mercredi 26 octobre 2011

Commerce international : le Canada mise-t-il suffisamment sur l’Afrique ?

Serge TchahaSerge Tchaha - Le 14 octobre dernier, à l’hôtel Holiday Inn Sélect de Montréal, s’est déroulée la 6ème Tribune interactive, placée sous le thème « Programmes financiers, avantages fiscaux, et immigration sont-ils vraiment un soutien à la croissance économique? ». Cette activité était organisée par l’Association des Maisons de Commerce Extérieur du Québec (AMCEQ) et le Carrefour des Communautés du Québec en collaboration (CCQ) avec les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ)

L’évènement, qui rassemblait plus d’une centaine de personnes, a réuni un parterre de conférenciers de haut vol notamment Christian Martin, Président de l’AMCEQ; Duarte da Ponte Miranda, VP à la retraite, commerce international Banque Royale du Canada; Riccardo Magini, 1er VP, Services aux particuliers et immigrants investisseurs, Banque Laurentienne;  et Steve Gauthier, VP, Développement corporatif Centre financier international de Montréal.
Les nombreux débats soulevés lors des différents ateliers commandent de réfléchir à la place qu’accorde le Canada à l’Afrique dans sa volonté d’occuper une plus grande place dans les chaînes de valeur mondiales.
La stratégie commerciale mondiale du Canada…
Le Canada a adopté en 2009 une nouvelle stratégie commerciale mondiale. Celle-ci a été baptisée : « Saisir les avantages globaux – La stratégie commerciale mondiale pour assurer la croissance et la prospérité du Canada ».
Les principaux objectifs de cette stratégie sont les suivants :
  • Stimuler la participation des entreprises canadiennes aux chaînes de valeur mondiales;
  • Obtenir des conditions d’accès concurrentielles aux marchés et aux réseaux mondiaux pour les entreprises canadiennes;
  • Accroître l’investissement étranger direct au Canada et l’investissement direct du Canada à l’étranger;
  • Tisser des liens plus étroits entre les milieux scientifiques et technologiques du Canada et les réseaux d’innovation internationaux.
Il y a, par ailleurs, deux chiffres-clés qui montrent combien le Canada est un joueur majeur du commerce international. Les exportations des marchandises et services canadiens se sont élevés à 557.9 milliards $ en 2008 et les importations s’établissaient à 533.3 milliards $. Afin de mesurer l’impact de ce chiffre, il faut se souvenir que selon McKinsey, en 2008, l’Afrique a généré un PIB de 1 600 milliards $.
… fait-elle suffisamment de place à l’Afrique?
Le même document nous explique que ce pays identifie comme prioritaires les 13 marchés suivants :
  • Americas : Brésil, Amérique latine et Caraïbes, Mexique et États-Unis;

  • Asie Pacifique : Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), Australie et Nouvelle-Zélande, Chine, Inde, Japon et Corée;

  • Europe et le Moyen-Orient : Europe, Russie et Conseil de coopération du Golfe (CCG).
L’on constate ainsi à première vue que le continent noir n’est pas tout à fait au cœur des priorités, pour le moment, du Canada.

Oui mais…
Mais la vérité des faits est plus nuancée. En effet, le 11 octobre dernier, le Canada a engagé la première ronde de négociations avec le Maroc dans la perspective d’établir avec celui-ci un Accord de Libre Échange. Ce serait une première entre le Canada et un pays africain.
En plus, le Canada négocie présentement avec plusieurs pays africains des accords sur la promotion et la protection des investissements étrangers. Il s’agit du Ghana, du Mali, de la Tanzanie et de la Tunisie. Le Gouvernement canadien précise par ailleurs qu’il a récemment conclu une entente avec Madagascar.
Par ailleurs, Canada et Afrique sont souvent évoqués quand l’on parle des mines. Et cela, à juste titre. En effet, l’Afrique est un coffre-fort planétaire de matières premières et le pays à la feuille d’érable a une expertise dans le domaine des mines qualifiée de world class.
… Cependant, il peut en faire plus Ce pays regorge d’autres atouts qui susciteraient le plus vif intérêt des Africains. Deux exemples fort illustratifs : hydroélectricité et foresterie.
Le Canada, bordé par 3 océans et comptant l’une des premières réserves d’eau douce du monde, maîtrise superbement la production d’électricité par l’eau. Il est clair que des affaires avec des pays comme la RDC serait possible.
Monsieur AL WARD, Président du CA de FPInnovations, dans le magazine Opérations forestières et de scieries, écrit ceci : « l’industrie forestière canadienne demeure un acteur de premier plan dans l’économie canadienne. Elle compte à elle seule pour 12% du produit domestique brut manufacturier et emploie plus de 235 000 personnes dans près de 200 communautés d’un bout à l’autre du pays. ». Les pays de la COMIFAC ne pourraient-ils pas bénéficier de ce savoir-faire? Et les Canadiens n’y voient-ils pas des parts de marché potentiels? Alors que l’on sait par exemple qu’un pays comme le Cameroun désire passer vers les 2ème et 3ème transformations de son bois?
Finalement, du haut de son bilinguisme qui lui ouvre la porte à des dizaines de marchés africains, fort de son image dans le monde et en Afrique – absence de passé colonial notamment – riche de vieilles relations avec l’Afrique, le Canada peut et doit en faire plus en Afrique s’il ne veut pas se faire marginaliser par les BRICs. Car ces derniers y vont à tout va. Il faudrait déjà, peut-être un Forum Canada-Afrique et assurément moins de fermetures d’ambassades canadiennes sur les terres de MTN et Dangote.
Serge TCHAHA

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