vendredi 2 décembre 2011

En Suisse alémanique, les réfugiés nord-africains sont pointés du doigt

Asile | Les réfugiés nord-africains sont pointés du doigt outre-Sarine. On leur reproche leurs attentes irréalistes, leurs délits, leur incivilité. Ce que conteste l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés qui parle de stigmatisation.


La Suisse prévoyait 15'000 nouvelles demandes d’asile cette année. Il y en aura plus de 20'000, un bon tiers de plus. La différence s’explique « pour l’essentiel par un afflux de jeunes hommes en provenance de Tunisie et d’Erythrée», selon l’Office fédéral des migrations (ODM).
L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (Osar) confirme l'augmentation du nombre de réfugiés tunisiens, mais relativise sa portée. Certes, 971 demandes déposées de janvier à fin octobre par des requérants tunisiens, soit cinq fois plus qu'en 2010 (358 demandes), mais seules 0,5% ont été acceptées. Autrement dit, 1221 requêtes ont été rejetées, explique Adrian Hauser, porte-parole de l'organisation.
Lorsqu'ils débarquent en Suisse, les jeunes nord-africains ont "de fausses attentes et trop d’illusions », confirme Joachim Gross.  «Les Tunisiens surtout. Ils sont bien formés, ont un métier et pensent qu’en peu de temps, ils trouveront un job et gagneront beaucoup d’argent», explique le chef de la communication de l’ODM.
Le cas de Zurich
La réalité est plus dure et la frustration inversement proportionnelle aux attentes. Les cas de vols, d’infractions, de vandalisme et de commerce illégal se multiplient.
A Zurich, la police fait état de 500 cas liés à des requérants nord-africains pour les six premiers mois de l’année. Elle avait traité 700 cas en tout et pour tout en 2010. Ses dirigeants ont fait les titres de la presse régionale mercredi en pronostiquant  «un doublement  jusqu’en fin d’année » de la criminalité liés aux requérants nord-africains.
Le cas n’est pas unique. A Berne, le canton avait déjà annoncé il y a une semaine vouloir renforcer, pour les mêmes raisons, la surveillance de ses centres d’hébergement.
Eviter l'amalgame et la stigmatisation
«Pour la plupart, les jeunes hommes d’Afrique du Nord ne respectent pas les règles», avait expliqué la responsable du service bernois des migrations dans un article de newsnet/tagesanzeiger.ch.  Selon elles, ils seraient même «particulièrement exigeants voire agressifs.» L’ODM a de même renforcé la sécurité à l’intérieur et aux alentours de ses cinq centres d’enregistrement.
Pour l'Osar, il faut absolument toutefois éviter à tout prix les amalgames et faire de quelques cas particuliers une généralité. « Il faut éviter de stigmatiser tout un peuple », tonne Adrian Hauser.  « Nous ne pouvons en tout cas pas confirmer une augmentation de la délinquance parmi les réfugiés, que ce soit en général et chez les requérants tunisiens », précise-t-il.
Joachim Gross ne pense non plus pas d'ailleurs que nous assistions à l’émergence d’un nouveau type de requérants. Il admet en revanche qu’une partie du problème peut venir de la sous-capacité d’accueil à laquelle la Suisse est actuellement confrontée.
Il manque 5000 à 7000 places
«Les cinq centres de la Confédération sont pleins», a confirmé récemment Pierre-Alain Ruffieux, directeur de la Division Centre d’enregistrement à l’ODM sur les ondes de la RSR. «Au niveau des centres fédéraux, il manque actuellement 2000 à 3000 places. Au niveau des cantons, le manque est estimé à «3000 à 4000 places».
«La situation est très difficile mais elle n’est pas insoluble», relève Joachim Gross. D’abord, bon nombre de requérants nord-africains « ne sont pas de vrais demandeurs d’asile, mais des réfugiés économiques», souligne-t-il. Ils arrivent par la Tunisie ou l’Italie et peuvent donc, en principe, être refoulés rapidement.
La question est où? Les accords Dublin sont une chose. Mais la Suisse est «toujours en discussion» avec les nouvelles autorités tunisiennes en vue d’un accord de réadmission.
Du provisoire qui peut durer
En attendant, la Confédération peut réaffecter provisoirement des locaux de l’armée pour une période de six mois. Après ce délai, toutefois, une procédure de réaffectation doit être faite en bonne et due forme, qui prouve que toutes les normes d’hygiène et de sécurité sont respectées.
Si la procédure ne passe pas la rampe, il revient aux cantons de reloger les requérants. Interrogé jeudi par newsnet/tagesabzeiger.ch, le nouveau conseiller national UDC Heinz Brand doute que la Confédération parvienne dans les faits à suivre cette procédure.
La pression migratoire est telle en ce moment que ces locaux provisoires ne pourront pas être libérés après 6 mois, estime-t-il. Celui qui s’est fait un nom  pendant 25 comme chef des migrations du canton des Grisons, pense toutefois que cette solution transitoire est bonne, à condition d’informer assez rapidement  les populations concernées et de procéder par paliers successifs.
Pour le Grison, la vraie solution est toutefois ailleurs, à savoir dans l’accélération des procédures de renvoi. Le délai moyen est actuellement de 1500 jours. Pour le réduire, pas  besoin selon lui de réviser la loi actuelle. Il suffirait d’appliquer plus strictement les règles déjà en vigueur.
Adrian Hauser ne manque non plus de mettre la Confédération devant ses responsabilités. Elle avait annoncé vouloir créer 2000 places supplémentaires, justement pour répondre à l'impact migratoire des événements en Afrique du Nord, sans toutefois parvenir à ses fins jusqu'à aujourd'hui", souligne le responsable de l'Osar.
«Vous n’avez rien fait pour nous»
Pourquoi certains requérants d’asile deviennent-ils criminels? Une équipe de Newsnet est allée à la rencontre de requérants du centre de Zollikon, dans le canton de Zurich, pour leur poser la question. Cette interview-vidéo de deux requérants à Zollikon a soulevé une vague de commentaires en Suisse alémanique.

Par Diasporaenligne.net

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