Officiellement, lorsque plus de 10 % de la part la plus instruite de la population émigre il y a une fuite de cerveaux.
Le taux d’émigration des Marocains ayant fait des études supérieures
en 2000 était de 17 %, de 13 % pour les Tunisiens et de 9 % pour les
Algériens. L’exode des professionnels hautement qualifiés génère non
seulement des rendements de l’éducation négatifs car les investissements
consacrés à l’éducation, financés par le pays d’origine, profitent au
pays de destination, mais aussi un stock réduit de main-d’oeuvre
qualifiée disponible pour les entreprises, affectant ainsi les
possibilités pour les pays d’attirer l’investissement direct étranger et
de promouvoir des branches d’activité exigeant un haut niveau de
connaissances.
Toutefois, les gouvernements et les autres parties prenantes doivent
veiller à ce que les migrants ne perdent pas leurs liens avec leur pays
d’origine après avoir émigré, car la probabilité du retour ainsi que la
probabilité d’expédier de l’argent au pays diminuent à mesure que le
migrant prolonge son séjour dans son pays de destination. Près de 62 %
des migrants venus d’Algérie, 53 % de ceux venus de Tunisie et 39 % de
ceux venus du Maroc sont restés dans leur pays de destination pendant
plus de 20 ans. Ainsi, s’il est possible d’accroître le rôle des
migrants dans la lutte contre le chômage des jeunes dans le pays
d’origine, les gouvernements doivent se montrer plus volontaristes dans
la gestion du processus.D’autres formes de migration affectent également
les performances en matière d’emploi des jeunes. L’arrivéeou le transit
des migrants peuvent accroître les pressionssur les marchés de
l’emploi, en fonction de la durée duséjour et des intentions des
immigrants.
Le récent afflux de réfugiés vers la Tunisie doit être examiné sous
cet angle.La migration interne – le mouvement dans un même pays, par
exemple, des zones rurales vers les zones urbaines, peut entraîner la
concentration des jeunes sans emploi, aggravant les tensions sociales à
travers, par exemple, le surpeuplement des zones urbaines ou la
non-satisfaction des besoins en matière de logement.En résumé, le
chômage des jeunes en Afrique du Nord est largement répandu et ses
causes sont multiples, complexes et imbriquées
. Face à la croissance rapide de la population jeune, les
gouvernements éprouvent des difficultés à leur procurer une éducation et
des emplois, particulièrement dans un contexte de transition vers des
économies basées sur le marché qui coïncide incidemment avec l’émergence
de la poussée démographique des jeunes. Ni les systèmes éducatifs, ni
les environnements de l’emploi dans la région ne se sont pleinement
adaptés aux besoins d’une économie internationale concurrentielle, une
situation qui doit changer rapidement si les pays de l’Afrique du Nord
entendent capitaliser sur la marge de possibilités que leur offre la
poussée démographique des jeunes.La crise économique mondiale a entraîné
une augmentation du chômage des jeunes et de la pauvreté qui a eu pour
effet de créer l’instabilité politique et sociale dans la région,
ébranlant ainsi la confiance des investisseurs et mettant en péril la
capacité de création d’emplois. L’instabilité politique récente a
malheureusement fait rendu la question du chômage des jeunes encore plus
critique, mais aussi plus problématique. Comme dans les cas de l’Egypte
et la Tunisie suggèrent, le tourisme et les flux d’IED ont
considérablement diminué en raison de la prudence des investisseurs et
des visiteurs potentiels
. Les gouvernements d’Afrique du Nord ont besoin de compenser cette
perte supplémentaire avant que le problème du chômage des jeunes puisse
être considérablement amélioré.Cependant, il existe des possibilités qui
méritent d’être explorées afin de faire face à cet important défi
régional. Les recommandations ci-dessous sont peuvent être utilisés
comme feuille de route pour la lutte contre le chômage des jeunes dans
le court et le moyen terme.
Réformer le système éducatifLes programmes d’études des écoles et
universités doivent être réformés pour fournir les compétences qui sont
prisées sur le marché de l’emploi. Aux niveaux de l’enseignement
primaire et secondaire, les élèves doivent être instruits aux
compétences de base de haut niveau et aux compétences non techniques.
Les compétences non techniques requièrent que l’on mette l’accent sur la
résolution des problèmes et le travail de groupe créatif. Les
programmes d’échanges d’enseignants et de migration circulaire peuvent
permettre que les réformes soient menées de façon relativement peu
coûteuse et efficace. Au niveau universitaire, il convient de mettre
davantage l’accent sur la formation technique et les qualifications
professionnelles. Une solution possible serait d’impliquer les
entreprises du secteur privé dans la conception des programmes d’études
et de classer les projets et les activités.
Les programmes de bourses d’études financés et d’autres programmes
encourageant les étudiants de l’université à s’engager dans les filières
scientifiques et techniques pourraient également s’avérer utiles, mais
doivent être liés à des réformes sur les liens entre l’enseignement
général et la spécialisation par matière. Le jumelage entre les
universités et d’autres types d’échanges de savoir peuvent permettent de
promouvoir des normes internationalement compétitives.Des directives
officielles et des moyens d’évaluation de la qualité doivent être mis en
place pour assurer que les programmes répondent à des normes de base
convenues et sont appliquées de manière uniforme.
Les disparités entre les zones rurales et les zones urbaines en
matière d’éducation doivent être comblées. Les gouvernements ont
également besoin de trouver des moyens de réduire les taux d’abandon
scolaire parmi les élèves du primaire et du secondaire. Les programmes
de transfert conditionnel de fonds, qui ont été appliqués avec succès
dans d’autres pays en développement, sont une solution possibleLes
systèmes éducatifs du Maghreb doivent être mieux alignés sur les normes
internationales. Pour tirer au mieux parti des possibilités d’emploi à
l’étranger, les demandeurs d’emploi doivent être capables de signaler
leurs qualifications aux employeurs potentiels à l’étranger.13/6/2012
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