Grande-Bretagne, certainement motivée par des raisons économiques. Celui-ci est premièrement textuel : un acte du 25 mars 1807 interdit la traite négrière sur tous les côtes et territoires d'Afrique. De théorique, cet engagement devient réel, et militaire : l'Amirauté britannique établit en 1815 une croisière de surveillance permanente des voies maritimes africaines, la West Africa Anti-Slavery Squadron. Sous l'impulsion de la « croisade » britannique, d'autres puissances occidentales à l'instar des États-Unis (1808) et des Pays-Bas (1814) suivent le mouvement d'abolition de la traite. Le congrès de Vienne (1815) aboutit à une déclaration de principe sur l'abolition de la part des principales puissances européennes : AutricheEspagneFrance, Grande-Bretagne, PortugalPrusseRussie et Suède. Quant à l'abolition de l'esclavage (à ne pas confondre avec la traite), elle est selon les régions plus ou moins tardive : 1848 en France, 1865 aux États-Unis et 1888 au Brésil pour citer quelques exemples.
Les esclaves libérés par les Britanniques, puis par d'autres puissances dans les premiers temps de l'abolition de la traite, deviennent le plus souvent des citoyens libres. Le nombre de ces Noirs libres augmente encore considérablement avec l'abolition de l'esclavage en Amérique. Cette augmentation donne lieu, dans les anciennes puissances esclavagistes, à une réaction en deux temps : l'élaboration d'un racisme « scientifique » et la déportation volontaire ou forcée de Noirs en Afrique.

Le développement d'un racisme « scientifique »

Au xviiie siècle, le racisme s'exprimait dans le rapport utilitaire qu'entretenait le Blanc envers le Noir. C'est ainsi que le vicomte de Mirabeau, propriétaire d'une plantation, déclarait pendant la Révolution à l'Assemblée Nationale : « L'insouciance, la paresse et l'aversion au travail sont naturels aux habitants de l'Afrique. […] Si l'humanité m'ordonne d'améliorer le sort des nègres, la raison me commande de conformer leur esclavage ».
Avec la disparition progressive de la fonction servile des Noirs au xixe siècle, un racisme basé sur de nouveaux arguments « scientifiques » prend son essor. Ses théoriciens multiplient les démonstrations tendancieuses fondées sur des observations et expériences anatomiques pseudo-scientifiques. En 1801, le médecin naturaliste Julien-Joseph Virey publie une Histoire naturelle du genre humain, dont voici quelques thèses: « La conformation du nègre se rapproche un peu de celle de l'Orang-Outan. Tout le monde connaît cette espèce de museau qu'ont les nègres, ces cheveux laineux, ces grosses lèvres si gonflées » « Tous ces caractères montrent véritablement une nuance vers la forme des singes, […] même sensible dans le moral. L'homme noir est né imitateur, comme le singe ; il reconnaît la supériorité intellectuelle du blanc. […] Ces habitudes annoncent une mollesse naturelle ou innée de l'âme. » Pour appuyer ses théories, Virey met en avant des travaux de dissection comparés de corps blancs et noirs portant sur divers aspects, tels que la couleur du sang ou la taille du cerveau. De nombreux naturalistes, à la suite de Virey, établissent une hiérarchie des groupes humains afin de justifier l'hégémonie politique et historique de « races pures » sur des races prétendues inférieures.

