lundi 21 novembre 2011

L'armée au pouvoir face à une nouvelle vague de contestation

Des heurts ont éclaté dans plusieurs villes du pays ces dernières heures, faisant notamment 13 morts au Caire. Les manifestants, menés par les islamistes, craignent que l'armée ne rendent pas le pouvoir après les élections.


Plusieurs mois après la chute de Moubarak, le nouveau gouvernement égyptien va-t-il, peut-il tomber à son tour ? Les violences entre la police et des manifestants réclamant la fin du pouvoir militaire se multiplient ces derniers jours. Ils ont fait 13 morts dimanche au Caire, portant à 15 le nombre de morts en deux jours d'affrontements, à une semaine du premier scrutin législatif depuis le départ d'Hosni Moubarak. Dans la nuit de dimanche à lundi, des milliers d'Egyptiens ont occupé la place Tahrir, au Caire, après avoir repoussé la police, tandis que de violents affrontements se poursuivaient dans les rues adjacentes au site emblématique, foyer de la révolte qui a chassé le président Moubarak en février.

Des contestataires ont lancé des pierres et des cocktails Molotov en direction des policiers, dont certains, positionnés sur le toit d'un immeuble à proximité du ministère de l'Intérieur, proche de la place Tahrir, répliquaient avec des tirs de fusils et de balles de caoutchouc. Les policiers ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes, alors que des manifestants leur renvoyaient en criant "Le peuple veut l'exécution du maréchal" Hussein Tantaoui, dirigeant de facto du pays. Des manifestants ont également défilé à el-Arich, dans le Sinaï et à Ismaïlia, sur le canal de Suez, à Alexandrie, à Suez ou à Qena.

L'armée s'est engagée à rendre le pouvoir

Ces affrontements rappelant les scènes de la révolte contre le régime au début de l'année ont débuté samedi au lendemain d'une manifestation place Tahrir de dizaines de milliers de personnes. Cette démonstration de force, menée par les islamistes, visait à réclamer le retrait d'une déclaration constitutionnelle présentée par le gouvernement, qui exemptait en particulier le budget de l'armée de tout contrôle parlementaire. L'armée s'est engagée à rendre le pouvoir aux civils après l'élection d'un nouveau président. La date de la présidentielle qui doit suivre les législatives n'est toutefois pas encore connue, ce qui suscite de nombreuses craintes de voir les militaires s'accrocher au pouvoir. Ces troubles ont relancé les craintes que les législatives, qui doivent débuter le 28 novembre et s'étaler sur plusieurs mois, ne soient émaillées de violences.

L'armée a dit "regretter" les événements actuels, appelant le gouvernement à rencontrer les forces politiques pour y mettre fin, tout en réaffirmant s'en tenir au calendrier électoral établi, dans un communiqué lu dans la soirée à la télévision publique. Auparavant, le général Mohsen al-Fangari avait assuré que les élections auraient lieu comme prévu: "Nous n'allons pas céder aux appels pour reporter le scrutin. Les forces armées et le ministère de l'Intérieur sont capables d'assurer la sécurité des bureaux de vote". Plusieurs personnalités politiques et des intellectuels, parmi lesquels l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei, ont réclamé un délai supplémentaire pour ces élections, dans le cadre d'une révision du calendrier politique. Ils proposent d'élire d'abord une assemblée constituante, puis un président et enfin un Parlement.

A l'étranger, le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a estimé que la loi et l'ordre devaient être assurés "dans le respect des droits de l'homme", alors que le ministre canadien de la Défense, Peter MacKay, a jugé ces affrontements "très troublants". Le ministère britannique des Affaires étrangères a "condamné la violence", tandis que Rome et Berlin ont exprimé leur "extrême préoccupation" face à cette situation et "invité toutes les parties à mettre un terme immédiatement aux actes de violences".


Par africatime.com

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