jeudi 1 décembre 2011

Migration illégale : Le trafic Transnational

Babacar Guèye Juriste spécialiste en Migrations Internationales
Les mouvements migratoires remontent très loin dans le temps. A l’origine, la migration était liée à la recherche de terre et autres conforts ou de pâturage. De nos jours, le phénomène migratoire à pris une autre dimension. c'est-à-dire à la recherche des meilleures conditions de vie et d’existence.

Au niveau sous régional, les flux migratoires sont dirigés essentiellement vers les pays limitrophes (Mali, Guinée, Côte-d’Ivoire, Mauritanie. Le Gabon et le Cameroun en dehors de l’espace CEDEAO).
Au niveau international, la France, l’Italie, Espagne, Portugal, Grèce, les Etats-Unis constituent les destinations privilégiées aux flux migratoires. L’Asie notamment, les pays du moyens Orients deviennent de plus en plus prisés par les candidats à l’immigration. Par ailleurs, les Migrations Internationales se développent et alimentent d’importants réseaux de trafic de personnes et de documents de voyage et d’identité. Ce trafic existe sous forme de trafic de faux visas ou de passagers clandestins.
Confrontée au chômage, au sous emploi, à la pauvreté et au désoeuvrement, la jeunesse africaine n’aspire qu’à l’émigration et à l’aventure vers des cieux plus cléments pour y chercher un bien être afin de subvenir à leur besoin, et ceux de leur famille. C’est ainsi que sont constitués de vastes réseaux nationaux et internationaux de trafic de visas et d’organisations de l’émigration clandestine.
Ces réseaux fonctionnent à partir des circuits établis à Dakar ou il existe des personnes, qui ont des correspondants dans les pays ou le contrôle aux frontières est moins rigoureux pour y faire transiter les migrants clandestins. Les trafiquants établissent des visas sur la base de faux documents d’identité. Le contrôle de l’aéroport étant très rigoureux, les trafiquants disposent des relais dans les pays ou le contrôle aux frontières sont plus souple. C’est ainsi que le trafic clandestin de migrants à partir de Dakar s’effectue sur les axes suivants :
  • Dakar – Casablanca, Tanger (Maroc)
  • Dakar – Banjul (Gambie)
  • Dakar – Bamako (Mali)
Au niveau des pays de transit, les émigrants clandestins trouvent déjà sur place des personnes relais, pour les accueillir et effectuer pour eux toutes les formalités administratives nécessaires pour arriver à destination.
En absence de dispositions pénales spécifiques réprimant le trafic des visas ou le trafic clandestin de migrants, le juge retient dans les liens de la prévention le trafiquant sur la base de l’abus de confiance ou bien l’escroquerie. Il analyse la situation sur la base des accords entre le trafiquant et sa victime. Soit, c’est volontairement, sur la base d’un contrat de mandataire que le trafiquant s’engage à trouver un visa pour la victime, soit c’est sur la base d’une mise en scène, avec l’emploi de manœuvres frauduleuses, que le trafiquant parvient à tromper la vigilance de sa victime.
Cependant, au Sénégal, il était difficile de parler du trafic transnational des personnes sous forme de réseau organisé, ce qui n’est plus le cas voir : (Article paru dans diasporaenligne.net du 03 novembre 2010) car il y’a eu plainte, et d’affaires judiciaires concernant le trafic sous forme de filières organisées avec des ramifications au niveau international.
De plus, il n’existe à ma connaissance pas de données et d’études quantitatives et qualitatives permettant d’évaluer l’ampleur du phénomène. Cependant, il y’a eu toujours soupçons et plusieurs signes qui font penser que le trafic transnational existe bel et bien au Sénégal. Toutefois, il se pratique de façon subtil et insidieuse donc difficile à détecter. Par ailleurs, il existe des signes qui font croire, que le Sénégal constitue un pays ou transitent les réseaux de trafic de femmes et d’enfants, à des fins d’exploitation sexuelle qui ont leur origine au niveau de certains de la sous région ouest africaine en particulier le Nigéria et le Ghana.
Des investigations menées par les services en charges des frontières montrent que le Sénégal est un pays d’origine de trafic transnational de femmes et d’enfants. Ce trafic est organisé par des Sénégalais et des ressortissants des pays d’Europe occidentale, qui ne sont pas soumis aux conditions de visas d’entrée au Sénégal. Il est pratiqué sous forme de contrats de mariage bidon entre des sénégalaises et des ressortissants des pays cités ci-dessus. Coupées de leur communauté d’origine et de leur famille. Ces femmes et ces jeunes filles sont mises sur le marché de la prostitution. Dans sa livraison du 22 octobre 2002, le journal Sud Quotidien révélé déjà l’existence d’une filière libanaise qui était contrôlé à partir de Dakar par un réseau constitué de libano-syriens, de sénégalais et de français.
Il en était de même d’une affaire semblable au cours 2002. Il s’agissait d’une centaine de jeunes mannequins qui étaient arrêtées à l’aéroport, qui devaient s’embarquer pour la libye. Ce sont là autant de faits, qui font apparaître que le Sénégal est un véritable pays de trafic transnational de personne.
C’est partant de ces constats que la lutte contre la traite des personnes, et le trafic illicite des migrants devra s’inscrire dans une stratégie globale de lutte contre la criminalité transnationale, et la protection des droits humains.

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