La création et l'indépendance du Liberia

Le drapeau du Liberia, inspiré des couleurs américaines
Au début du xixe siècle, un sentiment racial se développe donc dans la société occidentale, ce qui amène cette dernière à refuser la présence de noirs non serviles sur son sol et, dans le cas des États-Unis, au développement d'un mouvement de « blanchisation » de la population. C'est dans ce contexte qu'en 1816, le révérend Robert Finley et le pasteur Samuel John Mills créent l'American Colonization Society, organisation ayant pour but le transport des « Nègres » libres en Afrique. L'argument principal de Mills et de Finley pour promouvoir leur entreprise est l'amélioration des conditions de vie des Noirs. Il s'agit en fait d'un projet d'exclusion, mais également d'un projet civilisateur destiné à repeupler l'Afrique de Noirs « adoucis par la force de la religion ». De nombreux « Nègres » libres s'opposent à ce projet, notamment à Philadelphie où une assemblée dénonce une « tentative de souiller ignoblement la réputation des gens de couleur libres en déclarant qu'ils sont une partie de la communauté dangereuse et inutile », refusant le « projet de colonisation des côtes de l'Afrique » proposé par Finley et Mills.
Ayant finalement obtenu une autorisation gouvernementale pour organiser une colonie en Afrique, l'American Colonization Society envoie en mars 1820 trente familles de « Nègres » libres sur l'Ile Sherbo, située au sud-est de Freetown dans la colonie britannique du Sierra Leone. Par suite de l'échec de l'expédition, l'ACS s'installe en 1822 au Cap Mesurado, où elle fonde Monrovia, actuelle capitale du Liberia. Dans les années suivantes, les gouvernements fédéraux de nombreux états participent au financement du projet ou établissent d'autres colonies sur les côtes du Liberia. Après la constitution d'un Commonwealth du Liberia, les différentes colonies s'unissent et le pays obtient son indépendance en 1846. En 1900, le Liberia compte 20 000 descendants d'Afro-Américains et environ un million d'Africains.

Les déportations d'esclaves du Brésil[modifier | modifier le code]

Le mouvement d'émigration africaine depuis le continent américain est également présent dans une moindre mesure et sous une autre forme au Brésil. Face à l'intensification des insurrections serviles dans les années 1830, le gouvernement de Bahia déporte en effet 148 esclaves dans le golfe de Guinée en mars 1835. Cette mesure a des conséquences directes sur plusieurs centaines d'Afro-brésiliens qui demandent volontairement dans les années suivantes leur retour sur les côtes africaines.
A suivre

Le côté obscur des objets de fitness connectés

Bracelets Fitbit


Vous n’avez plus besoin de vous tourner vers la science-fiction pour trouver des cyborgs. Nous en sommes tous, maintenant. Les téléphones mobiles, les capteurs d’activité, les stimulateurs cardiaques, les implants mammaires et même les patchs d’aspirines, tous sont comme des extensions biologiques, cognitives ou sociales de notre corps, et tendent à l’augmenter.
Certains ont même prédit que les humains tels que nous les connaissons aujourd’hui seront remplacés par des êtres techniquement améliorés, des cyborgs à l’image de dieux immortels. Ou au moins pour les gens riches.
La prochaine génération des technologies nomades et portables est conçue pour nous amener un pas plus loin dans cet avenir prédit. Nous sommes confrontés maintenant à des technologies bioniques internes au corps, riches en données, qui peuvent changer pour toujours ce que cela signifie d’être humain.

Position transhumanisme

La société Athos prévoit de lancer des vêtements sportifs qui mesurent l’activité musculaire, le rythme cardiaque et la respiration en temps réel. Son service marketing encourage les consommateurs à «  se mettre à niveau  » et devenir «  la version idéale  » d’eux-mêmes. Ce faisant, Athos révèle clairement sa position transhumaniste  : l’idée que la technologie emmènera notre espèce vers la prochaine étape de son évolution.
En coopération avec le fabricant de jeans Levi Strauss & Co, Google développe des vêtements qui interagissent avec vos appareils. Avec leurs surfaces tactiles, les vêtements seront en mesure de contrôler les gains de poids, comprendre vos gestes, passer des appels téléphoniques et plus.
Les capteurs de fitness et d’activité que nous connaissons pourraient bientôt être dépassés par les bracelets biométriques qui peuvent mesurer ce qui se passe à l’intérieur de votre corps. Les chercheurs de l’Echo Labs travaillent actuellement sur une bande biométrique qui peut mesurer votre oxygène, le dioxyde de carbone, le pH, l’hydratation et les niveaux de pression artérielle via des signaux optiques.
Plusieurs initiatives sont en cours pour créer des technologies implantables, qui pourraient essentiellement augmenter la biologie humaine. Des micropuces internes et des tatouages numériquespourraient remplacer les bracelets intelligents, les dispositifs de paiement et d’autres objets similaires dans les prochaines années.
Cependant, la question qui est souvent posée est la suivante  : « Comment pouvons-nous nous sentir avec de la technologie sur (ou dans) notre corps 7 jours sur 7, 24 h sur 24  ? »

Etude : 200 femmes et leur bracelet capteur

Nous avons récemment mené une étude avec 200 femmes qui portaient un capteur d’activité Fitbit. Elle a révélé que la plupart des utilisatrices ont adopté le dispositif comme s’il était une partie d’elles-mêmes et ont cessé de le traiter comme une technologie externe. Il était «  toujours allumé, toujours sur moi  ». 89% des participantes le portent presque constamment, ne l’enlèvent que pour recharger la batterie.
Nous avons également constaté que le Fitbit participait activement à la vie quotidienne. Il a eu un impact profond sur la prise de décision des femmes en termes de régime alimentaire, d’exercice et de la façon dont elles ont voyagé d’un endroit à un autre.
Presque toutes les participantes (91%) ont pris une route plus longue pour augmenter leur nombre de pas et la quantité d’exercice hebdomadaire réalisée (95%). La plupart (56 %) a augmenté leur vitesse de marche pour atteindre leurs objectifs Fitbit plus rapidement. Nous avons également vu un changement dans les habitudes alimentaires vers des aliments plus sains, des portions plus petites et moins de plats à emporter (76%).
La plupart des femmes de l’étude ont pensé qu’il était important de quantifier leurs activités quotidiennes (88%) et vérifier leur tableau de bord de progression plus de deux fois par jour (84%). L’objectif était de recevoir de gratifiants «  Hourra  » et des messages comme «  Championne  !  » quand un objectif a été atteint. Une personne a même dit  : « J’aime ma Fitbit Flex parce que c’est comme si l’on me donnait une tape amicale dans le dos tous les soirs.  »
Nous étions particulièrement intéressés de savoir comment les femmes jugeaient leur Fitbit. Pour beaucoup, il a été considéré comme un ami qui les aidait à atteindre leurs objectifs (68%). Atteindre les objectifs quotidiens a créé des sentiments de bonheur (99%), d’autosatisfaction (100 %), de fierté (98%) et de motivation (98%). Une bonne journée où le programme a été atteint les a fait aimer Fitbit encore plus (96%). La plupart (77%) d’entre elles seraient même rentrées à la maison pour aller chercher leur Fitbit si elles l’avaient quitté sans lui.

Sous pression

Mais, en analysant ces résultats, nous avons commencé à remarquer que la relation n’était peut-être pas aussi pure et sans problème que pensé à l’origine. L’idée que la technologie est à la fois libératrice et oppressive, d’abord articulée par le philosophe Lewis Mumford dans les années 1930, a commencé à émerger. 
Lorsque nous avons demandé aux femmes comment elles se sentaient sans leur Fitbit, beaucoup ont déclaré se sentir «  nues » (45%) et que les efforts qu’elles faisaient étaient en quelque sorte gaspillés (43%). Certaines se sentaient même moins motivées pour faire de l’exercice (22%).
Peut-être plus inquiétant, beaucoup se sont senties sous pression pour atteindre leurs objectifs quotidiens (79%) et ont ressenti que leurs routines quotidiennes étaient contrôlées par Fitbit (59%). Ajouté à cela le fait que près de 30% estimaient que Fitbit était un ennemi et les faisait se sentir coupables, et tout à coup, cette technologie ne nous semble pas si parfaite.

Des dispositifs de plus en plus directifs

Les technologies portables peuvent avoir un impact positif sur la façon dont nous menons nos vies, en nous donnant un aperçu de nous-mêmes et en nous permettant d’interagir avec notre environnement de façon nouvelle.
Cependant, il est également clair que lorsque nous invitons la technologie à investir notre corps, nous devons être prêts à partager avec elle les prises de décision quotidiennes. Comme ces dispositifs captent nos moindres mouvements, nous allons de plus en plus les entendre nous dire quoi faire et quelle est la meilleure façon de se comporter et de communiquer avec les autres.
Pour l’instant, nous croyons que les objets connectés peuvent être nos compagnons, mais les premiers signes d’une prise de contrôle par la technologie sont là. Cela questionne la durabilité de notre relation actuelle avec ces dispositifs.
Que nous le voulions ou non, nous sommes lentement, mais sûrement, en train de nous transformer en une nouvelle espèce humaine : Homo cyberneticus.
The Conversation
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.